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Vallée-Pitot: zone rouge et misère noire

13 juin 2021, 13:30

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Vallée-Pitot: zone rouge et misère noire

«Mo ti res enn dernier sasé dilé ki monn fini ouver pou servi pou mo kat tipti ek mo ti baba. Mé san larzan, pa koné kouma pou fer la…» Elle ne savait plus à quelsaint se vouer pour survivre. Et, heureusement, depuis hier, 6 heures, Vallée-Pitot est sortie de la zone rouge. Mais Soumaiyah Ishwaree Golamaully, mère de trois garçons et deux filles âgés de 7, 6, 4, 3 ans et d’un nourrisson de sept mois s’est confiée à l’express sur ses jours vécus depuis l’annonce fatidique. 

Lundi 7 juin à 18 heures. Ils croyaient voir la lumière au bout du tunnel avec la levée de la zone rouge mais en vain. Aucune communication officielle sur le sort des habitants de Vallée-Pitot jusqu’à 22 heures. Soumaiyah Golamaully attend patiemment une bonne nouvelle, étant donné qu’ils sont à court d’argent et de nourriture pour survivre une semaine additionnelle mais c’est la déception qui prend place. «J’ai un fils en quatrième qui s’est blessé au pouce et perdait beaucoup de sang. Pris de panique, mon mari l’a emmené à la Mediclinic mais on nous a recommandé de le faire soigner à l’hôpital Jeetoo. Du coup, on a d’abord demandé la permission aux policiers pour quitter le territoire. Une fois la requête agréée, mon mari s’est rendu avec mon fils à l’hôpital», raconte cette femme de 29 ans.

Refus catégorique 

Toutefois, le calvaire était loin de terminer car le personnel à l’entrée réclamait une preuve d’adresse avant que l’enfant ne puisse consulter un médecin. «Et c’est là qu’on s’est heurté à un refus catégorique, nous disant que personne de la zone rouge ne pourrait être admis à l’intérieur du bâtiment.» Continuant les allers-retours, ils décident de se rendre au dispensaire de la localité mais il est trop tard. «La fermeture, comme vous savez, est à 15 heures et on a finalement eu l’idée de prendre la direction de la pharmacie où on fait un pansement au petit.» 

Mais Soumaiyah n’est pas au bout de ses peines. Son bébé de sept mois a également un problème à l’oreille. «Mon mari décide à nouveau de demander la permission de quitter la frontière mais la police lui dit qu’il ne peut pas retourner dans la zone rouge s’il décide d’en sortir.» Direction : la pharmacie à Vallée-Pitot où un calmant lui est prescrit. «Mo donn li enn ti kuyer dilué parski pa pou kapav aval medsinn. Mé dimans, linn extra soufer ek linn fer bien mové akoz so douler», poursuit-elle. 

Finalement, son mari, qui est maçon, a pu entrer en communication avec un homme sur les réseaux sociaux, qui l’a aidé à quitter la zone rouge pour se rendre à l’hôpital. «On a produit notre preuve d’adresse et on devait apprendre qu’un département à l’hôpital a été alloué aux habitants de la zone rouge.» 

Quid de la nourriture ? La jeune femme qui travaille comme femme de ménage, dit ne pas avoir pu se déplacer pour gagner son pain. Idem pour son mari. «Bann dimounn kot mo travay pa les vini et dépi trois semenn, pann gagn lapey… Nou finn gagn komision pou dépann mé sa osi, kouma ou koné, zanfan manz gato, zot gagn fin kan res lakaz é komision inn fini. Nou res zis enn sasé dilé mais avec ti baba ki bizin bwar, pa pou éna narnié pou nouri nou», déplore-t-elle. 

Toujours selon ses dires, sans revenus ou faute de moyens, le couple ne pouvait faire ses achats dans une supérette. Elle affirme que son mari et elle-même ne souhaitent pas s’endetter pendant cette période dure. «On va devoir s’acquitter de nos factures d’électricité et d’eau», dit cette femme qui habite une maison en tôle sur la montagne, avec peu de facilités.