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Circonscription n°9, Flacq–Bon-Accueil

Avis mitigés sur l’avenir… L’eau 24/7 reste un rêve

14 octobre 2024, 17:30

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Avis mitigés sur l’avenir… L’eau 24/7 reste un rêve

À moins d’un mois des scrutins, la circonscription n°9 (Flacq–Bon-Accueil), par ailleurs tranquille, voit une effervescence grandissante depuis que les candidats ont commencé à organiser des réunions de mobilisation et à faire du porte-à-porte la semaine dernière. Entre des résidents qui souhaitent un souffle de changement et d’autres qui affichent des opinions mitigées, on retrouve aussi ceux qui expriment leurs opinions à condition de garder l’anonymat par crainte de représailles s’ils heurtent la sensibilité de ceux au pouvoir.

60 301 électeurs répartis dans 19 centres

Cette circonscription, regroupant une grande partie de l’est du pays, compte le troisième plus grand nombre d’électeurs, après la circonscription n°15 (La Caverne–Phoenix) et le n°18 (Belle-Rose–Quatre-Bornes). Ce sont désormais 60 301 électeurs qui se rendront aux urnes dans cette circonscription répartis dans 19 centres. Parmi eux, on retrouve la Shri Rajiv Gandhi Government School, à Centre-de-Flacq, qui accueillera 6 610 électeurs. La Poste-de-Flacq Government School accueillera 5 424 électeurs. On retrouve également le Bon-Accueil State College, l’un des principaux centres de vote, avec 5 306 électeurs. L’Hibiscus Multipurpose Hall de Flacq servira de centre de nomination.

Les résidents votent généralement en bloc et privilégient les partis traditionnels au n°9. Si le Parti travailliste (PTr) a connu de grandes victoires dans cette région auparavant, avec Anil Bachoo nommé «roi de l’Est», les deux dernières élections générales de 2014 et 2019 ont vu la victoire écrasante des candidats du Mouvement socialiste militant (MSM). En 2014, Raj Dayal, Raj Rampertab et Pradeep Roopun avaient été élus sous la bannière de l’Alliance Lepep. Puis, en 2019, le gouvernement a remporté une deuxième victoire, avec Sudheer Maudhoo, Deepak Balgobin et Vikash Nuckcheddy, élus sous la bannière de l’Alliance Morisien. Bien que la campagne électorale soit en plein essor dans cette région où la politique est toujours une affaire passionnante, personne ne peut dire avec certitude quels seront les résultats de ce scrutin.

Avec la Senior Assistant du Directeur des poursuites publiques, Mᵉ Ida Dookhy-Rambarun, comme Returning Officer, voici les noms de candidats qui devraient avoir une investiture au n°9 :

Alliance Lepep : Sudheer Maudhoo, Vijaye Ramchurn, Rubesh Doomun.

Alliance du changement : Anil Bachoo, Raviraj Sinha Beechook, Avinash Ramkalawon

L’eau 24/7, un enjeu électoral majeur

Si d’autres régions du pays ont vu la réalisation de grands projets tels que des complexes sportifs et le métro, a contrario, la circonscription n° 9 n’a connu aucun développement majeur au cours des cinq dernières années, à l’exception de l’inauguration de l’hôpital sir Anerood Jugnauth, à Constance, grâce à un prêt – et non un don – de plus de Rs 4 milliards de l’Arabie saoudite. «L’hôpital dispose d’un bâtiment gigantesque, mais il n’est pas encore doté des équipements et infrastructures nécessaires, tels que des appareils d’IRM (imagerie par résonance magnétique). Il faut aller voir un dentiste dans l’ancien hôpital, se rendre dans le nouveau pour une séance de radiographie, puis retourner dans l’ancien hôpital pour un diagnostic et enfin, revenir dans le nouveau pour obtenir des médicaments. (...) Il n’y a pas non plus eu de développement pour les jeunes et au niveau du transport dans cette région. Le gouvernement a augmenté les pensions, mais de nombreux médicaments pour les personnes âgées sont en rupture de stock dans les hôpitaux. Dans les pharmacies, les prix ont triplé en quatre mois, nous obligeant à dépenser plus», estime B. A., sexagénaire retraité et habitant Flacq. lexp - 2024-10-14T153942.209.jpg Zaid Madhub, habitant de Salazie, a dû acheter des bouteilles d’eau pour sa consommation, son foyer étant sans eau depuis plusieurs jours.

Par ailleurs, les habitants des régions de Mare-d’Australia, Brisée-Verdière, Laventure, Bon-Accueil et Lallmatie ont été confrontés à un défi majeur au cours des derniers mois : la pénurie d’eau et un approvisionnement en eau de mauvaise qualité. Ce problème aurait également provoqué des problèmes de santé chez les habitants, tels que diarrhées, vomissements et éruptions cutanées. «Dans les années 2011-2012, les habitants ont été confrontés à des problèmes d’approvisionnement en eau. Les députés élus de l’époque, Anil Bachoo et Dhiraj Khamajeet, avaient résolu le problème en raccordant le réseau d’eau à partir de la source du Pont-Jamblon. Depuis, nous avions de l’eau 24 h/24 et 7 jours sur 7, jusqu’à cette année où nous avons rencontré de gros problèmes», explique Mahmad Joomun, président du village de Brisée-Verdière.

