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Début des examens du NCE

Académies vs Extended Programme : Stress, chiffres et pression

25 septembre 2024, 08:30

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Académies vs Extended Programme : Stress, chiffres et pression

Les examens du NCE démarrent aujourd'hui pour les élèves de Grade 9.

Certains ont peut-être eu du mal à s’endormir hier… Pour environ 14 500 élèves de Grade 9, les épreuves du National School Certificate (NCE), démarrent aujourd’hui, avec le français et les social modern studies. Des examens qui marquent la fin du Nine Year Continuous Basic Education et offrent à certains la possibilité d’intégrer une académie pour le School Certificate (SC) et le Higher School Certificate (HSC). En 2022-23, des 14 527 élèves ayant pris part à ces examens, seuls 725 ont obtenu huit unités, alors que le taux de réussite était de 74,6 %, légèrement supérieur à celui de 2021. Cependant, parmi les 329 candidats de l’Extended Programme (EP), seuls 71 ont réussi. Cette année, pour la première fois, une nouvelle méthode d’évaluation est introduite pour ces élèves. Les examens écrits ne compteront que pour 60 % de la note totale et 40 % seront attribués via des projets évalués par le Mauritius Examinations Syndicate (MES). Mais six ans après l’introduction du Nine-Year Schooling, la pression est toujours présente chez les élèves du programme mainstream, tandis que des questions se posent sur l’efficacité de la préparation des élèves de l’EP pour leur permettre de poursuivre leurs études après le Grade 9, même si cette nouvelle méthode d’évaluation pourrait améliorer le pourcentage de réussite.

Ainsi, à peine ontils eu le temps de se remettre du Primary School Achievement Certificate (PSAC), ces élèves se retrouvent déjà en Grade 7 à préparer une nouvelle compétition féroce : les examens du NCE, qui se poursuivront jusqu’au 17 octobre. Pendant cette période, ces enfants seront évalués dans pas moins de neuf matières. Les résultats de ces examens détermineront s’ils obtiendront une place au sein d’une académie. Du coup, pour des élèves, cette préparation s’accompagne d’un stress constant. À l’instar de Selvana Chinsasamy, une élève de Belle-Rose SSS : «Depuis le Grade 7, il a fallu beaucoup d’efforts et de préparation, j’ai passé des mois à réviser jour et nuit. J’ai fait beaucoup de sacrifices et j’ai pris des cours particuliers le weekend, surtout en maths. C’est très stressant.»

Enseignants fraîchement formés

Y. B., élève au James Burty David SSS, exprime également son ressenti : «En tant qu’élève de Grade 9, je peux dire avec certitude que je suis très stressé et je ressens la pression. Pour y faire face, je procrastine, ce qui aggrave encore mon cas. L’une des nombreuses tentations est de regarder la télévision et de jouer à des jeux vidéo. L’espoir d’intégrer une académie me motive cependant à continuer.»

Qui plus est, ces jeunes font face à de nombreux défis depuis le début de l’année scolaire, tels que des retards dans la distribution des manuels et le manque d’enseignants. K.M., élève dans un collège d’État, se confie également sur les difficultés rencontrées. «C’était une année particulière. Je crois qu’il y avait un problème de manque d’enseignants. Certains sont arrivés dès le début du premier trimestre mais c’était tout de même un défi car nous avons eu des enseignants de première année, fraîchement formés, et nous étions la première classe à laquelle ils enseignaient. C’était un peu difficile au début, mais nous avons dû nous adapter.»

Extended programme

L’EP, introduit en 2018, s’adresse aux élèves ayant échoué aux examens du PSAC. Malgré quatre années d’études supplémentaires, la performance reste préoccupante. Pour faire face à ce problème, une School-Based Assessment a été mise en place cette année. Ce changement vise à évaluer les élèves sur des compétences spécifiques, sous la supervision de leurs enseignants, en plus de l’évaluation écrite. Les élèves ont été notés sur divers travaux pratiques, comme des projets en binôme ou en groupe, des débats, des jeux de rôle, et des présentations individuelles ou collectives.

Les critères d’évaluation incluent la créativité et l’originalité, comme la conception d’une affiche ou d’un logo. Ceux qui réussiront ces évaluations obtiendront un certificat NCE-EP, leur permettant soit d’accéder au Grade 10, soit de suivre une formation professionnelle via le Bright-Up Programme, introduit en janvier dernier. De plus, la ministre de l’Éducation a lancé un nouveau programme éducatif, le Technology Education Pathway, destiné aux élèves de Grade 10.

