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La Réunion cherche à redécoller en matière d’énergies propres.

6 novembre 2011, 20:00

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Le rêve de faire de La Réunion une île totalement verte n’est pas mort. La crise, les coupes sombres dans les aides étatiques et les revirements politiques ont plombé ou retardé les projets. Loin de l’euphorie, La Réunion cherche aujourd’hui un deuxième souffle.

La Réunion visait la pole position dans les énergies renouvelables. Elle espérait même devenir un modèle dans un monde sans pétrole. L’île verte devait jouir d’une autonomie énergétique en 2025 ou 2030. Nicolas Sarkozy en parlait même comme d’une tête de pont dans une course mondiale début 2010, à Pierrefonds. Il avait trois ans auparavant apposé le sceau présidentiel sur le projet Gerri (Grenelle de l’environnement à la Réunion).

Depuis le vent a tourné. Pas de quoi donner du punch aux éoliennes pour autant. À sec, l’État a fermé les vannes des aides au secteur photovoltaïque mi-2010. Après des années d’euphorie et de certains abus, c’est la douche froide. Le solaire, secteur le plus en pointe, se trouve aujourd’hui sinistré. La crise n’a épargné personne. Le bouclage des financements s’est compliqué pour les autres énergies. Le changement de majorité au conseil régional a créé une zone de flou et a entraîné certains changements de stratégie.

Le foisonnement des années 2007-2009 a fait place au calme plat. La panne est générale. Aujourd’hui, La Réunion cherche un deuxième souffle pour construire sa croissance verte. La nouvelle équipe régionale a gardé l’essentiel des objectifs fixés par la précédente : la moitié de l’électricité réunionnaise injectée dans le réseau en 2020 issue des énergies renouvelables et une autonomie énergétique totale en 2030. Alin Guezello, conseiller régional en charge de ce volet stratégique, maintient ce cap : “Les ambitions restent celles-là. C’est jouable”.

“On redécolle”
La collectivité, qui met 8 millions d’euros par an dans les énergies propres, “ne peut pas faire l’économie de cet investissement. La Réunion doit rester un laboratoire en la matière, le potentiel est énorme”. Il y a pourtant eu quelques ajustements et rien de bien décisif pour l’heure. Aux grands projets, certes parfois pharaoniques comme la couverture en panneaux solaires de la route des Tamarins, a succédé la mesure, signe d’une période de vaches maigres et d’ambitions revues à la baisse.

 La bonne nouvelle, saluée par les entrepreneurs, c’est le passage en phase active du GIP Gerri. Après des années d’atermoiements, la structure, placée sous la houlette de Guy Dupont en mai dernier, est enfin dotée de moyens financiers et d’une feuille de route précise. Le président de Gerri affiche son optimisme : “On redécolle avec une vision pragmatique des choses. Nous devons faire sortir les projets dans les tuyaux avant d’en lancer de nouveaux dans les deux ans à venir”. Lui aussi estime que “le laboratoire réunionnais existe encore”. Idem pour Philippe Beutin, directeur de l’antenne réunionnaise de l’Ademe. Il note : “Les énergies renouvelables ne se limitent pas au photovoltaïque. Certains projets de recherche et développement ne se bâtissent pas en un claquement de doigt”.

Baisse de régime des énergies propres

EDF, gestionnaire du réseau électrique, maintient son credo en la matière. “Les énergies renouvelables sont très dépendantes des aléas climatiques. Nous sommes donc pour la mise en place d’un panel le plus varié possible d’énergies renouvelables, si possible garanties d’ailleurs, afin de pallier les faiblesses des unes par les autres”, souligne Jean-Louis Barbet, responsable du réseau. Pour appuyer ses propos, il évoque la chute du rendement de l’hydraulique en 2011. “C’est le pire rendement depuis 1985 ! À cause de la sécheresse, nous avons perdu 30 % de la production hydraulique. Nous avons donc dû faire tourner à plein régime la centrale du port et les turbines à combustion”.

Du coup, la part des énergies renouvelables dans la production annuelle va chuter pour atteindre “30 %, voire moins” contre 37 % en 2009 et 2010. Le chemin qui conduit à l’autonomie énergétique est encore long. Le futur mix électrique n’est d’ailleurs pas encore calé. Il est actuellement en cours de discussion entre les différents partenaires dans le cadre du schéma régional air, climat énergies. Ce dernier devra trouver la bonne alchimie entre les différentes sources (coût et potentiel) et les stratégies de chacun. Les conclusions doivent être livrées “en fin d’année ou début 2012”, affirme la Région.

Source : Bruno Graignic, Le Journal de l’île de la Réunion.

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