Les conseillers des villages avoisinants ont également publié des vidéos sur les réseaux sociaux faisant état de fuites majeures dans les tuyaux de la Central Water Authority (CWA) à partir de Pont-Jamblon – non réparées malgré plusieurs demandes adressées aux officiers – causant des coupures d’eau pendant des jours. «L’approvisionnement en eau s’est interrompu et lorsqu’ils l’ont restauré, beaucoup d’entre nous sommes tombés malades après l’avoir consommée. Nous pensions qu’ils avaient réparé les tuyaux, mais lorsque nous avons enquêté, nous avons découvert que les tuyaux n’avaient pas été réparés et qu’à la place, la CWA avait installé une pompe dans une rivière polluée appelée lamar rouz», rappellent plus d’un. Une manifestation a également été organisée par les habitants.

Lorsque nous avons rencontré Zaid Madhub à Salazie, il s’occupait de sa mère, âgée de 70 ans et alitée. Cela faisait plusieurs jours que ce foyer n’avait pas été approvisionné en eau et Zaid a dû se tourner vers l’achat de bouteilles d’eau pour la consommation, outre le fait d’attendre les camions-citernes de la CWA afin d’avoir un approvisionnement de base pour maintenir l’hygiène. «Lorsque nous appelons la hotline de la CWA, soit ils ne répondent pas, soit ils changent constamment de numéro de référence. Le camion-citerne ne viendra peut-être que dans quelques jours. C’est difficile de vivre», déplore la famille.

À Lallmatie, une atmosphère plutôt calme règne, les habitants vaquant à leurs occupations. Le long de Kalimaye Road, quelques boutiquiers offrent des perspectives similaires. Mais ils ne veulent pas qu’on publie leurs photos et leurs noms, de peur de subir des représailles s’ils heurtent la sensibilité de ceux qui détiennent le pouvoir. «La présence de deux élus de cette circonscription s’est limitée à des événements et à des rassemblements religieux, tandis que le troisième a toujours été proche de la population. (...) Mais il n’y a eu aucun progrès dans la région. Zot inn fer lopital, me pena mem bann zafer ki bizin ladan. Pendant trois jours, lors de Durga Pooja, il n’y a pas eu d’eau et beaucoup ont dû aller chercher de l’eau au temple voisin. (...) Le fléau de la drogue a également beaucoup frappé la circonscription.» Un autre commerçant affirme : «Dans les deux camps, il y a aussi des candidats jeunes et nouveaux. Me eleksion fer lavey dan Moris. Lorsque le moment sera venu de voter, nous déciderons.»

Pour les habitants, le choix se porte désormais sur Sudheer Maudhoo, député et ministre de la Pêche sortant du MSM, et Raviraj Sinha Beechook, jeune candidat du PTr. Tous deux habitent le village de Lallmatie. Outre Anil Bachoo, c’est Avinash Ramkalawon, habitant de Laventure et également membre du PTr, qui sera le troisième candidat de l’opposition. Du côté du MSM, on retrouve Vijaye Ramchurn, originaire de MareLa Chaux, et l’avocat Rubesh Doomun, jeune candidat originaire de Bon-Accueil, actif sur le terrain. Entre opinions mitigées et incertitudes, ce qui est certain, c’est que l’eau potable 24/7 est un enjeu électoral majeur pour la circonscription n°9.

Les voix des habitants

Devika, 48 ans et habitant Bon-Accueil, confie : «Depuis cinq ans, le quotidien n’a pas beaucoup changé dans la région. Tou zafer inn res parey, mais la cherté de la vie reste préoccupante. Je vends des légumes et le coût de tous les produits alimentaires de base ne cesse d’augmenter. Nous les achetons plus cher. Ils sont revendus plus cher et les consommateurs souffrent, mais n’ont pas d’autre choix que d’acheter et de manger. Nous verrons pour qui voter, mais je pense qu’après tant d’années, nous avons besoin d’un peu de changement.» lexp - 2024-10-14T160222.725.jpg

Jean Alain Degue, 40 ans, de Résidence Argy, Flacq, constate que depuis peu, son endroit connaît quelques signes de développement. Parmi eux, on compte «la reconversion du terrain de volley-ball existant en terrain de foot, et le nettoyage et le réaménagement de la rivière principale». Pour rappel, lors des inondations provoquées par les pluies torrentielles en janvier 2023, la rivière avait débordé, les eaux violentes empêchant l’accès au pont et inondant les maisons de plus de 15 familles. Raison : inaction des autorités pour nettoyer la rivière et agrandir le drain avant le début de la saison des pluies malgré plusieurs demandes de la part des habitants. Jean Alain Degue constate avec soulagement qu’*«ils ont finalement nettoyé la rivière bien avant maintenant. Pa kone kisannla pou vote-la, mais je pense que le changement est le bienvenu».
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Bob, habitant de Mare-La Chaux, explique : «Notre endroit ne manque de rien. Quand on regarde les mesures prises au niveau national pour aider les personnes âgées et les jeunes, ainsi que le développement avec des projets de construction tels que le pont, le métro ou les infrastructures, je vois un bilan positif du gouvernement et je pense qu’ils vont remporter un troisième mandat.»

Mahmad Joomun, président du village de Brisée-Verdière, déclare : «Cet endroit ainsi que les alentours n’ont pas connu de développement, si ce n’est la réalisation de projets mineurs tels que la reconversion du terrain de volley-ball existant en terrain de foot et l’installation de lumières sur le terrain de football de Mare-d’Australia. Le chemin n’a cependant pas été asphalté et il n’y a pas eu de nouveau projet. Nous avons également constaté un nombre croissant de cas de personnes victimes de la toxicomanie. L’approvisionnement en eau et la qualité de l’eau sont des problèmes majeurs dans l’ensemble.» lexp - 2024-10-14T160327.544.jpg

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