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Concert

Cabrel, un homme pareil…

21 octobre 2024, 15:28

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Cabrel, un homme pareil…

«J’aime mieux ce monde polychrome, où vous, vous êtes et nous, nous sommes», a chanté Francis Cabrel samedi soir sur la terre mauricienne.

«Et nous sommes des hommes pareils Plus ou moins loin du soleil Blanc, noir, rouge, jaune, créole Qu’est-ce qu’on vous apprend à l’école ? S’il y manque l’essentiel Semblable jusqu’au moindre atome Vous, vous êtes et nous, nous sommes…» Ces paroles de Francis Cabrel ont résonné samedi 19 octobre au soir, au Trianon Convention Centre (et probablement dimanche, car il y avait deux dates).

Un début de concert seul à la guitare, un peu en mode expéditif, où l’artiste français a repris La fille qui m’accompagne et Je pense encore à toi, deux chansons du début des années 80. Pour enchaîner, toujours seul à la guitare, avec Le Chêne liège et African Tour, toutes deux issues de l’album Des roses et des orties, de 2008. Des millions de fourmis qui pataugent, la tête tournée vers les cieux à ces migrants qui viennent en Europe parce que chez eux, il n’y a rien.

Cabrel annonce la prochaine : «Chanson d’amour». Il en présentera ainsi quatre,* L’encre de tes yeux*, C’est écrit, Je t’aimais je t’aime et je t’aimerai, Je l’aime à mourir. Mais à bien y regarder, ou plutôt entendre, toutes ses chansons quasiment sont remplies d’amour.

Le thème des troubadours, celui de la tournée d’ailleurs, qui s’appelle Trobador Tour, a inspiré à Cabrel une chanson d’amour encore, L’amour Courtois et une reprise de Quand j’aime une fois j’aime pour toujours, du Québécois Richard Desjardins. Mais pas annoncées comme chansons d’amour ! Une autre magnifique chanson d’amour, plus physique cette fois, c’est La robe et l’échelle, interprétée avec des sonorités hispaniques, entraînantes, virevoltantes comme les plis transparents du tissu au vent.

Francis Cabrel était accompagné de ses musiciens, le batteur Denis Benarrosh, l’accordéoniste Alexandre Léauthaud, Freddy Koella, le guitariste, et Nicolas Fiszman, le bassiste. Ils sont arrivés sur scène après lui. Depuis le temps qu’ils travaillent ensemble, il s’en dégageait une belle complicité. On a pu commencer à bien les voir à l’œuvre avec Assis sur le rebord du monde. Ainsi que la fameuse Encore et encore avec une intro à la basse du tonnerre !

cabrel.jpg Denis Benarrosh, Freddy Koella, Nicolas Fiszman et Alexandre Léauthaud sur scène avec le chanteur.

Cabrel n’a chanté qu’une chanson de son «dernier» album, qui remonte tout de même à 2020, A l’aube revenant. L’occasion pour dire au public qu’après tout ce qu’il avait écrit, il lui restait un sujet auquel se confronter… son père, avec Te ressembler. Il a ensuite interprété ses classiques. Sa première partie s’est achevée en apothéose avec l’accordéon sur La Corrida.

Bien évidemment, impossible d’échapper à Petite Marie, interprétée après les rappels, seul avec le public et Alexandre Léauthaud. D’ailleurs, la petite Marie en question, Mariette, son épouse depuis un demi-siècle à qui est destinée cette chanson, était dans l’assistance, sa blondeur illuminante. Puisque Francis Cabrel est venu à Maurice en famille, petits-enfants compris, eux aussi venus voir leur grand-père en concert…

Son histoire avec le public a commencé avec Les murs de poussière, en 1977. Et déjà, à l’époque, il n’avait pas trouvé mieux, que son lopin de terre, que son vieil arbre tordu au milieu, lui qui vit dans son village du Lot-et-Garonne depuis des décennies, avec là aussi toute sa famille.

Les petits jeux de jambes montrent une certaine timidité du chanteur. Mais le public aussi a pris un peu de temps avant de chauffer. Il murmurait parfois, même si Cabrel a lancé «vous chantez drôlement bien», mais les spectateurs ont tout de même réussi à se lever des chaises pour danser avec La Dame de Haute-Savoie. On peut juste regretter qu’il n’ait chanté aucune composition d’In Extremis, splendide album. Mais avec une telle discographie, difficile de faire un choix…

C’était, somme toute, Un Samedi soir – d’Octobresur la Terre poétique, jazzy parfois, et dans l’écoute… musicale… d’un homme pareil que nous.