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Écoutes téléphoniques

Grâce présidentielle controversée de Chandra Prakashsing Dip : Les soupçons d’ingérence relancés

22 octobre 2024, 13:00

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Grâce présidentielle controversée de Chandra Prakashsing Dip : Les soupçons d’ingérence relancés

Le fils du CP sortant d’une comparution au tribunal.

Dans ces enregistrements, on entendrait le CP Anil Kumar Dip en conversation avec diverses personnes, notamment l’Attorney General (AG) Maneesh Gobin, concernant le dossier de son fils. Bien que les personnes entendues n’aient pas confirmé l’authenticité des enregistrements ou leur implication, le contenu de ces conversations laisse penser qu’il pourrait y avoir eu une ingérence dans cette affaire, ce qui inquiète de nombreux observateurs.

Dans l’une de ces bandes sonores, on entendrait le CP Dip demander à Maneesh Gobin d’intervenir afin que son fils puisse déposer une demande de grâce présidentielle auprès de la Commission de Pourvoi en grâce. L’AG évoquerait la possibilité de solliciter directement ‘Roopun’ (NdlR : le président de la République Prithvirajsing Roopun) pour accélérer la procédure.

Le CP insisterait à plusieurs reprises sur l’urgence de la situation, en raison de l’échéance imminente pour que son fils soumette ses documents d’appel au Privy Council. Il importe de souligner que lorsque Chandra Prakashsingh Dip a obtenu la grâce présidentielle, sa demande d’autorisation pour faire appel au Privy Council était encore en cours d’examen. D’autres enregistrements révèlent des tentatives du CP pour éviter l’arrestation de son fils après sa condamnation à 12 mois de prison pour entente délictueuse.

Cette situation, si elle est avérée, soulève des questions quant à l’influence qu’aurait pu exercer le CP dans le déroulement de la justice.

Pour rappel, le DPP, Me Rashid Ahmine, qui avait plaidé pour une révision judiciaire, avait avancé que la Commission de Pourvoi en grâce avait statué de «manière illégale» car la sentence de Chandra Prakashsing Dip était gelée en attendant ses démarches auprès du Privy Council. Cependant, les juges Iqbal Maghooa et Pravin Harrah avaient estimé que la Commission est maître de ses propres procédures et qu’il n’appartient pas à la cour de dicter la manière dont la prérogative de grâce doit être exercée. Ils avaient conclu qu’il n’y avait aucune preuve d’une violation de la Constitution ou de toute autre loi par la Commission dans l’exercice de ses fonctions.

En dépit de ce jugement, les révélations faites dans ces enregistrements pourraient, si elles sont prouvées, remettre en cause la légitimité de la décision prise par la Commission.

De nombreux membres de la profession légale ont exprimé leur indignation face à ces révélations, les jugeant «répugnantes et condamnables». Ils se demandent également pourquoi les écoutes téléphoniques, bien qu’autorisées par la loi dans les affaires de drogue avec l’accord d’un juge, ne sont pas davantage utilisées contre les barons de la drogue alors qu’elles semblent avoir été employées à des fins inappropriées.

Le DPP avait d’ailleurs recommandé, à plusieurs reprises, à la brigade antidrogue (ADSU) de recourir à cette méthode, sans succès. Lors d’une table ronde en septembre dernier sur la lutte contre le trafic de drogue, il avait souligné que l’article 56 de la Dangerous Drugs Act permet à la police de placer des suspects sous écoute pendant une période de six mois, mais que cet outil était sous-exploité.

Il faut aussi rappeler que Chandra Prakashsingh Dip est également impliqué dans une autre affaire, soit de blanchiment d’argent portant sur Rs 25 millions, liée au détournement de Rs 80 millions au détriment de la Bramer Banking Corporation. Ce procès, qui devait initialement débuter en février 2023, a été constamment retardé en raison des absences répétées et des renvois. La prochaine audience est prévue pour le 3 décembre, et des débats sur une motion de radiation des accusations auront lieu.


Mauritius Telecom réagit après 48 heures et se dédouane

«Mauritius Telecom (MT) n’intercepte pas les appels téléphoniques de ses abonnés, ne les manipule pas ni ne les enregistre et ne surveille en aucun cas les communications de ses clients.» Ainsi, 48 heures après la diffusion de bandes sonores d’écoutes téléphoniques impliquant de hautes personnalités, MT a émis un communiqué, hier, et dit ne pas être responsable d’une telle «violation de la vie privée.» MT précise que toutes ses opérations sont en conformité avec les lois. «En tant qu’organisation engagée dans les normes éthiques les plus élevées, MT respecte les principes d’intégrité et de transparence dans toutes ses opérations.» MT prendra les mesures «indépendantes nécessaires» pour protéger sa réputation.


Le diocèse de Port-Louis indigné

Depuis le week-end écoulé, une bande sonore circule, mettant en scène une conversation entre une haute personnalité de Maurice et un citoyen lambda. Cette discussion porte sur une construction dans la cour de cette personnalité. À un certain moment, les propos deviennent d’une vulgarité choquante et prennent même une tournure religieuse car il y est question de la Vierge Marie, heurtant non seulement la communauté des Mauriciens de foi catholique, mais aussi les non-chrétiens qui vouent une dévotion particulière à la Mère du Christ.

Face à cette situation, le diocèse de Port-Louis, par l’intermédiaire du vicaire général, le père Georgy Kenny, a publié un communiqué. «Nous avons pris connaissance d’une bande sonore qui circule sur les réseaux sociaux et qui contient des propos offensants envers la Vierge Marie. Nous sommes indignés et profondément choqués. Pour les catholiques, la Vierge Marie occupe une place centrale dans leur vie de foi. Ces propos ont blessé les catholiques, ainsi que d’autres personnes non catholiques qui vouent également une dévotion à la Vierge. Nous demandons aux autorités d’agir rapidement pour vérif ier l’authenticité de cette bande sonore.»


Les inquiétudes de Business Mauritius

Le monde des affaires suit la publication des bandes sonores de Missie Moustass de près. C’est ce qui ressort d’un communiqué émis par Business Mauritius durant le week-end. Parlant de bandes sonores qui sembleraient impliquer l’écoute et l’enregistrement des conversations privées, l’instance explique que «pour la communauté des affaires, la confidentialité des échanges, la sécurité et l’intégrité des données sont des éléments essentiels pour assurer un bon climat des affaires. Le respect de la loi quant au droit à la vie privée reste également primordial». Business Mauritius dit suivre l’affaire de près.