Illusion ou amélioration

Si cette réforme promet d’améliorer le taux de réussite des élèves, les enseignants se demandent si cette hausse se traduira réellement par une amélioration des compétences et des connaissances ou créera simplement l’illusion d’une amélioration. En d’autres termes, si ces élèves parviennent à obtenir les 40 % lors de ces évaluations, ils auront déjà passé leurs examens. Le ministère de l’Éducation pourra sans doute se réjouir d’un taux de réussite en hausse, ce qui lui permettra de justifier l’implémentation de cette nouvelle formule. La question cruciale demeure : ces élèves aurontils le niveau nécessaire pour poursuivre leur éducation jusqu’en Grades 10-11 et 12-13, ou risquent-ils de jeter l’éponge et devenir des dropouts ?

SC-HSC : taux de réussite en déclin

Les chiffres publiés par Statistics Mauritius lundi reflètent également ce problème. Le taux de réussite au SC est passé de 78,5 % en 2022 à 73,7 % en 2023, tandis qu’au HSC, il a chuté de 92,3 % à 84,4 %. Démontrant ainsi que la hausse des taux de réussite ne garantit pas nécessairement une préparation adéquate aux défis académiques futurs.

Un enseignant souligne avec inquiétude qu’il serait judicieux de commencer à exploiter le potentiel de ces élèves dès le Grade 7, plutôt qu’après le NCE. «Ces enfants perdent quatre années précieuses au secondaire, avec une multitude de programmes, pour finalement quitter l’école, souvent sans les connaissances de base nécessaires. La réalité est que de nombreux élèves issus de l’EP, malgré une évaluation favorable, peuvent ne pas posséder les compétences requises pour réussir dans des classes plus avancées. Le risque de décrochage scolaire demeure élevé si les jeunes ne reçoivent pas les outils nécessaires pour surmonter les lacunes dans leur formation.»


Dépenses gouvernementales en hausse

Pour l’année financière 2023-24, les dépenses gouvernementales en matière d’éducation et de formation sont estimées à Rs 21 390 millions, contre Rs 20 712 millions pour l’année précédente, 2022-23. Ces dépenses représentent respectivement 9,3 % et 9,6 % du budget total. En mars 2024, on comptait 818 écoles pré-primaires, avec un total de 27 716 enfants inscrits, dont 49,2 % étaient des filles. Le taux brut de scolarisation, défini comme le nombre d’élèves inscrits pour 100 habitants âgés de quatre et cinq ans, s’élève à 107,5 %.

Il y avait aussi 342 écoles primaires recensées, accueillant 84 220 élèves, dont 49,1 % étaient des filles. Le nombre total d’employés dans ces écoles s’élevait à 9 414, comprenant 4 922 enseignants pour les matières générales et 1 222 enseignants spécialisés en langues asiatiques, arabes et Kreol Morisien. À fin mars 2024, 175 établissements offraient une éducation secondaire, avec une inscription totale de 94 747 élèves, dont 51,7 % étaient des filles. Le corps enseignant en comptait 9 280. Le taux brut de scolarisation pour les élèves âgés de 12 à 19 ans est de 73,7 %, et le ratio élève/enseignant est de 10.

Concernant les résultats des examens, le pourcentage de candidats répondant aux exigences du PSAC avant réévaluation était de 77,5 % en 2023, atteignant 82,0 % après la réévaluation. Enfin, le taux d’inscription pour l’enseignement supérieur a connu une diminution, passant de 50 566 étudiants en 2022 à 50 011 étudiants en 2023.


Échecs, abandons et coûts inconnus

Le rapport du bureau de l’Audit national, en avril, avait mis en lumière plusieurs lacunes concernant l’EP. En plus du taux d’échec élevé aux examens du NCE, on observe également un taux d’abandon préoccupant. En 2018, parmi les 3 291 élèves qui ont démarré ce programme, 1 118 ont été admis dans des collèges d’État régionaux et 2 173 dans des collèges privés subventionnés. Les chiffres montrent que 105 élèves ont quitté l’école en 2019, 208 en 2020, et 575 entre 2021 et 2022, soit un total de 888. Comme nous le mentionnions un peu plus haut, sur les 2 403 élèves ayant participé au NCE, seuls 71 ont réussi. De plus, parmi les 423 qui ont retenté l’examen en 2023, 54 ont obtenu leur diplôme.

Le rapport souligne par ailleurs qu’en décembre 2023, il n’y avait aucune information concernant les 2 332 élèves qui ont quitté le système scolaire sans avoir réussi au NCE, que ce soit dans un cadre éducatif ou professionnel. L’Audit conclut ainsi que «96 % de la première cohorte du programme étendu de 2018 n’ont pas réussi à atteindre les objectifs fondamentaux du programme d’éducation de base continue sur neuf ans». Point particulièrement troublant : l’absence de données sur les financements alloués à ce programme, qui n’a pas produit les résultats escomptés jusqu’à présent. Le rapport indique que «53 % du budget alloué à l’Éducation, soit Rs 9,8 milliards, sont destinés à l’enseignement secondaire. Cependant, aucun chiffre spécifique sur le coût ne permet d’évaluer sa rentabilité».