Après sa première édition le 11 janvier dernier, ce magazine bimestriel en ligne a été lancé officiellement jeudi soir par sa directrice Laura Samoisy en présence d’Alain Wong So, le commissaire du Tourisme, et de Guito Simiette, le directeur de l’hôtel «C-Mourouk». Une soirée chargée en émotions d’autant que Laura Samoisy célébrait aussi son anniversaire ce jour-là. Un parcours hérissé d’obstacles surmontés.

Depuis jeudi matin, Laura Samoisy est au four et au moulin avec le personnel de l’hôtel pour l’installation d’une double marquise qui doit abriter les invités – une centaine environ. Elle veille à ce que la forte brise qui souffle sur cette plage ne vienne perturber la cérémonie qu’elle prépare depuis des mois à partir de Paris où elle réside et travaille depuis quelques années. Ce jour est d’autant plus important qu’il coïncide avec le jour son anniversaire et que sa mère est aussi attendue pour l’événement.

Il faut dire qu’Hello Rodrigues est né de plusieurs nécessités : il vient combler une lacune en ce qu’il s’agit de la promotion pour cette destination dans les salons du tourisme ; pour une meilleure visibilité de l’île ; pour la promotion de sa richesse, de son peuple, de sa culture et de ses spécificités afin que Rodrigues ne soit pas exclusivement qu’une simple et banale destination pour bronzer idiot.

Le magazine s’adresse certes aux Rodriguais et aux opérateurs touristiques mais vise aussi à promouvoir Maurice pour des voyages combinés. «C’est ainsi que l’idée de lancer un magazine pour promouvoir Rodrigues, sa culture, sa richesse et son peuple a germé. Depuis octobre 2023, le projet Hello Rodrigues a commencé à prendre forme. Il a fallu en dessiner les contours, trouver les noms des rubriques et, surtout, monter une équipe à distance. Petit à petit, l’équipe Hello Rodrigues s’est constituée avec des membres basés à Rodrigues et à Maurice», confie Laura Samoisy.

À Rodrigues, l’équipe se compose de Noël Allas, historien, journaliste et anthropologue, Georgette Fong Kive, journaliste, et Nathaniel Sainte-Marie, photographe. À Maurice, Reena Devi Kissoon-Leste, directrice artistique, a la lourde tâche de mettre en valeur la beauté de Rodrigues à travers les pages du magazine. Florence Guillemain, journaliste française installée à Maurice depuis plus de vingt ans et grande amoureuse de Rodrigues, Jackie Camille, chef de publicité d’origine malgache installée à Maurice, et les collaborateurs Daisy Grandsire, Elodie Dupont, ainsi que Francesca Sookahet, secrétaire de rédaction, complètent l’équipe.

Course d’obstacles

Au pupitre où elle est conviée pour s’adresser à l’assistance, Laura Samoisy ne peut s’empêcher de revivre une partie de sa vie. Elle se souvient de Camp-Baptiste, le petit village où elle est née ou comme elle aime bien le dire «bann dan gro ross». Elle est la cadette ; un an après sa sœur Daniella. La famille s’agrandit trois ans après avec la naissance de son frère Pascal Samoisy. D’une famille modeste, son père Joseph était fonctionnaire et sa mère, Miellette, femme au foyer. En 1985, la famille quitte Rodrigues pour s’installer à Maurice – Laura n’a que cinq ans – dans les environs de MontagneLongue. Ses souvenirs de son île natale sont vagues.

Laura et sa mère Miellette : des larmes de joie et de fierté…

Marie-Paule Pierre-Louis.

Marie Laine Philippe, la nouvelle directrice de la MBC à Rodrigues et le constable Pawan.

Les élèves de Polytechnics Mauritius.

Laura Samoisy.

Alain Wong So,commissaire du Tourisme.

Guito Simiette, le directeur de «C-Mourouk»

Finlay Salesse était le maître de cérémonie lors de cette soirée.

