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Les plans climat coûteraient cher au secteur pétrolier

8 mai 2014, 12:24

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Les plans climat coûteraient cher au secteur pétrolier

Jusqu'à 1.100 milliards de dollars (790 milliards d'euros) pourraient être investis à perte dans le secteur pétrolier d'ici 2025 si les gouvernements font le nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique, dit un rapport publié jeudi.

 

Le rapport de la Carbon Tracker Initiative, financée par de nombreuses fondations américaines et européennes, pourrait aider les investisseurs à ne pas se lancer dans des projets qui ne verront pas le jour au final.

 

Les 1.100 milliards de dollars évoqués, équivalents à 15% des investissements prévus dans les dix prochaines années, sont destinés à des projets qui seront rentables seulement au-delà d'un prix de 95 dollars le baril.

 

Or ces investissements présenteront un risque accru si les gouvernements prennent des mesures pour limiter le réchauffement climatique à 2°C, cap donné par les scientifiques pour éviter des bouleversements spectaculaires et dangereux.

 

Près de 200 pays ont adopté cet objectif mais ont encore fait trop peu pour y parvenir, et doivent s'engager lors de la conférence climat de 2015 sur une réduction des gaz à effet de serre afin d'atteindre leur but.

 

Un tel engagement entraînera une baisse de la demande en énergies fossiles, dont le pétrole, et fera diminuer les prix et les chiffre d'affaires du secteur, dit le rapport.

 

"Parier sur un prix de 95 dollars le baril pour le compte des actionnaires est risqué, dans la mesure où les prix sont déjà descendus deux fois jusqu'à 40 dollars le baril au cours de la dernière décennie", dit James Leaton, directeur de recherche de Carbon Tracker, dans un communiqué.

 

Déjà sous pression

 

L'Agence internationale de l'énergie estimait l'an dernier que même en l'état actuel des politiques environnementales, la moitié des réserves connues d'énergies fossiles ne serait pas exploitées d'ici 2050. Si les gouvernements durcissent leurs politiques, le pourcentage augmentera, soulignait l'AIE.

 

L'industrie pétrolière est déjà confrontée à une pression croissante des investisseurs qui réclament une réduction de leur exposition aux projets risqués et coûteux, et qui demandent en outre une évaluation des risques liés aux plans climat à venir.

 

"Le rapport Carbon Tracker sera utile aux investisseurs qui veulent savoir si les compagnies pétrolières font un usage prudent des capitaux dans une période de transition vers une avenir plus sobre en carbone", estime Anne Stausboll, directrice générale de Calbers, le plus important fonds de pension public américain.

 

Alors que le Brent de la mer du Nord s'échange autour de 107 dollars le baril ces jours-ci, et se maintient au-dessus de 100 dollars depuis trois ans quasiment sans discontinuer, les groupes pétroliers ont intensifié l'exploration de l'Arctique ou d'eaux côtières des plus profondes.

 

Le secteur privé est le principal financeur de ces projets et, si des petits producteurs y sont particulièrement exposés, une part non négligeable du portefeuille des géants Exxon Mobil, Royal Dutch Shell ou Total est également à risque, selon Carbon Tracker.

 

Beaucoup d'entreprises disent tenir compte des politiques environnementales en développant l'efficacité énergétique et les technologies peu émettrice de carbone ou de capture et stockage des gaz à effet de serre.

 

Exxon, premier groupe pétrolier au monde, assure de son côté que ses réserves sont peu exposées aux risques parce qu'elles seront nécessaires pour satisfaire une demande de matières premières qui va croissant.