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Source de protéines

Allez-vous faire cuire un… œuf

19 juillet 2024, 10:39

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Allez-vous faire cuire un… œuf

Situation «brouillée» sur le marché de l’œuf. La moitié des supermarchés en sont privés, alors que Pâques est loin derrière nous. Des rayons vides pendant plusieurs semaines. Pourtant, l’approvisionnement et la livraison se déroulent normalement. Mystère ? Pourquoi ? Consultons un œuf... miroir.

Tuons le débat dans l’œuf. D’un prix abordable, le prix de l’œuf est passé de Rs 10 à Rs 13. C’est un aliment populaire car il procure des protéines indispensables à notre santé. Un Mauricien consomme 110 œufs par an. Ne cherchons pas plus loin. Son prix a augmenté de 30 %, dans la lignée de la hausse généralisée des produits alimentaires de première nécessité.

Un petit conte

Il était une fois, un poussin qui s’était égaré loin de la cour où l’éclosion a eu lieu. Sa mère, la poule, avait eu la chance d’être élevée «sur pattes», c’est-à-dire en plein air. Elle s’était nourrie, entre autres, de vers de terre et d’herbes folâtres. Notre poussin était content d’avoir échappé à l’élevage en batterie, parmi la multitude qui se piétine dans un espace restreint, plein comme... un œuf. Nourriture et eau ne manquaient pas, car il fallait les soigner pour qu’elles pondent de beaux œufs. Certaines chantent clair, d’autres préfèrent Carmen.

Les chiffres révèlent que chaque année, la consommation de poulets augmente. Il en va de même pour l’œuf, consommé dur ou sur le plat. Maurice a même une spécialité bien de chez nous, «l’œuf rôti», qui s’est baigné dans la sauce de soja, d’où sa couleur. Il est ensuite découpé en fines tranches. On le retrouve dans plusieurs plats, comme le riz frit ou le bol déviré (produit 100 % mauricien et non originaire de Chine), en passant par les mines ou les meefons.

L’œuf est présent partout, et c’est tant mieux, que ce soit dans le pain «maison» de l’écolier ou du travailleur manuel. Son quota de protéines est indispensable. Mais revenons à notre poussin qui va en voir de toutes les couleurs sur les bords des routes et des trottoirs, dans les cours avoisinantes ou les voleurs, qui sont maintenant légion, et les enfants qui le caressent avant de le relâcher. Cette rescapée va devoir se frayer un chemin, retrouver sa mère peut-être et ses semblables, tout en marchant comme sur des... œufs. Au péril de sa petite vie.

À maturité

Avec le temps qui passe, il grandit et va finir par s’habituer à cet environnement hostile. Échappant à tous les pièges, ce nomade est toujours pourchassé pour sa chair, au prix plus abordable que celui de la viande de bœuf. Il tourne toujours dans le même périmètre et finit par se lier à un compagnon de voyage, un beau coq à la crête conquérante. En cas de pluie, le moindre abri fera l’affaire pour les cacher, tout comme leur amour naissant. La nature aidant, notre poussin devenu adulte s’apprête à pondre, souvent dans un nid préfabriqué. Résultat de la parade nuptiale. Le caquet suivra.

Nos deux compagnons apprennent avec peur que malgré les milliers de leurs semblables élevés en batterie et pondant régulièrement, les indispensables œufs avaient disparu de certains rayons. Alvéoles vides. Raison de plus pour se cacher, mais notre coq finit par se laisser attraper, peut-être à cause de son chant matinal qui trahit son lieu de cachette. Comme dans le passé, on lui dépluma le cou, que l’on trancha d’un coup sec. Pendant quelques instants, aveugle, il courut dans le vide avant de s’effondrer. Un futur coq au vin, mets délicat et recherché.

Notre compagne esseulée ne perd pas espoir. Et voilà qu’un beau jour, elle retrouve son lieu de naissance, ses petits amis d’autrefois devenus adultes et prêts à passer à la casserole. Sa mère vit toujours et se montre encore prolifique, d’où sa survie. La demande est encore plus forte, faisant même l’objet de spéculations. Qui aurait cru qu’il y aurait eu une... bourse aux œufs ? À la hausse, bien sûr.

Un lien éphémère

Notre ancien poussin gambade maintenant en plein air. Nous nous faisons des illusions en croyant qu’il nous a reconnus. Quoique parfois, dans sa façon furtive de nous regarder et de se rapprocher, nous laisse à penser que peut-être... mais non, ils seraient tous à mettre dans le même panier aux... œufs ?

Essayons de lui parler. Nous sommes passés pour des «fouka». «Aster zot koz ar poul? Bann dizef loraz sa.» Finalement, il ne bouge plus sous l’effet de nos douces caresses. L’homme et la nature ne font vraiment qu’un, bien que le premier maltraite l’autre jusqu’à peutêtre son extinction, à force de la malmener.

Évidemment, nous l’avons trop gâté, car il grossit à vue d’œil. Comme s’il avait senti le danger venir, ou plutôt la fin, par un beau jour ensoleillé, il a disparu, ne laissant dans nos têtes et dans nos oreilles que ses gloussements de contentement. Soy!

Pourquoi faire un petit conte sur ce volatile de... basse-cour, destiné à finir comme «la poule au pot» ? Revenons sur terre pour nous demander si le prix du poulet ne va pas prendre l’ascenseur, comme l’œuf ? Dans le passé, tuer le coq ou la poule pour le repas dominical relevait du luxe, pas donné à tout le monde. Le poulet industriel a vite conquis le terrain pour intégrer le menu mauricien. Son prix doit figurer dans celui du coût de la vie, du coût des produits de base dont nous ne pouvons plus nous passer.

Le cocorico du coq, c’est bien beau (nous en avons même fait un hymne politique !), mais comment résister à un bon kari poul bien épicé, mais pas trop pimenté ? Et voilà que cette pénurie va nous priver d’une bonne omelette, même «touni». Tout gloussement a disparu dans nos villes bétonnées, mais un vague souvenir de notre poussin jadis égaré nous hante encore la mémoire. Mais il y a du nouveau. Un de nos élus au Parlement a trouvé la solution en commettant un lapsus à la Biden, qui blessa l’oreille de... Trump. Il s’est exclamé qu’il fallait casser... l’omelette pour trouver des œufs. Arrivé aux feux de signalisation, il a dû passer au... jaune.

Abe, anou al lasas dizef!

Le quinoa plein de protéines

Hormis l’œuf, il existe aussi, selon la science, un aliment véritable carburant en protéines. Découvert chez les Incas, le quinoa procure 14 g de protéines pour 100 g de ce produit. Il contient aussi d’autres vitamines et peut s’accommoder à tous les plats et sauces. On le trouve assez facilement en vente à Maurice.