Laura poursuit sa scolarité primaire dans une école du village de Camp-La-Boue (NdlR : Mohabeer Foogooa Government School où elle a dû côtoyer un membre de la famille Meenowa dont nous dressions le portrait dimanche dernier) où ses parents habitent avant d’émigrer vers Pointe-aux-Sables. Elle va par la suite intégrer le collège Bhujoharry à la rue Wellington à Port-Louis. «C’est à Camp-La-Boue que j’ai pris conscience de ma multiculturalité. Nous vivions dans le partage. Surtout au moment des fêtes.» À l’âge de 15 ans, elle retourne à Rodrigues pour la première fois pour des vacances depuis le départ de ses parents. Redécouvrant son village natal dix ans après, elle le trouve tout à la fois différent et renoue tout doucement avec sa culture et retrouvant ses cousins et cousines, forgeant ainsi une nouvelle connexion avec son île. Plus tard, elle termine son HSC en gardant encore des relations avec les professeurs qui l’ont marquée : Anne Marie Desmarais, Gisèle Savournaden et Pierrette Mauguerette entre autres. Elle travaille ensuite pour un centre d’appels et chez CMT. Les circonstances la poussent vers son île natale à l’âge de 21 ans où son parrain l’héberge à Deux-Goyaves. Elle se retrousse les manches et travaille comme serveuse au restaurant Le Capitaine. Elle répond à un appel à candidatures dans la fonction publique rodriguaise ; mais la réponse tarde et elle rentre à Maurice pour recevoir quelque temps plus tard une réponse favorable.

À 23 ans, retour à Rodrigues où elle intègre la fonction publique de la nouvelle île autonome en tant que *clerical officer *à la commission de la Santé, poste qu’elle occupera pendant cinq ans. Aspirant à explorer de nouveaux horizons, elle retourne à Maurice en 2017 pour réaliser son rêve de devenir journaliste. Elle débute comme journaliste web dans un centre d’appels, puis rejoint la rédaction du premier magazine de santé de l’île, Oxygène, dirigé par feu Colin Mayer. Après le décès tragique de ce dernier en Allemagne lors d’un accident d’une rare violence, Oxygène est repris par le groupe La Sentinelle. Laura rejoint ce grand groupe, passant par Radio One alors en partenariat avec La Sentinelle, où nos chemins se croisent dans les couloirs de la station à la rue Brown-Séquard Port-Louis avant qu’elle ne prenne son poste à 5-Plus Dimanche du groupe La Sentinelle où j’ai été rédacteur en chef.

Direction Paris

En 2017, Laura donne une nouvelle orientation à sa vie. Elle s’installe en région parisienne en France et se reconvertit dans la communication. Elle reprend ses études à l’école de commerce Enaco, obtient son diplôme, puis se lance dans l’entrepreneuriat en créant sa propre boîte de communication, L-OZ, sous le statut d’auto-entrepreneur.«Le ‘L’ symbolise la première lettre de son prénom, mais aussi une ode à ELLES, représentant les femmes qui osent prendre leur destin en main, entreprendre et dépasser leurs limites, expliquet-elle. Parallèlement, elle se lance dans le social avec la création de deux organismes : Les petits frères des pauvres et Repozen.

L-OZ conduit Laura à gérer la communication du festival international de kite surf l’année dernière à Rodrigues ; un événement qui effectuait son grand retour après quatre ans d’absence due au Covid. La communication autour de l’événement a été un succès, ce qui a mené Laura à collaborer avec l’office du Tourisme de Rodrigues et la commission du Tourisme lors de l’International and French Travel Market (IFTM Top Resa) à Paris l’année dernière, ainsi que cette année lors du Salon mondial du Tourisme et Destination Nature. Laura estime que son île manque de visibilité à l’échelle mondiale par rapport à Maurice, malgré les efforts déployés par la commission et l’office du Tourisme. En visitant ces salons, Laura constate que presque toutes les destinations ont leur propre magazine de promotion. C’est ainsi que l’idée de lancer un magazine pour promouvoir Rodrigues, sa culture, sa richesse et son peuple a germé.

Cette collaboration avec la commission du Tourisme s’est confirmée jeudi soir avec la présence d’Alain Wong So dont le discours ne souffrait aucune ambigüité. Hello Rodrigues devient ainsi un bel outil pour la promotion du tourisme rodriguais. Il a profité de l’occasion pour réaffirmer sa vision du tourisme à Rodrigues et pour souligner avec des statisques les plus encourageantes, le progrès accompli dans ce domaine. Guito Simiette, le nouveau directeur de C-Mourouk, est allé dans le même sens : «Hello Rodrigues est un magazine qui vise à refléter la richesse et la beauté de Rodrigues. À travers ses pages, les lecteurs découvriront les trésors cachés de notre île, les saveurs de notre cuisine, les talents de nos artisans, et les événements qui rythment notre vie quotidienne. Je suis fier de soutenir cette initiative qui s’aligne parfaitement avec notre vision de promouvoir un tourisme authentique et respectueux de l’environnement.» Marie-Paule Pierre-Louis, d’Eco Ballade, a obtenu un Bronze Award au concours Sustainable Tour Mauritius Award 2024, alors que des certificats ont été remis à six élèves de Polytechnics Mauritius de Baie-Malgache. Une soirée que Laura Samoisy n’oubliera pas de sitôt.