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Mayotte : le mouvement social contre la vie chère s''éternise
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Mayotte : le mouvement social contre la vie chère s''éternise
Après quatre semaines de grève générale au motif de la vie chère, le conflit ne trouve pas d’issue. L’arrivée d’un médiateur, lundi, pour trouver une solution au blocage n’a pas changé la donne. Le mouvement continue.
Boulangeries, supermarchés et autres magasins ouverts. Lundi, le centre-ville de Mamoudzou semblait avoir repris un semblant de vie. A Kawéni, la zone où se regroupe l’essentiel des activités économiques, on retrouvait même les éternels bouchons, indices d’une intense circulation. Signe de la fin de la grève ? Pas si sûr. « Si les choses sont calmes en ce moment, c’est que la religion nous impose de rester tranquilles tant que notre ami ( un manifestant  mort lors d’une intervention de la police, la semaine dernière, Ndlr)n’est pas enterré, explique Abdourahmane, habitant de Mtsapéré. Si rien n’avance cette semaine, ça va dégénérer ».
« L’Etat pense qu’on va se fatiguer. Mais on continue à nous prendre pour des cons. Si on arrête maintenant, on aura tout perdu », assure Moussa, au milieu d’une foule qui se rassemble quotidiennement sur la place de la République, en centre-ville de Mamoudzou.
Walk-out des syndicats
 L’intersyndicale à l’origine de la contestation a bien obtenu une réduction d’environ 10 % sur huit produits de première nécessité (un symbole), mais elle exige d’avantage des grands distributeurs. Devant le blocage des négociations autour des prix de la viande, les syndicats ont donc demandé la nomination d’un médiateur pour entamer de nouvelles négociations. Stanislas Martin, chef de la direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, est arrivé lundi dans l’île pour rencontrer les parties prenantes et tenter de trouver une solution à la crise.
Mais à peine la première réunion entamée, les syndicats ont quitté les lieux précipitamment. « Je ne fais pas quatre semaines de grève pour me retrouver dans une assemblée de notables », proteste Boinali Saïd, leader CFDT, à la sortie de la réunion.
« Nous sommes dans un conflit, on veut négocier immédiatement », ajoute son collègue CGT Salim Nahouda. Or, le médiateur a prévu une série de rencontres sur la semaine pour établir « un diagnostic ».
Le dialogue de sourd continue
« Une fois que nous serons d’accord sur le problème, nous pourrons trouver une solution. Le diagnostic servira de base à la reprise des négociations : il faudra alors se mettre d’accord sur une solution. Je ne vais pas résoudre le conflit d’un coup de baguette magique », explique Stanislas Martin. « On nous mène en bateau, le médiateur fait la même chose que la ministre il y a dix jours, ça n’avance à rien. L’Etat joue avec nos nerfs. On a eu un mort, un enfant qui a perdu son œil. Que veulent-ils de plus ? », interroge Abdourahmane. Il fait partie d’un groupe de 200 manifestants partis de la place de la République jusqu’au lieu de la réunion venus faire pression sur le médiateur. « Aujourd’hui, on en a marre, ça fait un mois que ça dure et on ne voit toujours rien venir. Les Mahorais veulent que les choses changent », confie Moussa.
« Il faut une réponse en urgence, pas des réunions de concertation. On veut un accord sur le prix de la viande, rien d’autre », enrage Saïd, gréviste de la première heure. Pas de résolution du conflit en vue, donc. Et ce, malgré les conséquences économiques désastreuses d’une grève aussi longue pour une économie aussi fragile que celle de Mayotte. Il devient maintenant urgent de trouver une issue au conflit. « Quatre semaines de conflit pour faire baisser la viande de 3 euros, c’est déjà trop. Il faut se battre pour réformer le système des prix à Mayotte. La violence et la précipitation ne mènent à rien.
Nous devons rester calmes pour réfléchir à une solution », analyse Yaya, du côté de la place de la République. Les syndicalistes boudeurs ont finalement de nouveau rendez-vous avec le médiateur ce mardi. A la clé : l’espoir d’entrevoir la fin du conflit.
(Photo : Lundi, la foule s’est rassemblée comme quotidiennement sur la place de la République, en centre-ville de Mamoudzou).
(Source : Le Journal de l’île de la Réunion)
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