Pour la première fois, le président de la HAT rencontrera une grande puissance. Il veut marquer le processus de retour à la normale des relations diplomatiques. Une ?nouvelle offensive?d’Andry Rajoelina? pour mieux asseoir la transition qu’il dirige.

Il devrait rencontrer le président français, Nicolas Sarkozy, au palais présidentiel, à l’Élysée, le mercredi 7?décembre?à?17?heures, heure de Paris. L’«?entretien?» est annoncé par le site de la présidence française dans l’agenda?du?chef?d’État français. Du côté malgache, c’est encore?le?silence?radio. Aucune information officielle n’a filtré sur le déplacement?présidentiel. D’autres sources censées être au courant du dossier indiquent seulement un départ de la délégation,?mardi,?à?une heure du matin pour une arrivée?à?Paris,?mercredi, vers 10 heures, heure française.

Symbole fort

L’on ?ne?connaît?pas?non plus les détails du programme?d’Andry Rajoelina, à part la rencontre avec le président?français.?Une source diplomatique indique qu’il s’agit plutôt d’une «?visite de travail?» pendant laquelle le président de la transition pourrait?avoir?un?autre entretien?avec?Henri?de Raincourt, ministre français chargé de la Coopération. Des indiscrétions affirment que le déplacement pourrait durer deux jours, prévoyant un retour dans la Grande île le 9 décembre.

Le ?déplacement?d’Andry?Rajoelina?devrait s’inscrire dans la volonté d’une réhabilitation diplomatique rapide?auprès?de?la communauté?internationale, après une mise au ban des dirigeants de la Grande île ces trois dernières années. Le président de la transition l’a?toujours?montré?au cours de ses?voyages?à?l’étranger, comme c’était le cas lors de sa participation à la dernière assemblée générale des Nations unies en septembre.

Lydie Boka, directrice de StrategiCo, société privée spécialisée dans l’analyse des risques politiques et?dans?l’analyse?économique financière,?basée?à?Lille, pense que la rencontre avec Nicolas Sarkozy est «?un symbole fort []]qui] affiche le soutien de la France []]et] vaut reconnaissance?officielle.?» Elle «?devrait permettre d''''accélérer la normalisation, bien border le processus, «?caler?» des dates et rendre les choses plus précises?», soutient-elle.

Trois questions abordées

La?directrice?de StrategiCo évoque trois questions qui pourraient être soulevées au cours de la rencontre présidentielle. Il s’agit «?des élections qui permettront le retour?de?l’aide?internationale?», les «?contrats français?» et le «?recadrage de l’amiral?Ratsiraka?».?«?La France ayant soutenu?«?à?bout?de?bras?» Rajoelina?contre?vents?et marées, aurait naturellement à cœur la préservation de ses intérêts économiques, d''autant plus que la Chine arrive à grands pas, notamment dans le secteur pétrolier. Total est présent à Bemolanga?», analyse-t-elle. Et ce, malgré le discours officiel rejetant le motif économique comme étant le moteur?des?relations franco-malgaches.

StrategiCo se montre «?optimiste quant à une sortie de crise d''ici la mi-2012?», selon Lydie Boka. Elle a baissé sa note du risque à 10/14 (contre 10,6 en septembre), car «?Madagascar est désormais dans la catégorie «?risque gérable?».?»
La donne connaît une évolution après la signature de la Feuille de route, suivie de la mise en place du gouvernement et du Parlement auprès des relations du régime de transition avec la communauté internationale.

L’on ne sait si, dans son programme, Andry Rajoelina prévoit une rencontre avec des dirigeants de l’Union européenne lors de sa sortie. Il avait déjà effectué une tentative en septembre, sans réussite.

Mais en principe, le conseil des ministres de l''Union européenne devrait prochainement se pencher sur le cas de Madagascar, afin d’examiner la levée des sanctions selon l’article 96 de l’Accord de Cotonou, définissant le partenariat entre elle et les pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique. Selon un diplomate, la France s’emploierait en même temps à déclencher la procédure y afférente.

(Photo : La remise des lettres de créance de l’ambassadeur suisse, Eric Mayoraz, à Rajoelina, le 2 décembre.)

(Iloniaina Alain, L’Express de Madagascar.)