Les actionnaires d’Air Austral sont convoqués le 2 décembre prochain à une assemblée générale extraordinaire. À l’ordre du jour, un projet d’augmentation de capital de 20 millions d’euros, et l’émission d’un emprunt obligataire pour un montant plafond maximum de 20 millions d’euros.

Le 30 septembre dernier, l’assemblée générale des actionnaires d’Air Austral officialisait une perte de 1,8 million d’euros pour l’exercice 2010 - 2011 pour un chiffre d’affaires de 370 millions d’euros en progression de plus de 9% par rapport à l’exercice précédent (335,2 millions d’euros). Déjà engagée dans la constitution d’un tour de table pour l’acquisition de deux Airbus A380, la compagnie réunionnaise doit parallèlement limiter son taux d’endettement et ses besoins financiers. Une exigence imposée par les banques.

Dès le 30 septembre, dans le cadre d’une assemblée générale extraordinaire convoquée à l’issue de la première, les actionnaires apportaient une première réponse en incorporant au capital social de l’entreprise 9 603 450 euros de réserves faisant passer celui-ci de 19 206 900 euros à 28 810 350 euros. Une opération “blanche” qui n’a pas augmenté les capitaux propres et n’a donc influé en rien sur le taux d’endettement de la compagnie. Retour à la case départ. Comme le préconisait le 30 septembre le directoire présidé par Gérard Ethève (PHOTO), pour rassurer les établissements financiers il faudra en passer par une augmentation du capital social. En clair, les actionnaires sont invités à mettre la main à la poche même si cela ne suffira pas.

Une partie difficile pour Gérard Ethève

Actuellement, la Sematra (dans laquelle on retrouve la Région pour 50% et le Département pour 30%), détient 46,5 % des actions d’Air Austral. Le reste se répartit entre plus d’une trentaine d’actionnaires. Tous sont convoqués le 2 décembre prochain pour une assemblée générale extraordinaire. Dans la lettre qui accompagne la convocation, Gérard Ethève, président du directoire et directeur général d’Air Austral, sonne le tocsin. “Le renforcement des fonds propres est maintenant devenu une nécessité et a pris un caractère d’urgence, écrit-il.

“Une nécessité car des investissements importants ont été réalisés pour rationaliser la flotte et la moderniser avec pour but la poursuite du développement de nos activités par l’ouverture de nouvelles lignes. Un caractère d’urgence car les conditions d’exploitation se sont brutalement dégradées avec la flambée du prix du carburant et la volatilité de l’euro avec pour conséquence une forte diminution de la trésorerie. Pour rappel, l’entreprise a pris la décision d’autofinancer sur sa trésorerie 23% des deux Boeing 737 800 acquis en décembre 2010 et 27% des deux B.777 200 LR soit une somme de 75 millions d’euros. Cette stratégie d’autofinancement a permis à la compagnie de négocier le prix de commande des avions auprès de Boeing et lui permet d’avoir des échéances de loyer inférieures à celles du marché.”

Gérard Ethève sait qu’il joue une partie difficile. Certains des actionnaires privés d’Air Austral ne sont pas dans une santé financière florissante. La Sematra s’est déjà engagée à hauteur de 25% dans le tour de table pour l’A380. “La participation de l’ensemble des actionnaires à hauteur de leur droit préférentiel de souscription au projet d’augmentation de capital en numéraire pour un montant de 20 millions d’euros de nominal permettrait de conserver la structure actuelle de l’actionnariat”, plaide le président du directoire et directeur général de la compagnie. L’émission d’un emprunt obligataire à hauteur de 20 millions d’euros comporte lui le risque de voir entrer dans le capital d’Air Austral de nouveaux actionnaires si l’investisseur décide à terme de convertir ses obligations en actions.

Source : Alain Dupuis, Le Journal de l’île de la Réunion.