Les animaux font parfois la une des journaux. Pour le moment, ils s’intéressent de près au commerce des singes. Les meutes de chiens errants dans les rues les intéressent moins au bénéfice des «rats qui dansent» (normal à l’opéra), des nids-de-poule, une spécialité locale de nos routes, et, surtout, en période pré-électorale, la mouche. Cette dernière va pulluler avant le choix des candidats. Énigme finale.

Des rats prolifiques

On laisse même entendre qu’il y aurait autant de rats que d’habitants. Ces rongeurs aux dents tranchantes suscitent le dégoût mais eux aiment les égouts. Raison pour laquelle il ne faut pas les confondre avec les petites souris. Les rats hantent littéralement nos marchés comme à Port-Louis et à Curepipe en balançant leurs déjections sur des produits alimentaires. Au Bazar central, un rat a salement mordu l’orteil d’une dame qui achetait des légumes et il n’a pas voulu lâcher prise. Pas un chat en vue. Ils n’aiment pas les chat... was?

Ce rongeur transporte des bactéries ou des virus. Dans le passé, il a même provoqué la peste. En français comme en créole, il qualifie un avare (pos kanzé?). Dans le domaine politique, on les reconnaît facilement parce qu’ils sont les premiers à quitter le navire quand ils sentent que la défaite ou plutôt la ratière se profile. Vaut mieux se munir de mort-aux-rats ou adopter des chats. Astuce surprenante pour éloigner les rats de votre domicile ; à la place de pièges, mettez un peu de.... dentifrice sur un bout de carton ou de feuille d’aluminium aux endroits où ils ont l’habitude de passer ; et constatez le résultat au bout de quelques jours.

Poule sur pattes

Nous sommes le seul pays au monde où on peut lire sur certaines pancartes le long des rues «ici on vend poule sur pattes». Ça étonne toujours l’étranger qui pourrait se demander s’il existe donc chez nous des poules sans pattes ! Il s’agit tout simplement de poule élevée dans la cour à l’air libre et non en batterie. Nous éviterons de vous poser l’éternelle énigme restée toujours sans réponse : qui est né en premier l’œuf ou la poule ?

Par ailleurs, il est vrai que la hausse de féminicides ou de crimes peut donner la chair de... poule. Une certaine barbarie semble ne pas avoir de limites jusqu’à faire de nous, en certaines circonstances, des poules... mouillées. Comme tous les maris, c’est le chef qui se met à chanter quand l’enfant naît mais c’est l’épouse qui pond l’œuf.

Les poules les plus fréquentes dans la nature en dehors des swimming pools ou des pools de pronostics sur le foot anglais sont des «nids-de-poule», crevasses profondes, voire petites cavernes, qui décorent nos routes principales. L’un de ces trous béants a causé récemment la mort d’un motocycliste. Habitants de la localité et automobilistes comme ceux de l’avenue Pigeot à Plaisance (Rose-Hill) ont beau réclamer réparation. Idem pour la route parallèle à la route côtière à Flic-en-Flac. Quand cesserontils d’entretenir nos «nids-de-poule» d’autant que la pluviosité récente n’a rien arrangé. Quand les poules auront des dents ? Ça risque de se poursuivre car, comme le chantait le regretté Serge Lebrasse, «dan dizef poul pa kapav gagn tikanar».

«La mouche du coche»

Après la rigolade, passons aux choses sérieuses. Vous ne l’aurez peut-être pas remarqué parce que c’est assez subtil ; plus la liste des candidats sera divulguée, plus juste avant il y aura dans l’air et dans les médias une forte hausse de mouches du coche. Mais que veut dire cette expression popularisée par une des fables de La Fontaine ? Cette définition donne la clef de l’énigme. La mouche du coche s’applique à celui qui s’agite beaucoup inutilement pour obtenir un ticket. Comme les mouches autour des yeux des chevaux ou des bœufs, elles se collent à leurs proies.

Elle prétend s’attirer tous les mérites alors qu’en réalité elle n’a rien fait pour remporter la victoire. Vous ne voyez toujours pas de qui il s’agit et quel est le lien entre cette mouche qui vole et bourdonne dans tous les sens quand le leader politique de son bord est en visite dans la circonscription qu’il convoite. Véyer séké! Ces visites pré-électorales des leaders sont validées et balisées d’avance par les agents du parti. C’est là qu’il faut être circonspect et ouvrir l’œil sur tout déplacement à pied quand un ex-ministre ou un prétendant à la candidature se veut la mouche du coche.

Un tuyau pour vous mettre sur la piste de la mouche en question. Regardez les images à la télé sur cette visite. Oubliez le leader qui connaît d’avance le parcours. Vous verrez assez vite certains qui jouent des coudes pour fendre la petite foule et bousculer gardes du corps et policiers afin de se rapprocher le plus possible du leader tout en surveillant du regard l’angle de prise de vue de la caméra télé.

Il gagne le jackpot quand non seulement il réussit à se retrouver à côté même du leader et se fait un devoir d’engager une petite conversation même si c’est du bidon avec la personnalité. Non seulement la mouche en question capte son attention mais elle est assurée de se voir au JT ; pour elle, un vrai sésame dont elle pourra se vanter auprès des électeurs de la circonscription. Parfois, elle tente même de lui tendre ou à son entourage immédiat un message griffonné en... patte de mouche. Quelle mouche l’a donc piquée ?

Quand le chef va prendre la parole, elle joue à la sentinelle et fait en sorte qu’on ne puisse pas entendre une mouche voler. Attention, pas d’excès de zèle, sinon le prophète va prendre la... mouche. Mais il fait la claque quand ce dernier fait mouche avec une punchline contre la partie adverse. Si son stratagème est payant, il n’aura pas raté le... coche. Ayez l’œil sur cette petite course-poursuite d’exministres ou candidats en devenir.

La plus fine mouche ne se répand pas dans la mêlée et se fait une place quand le coche (la voiture) va repartir. Il glissera peut-être quelques mots par la porte entrebâillée. Lui ne ferait pas de mal à aucune mouche mais il aura le dernier mot, celui qui compte, grâce à un fleuret... moucheté. Ainsi va la campagne pré-électorale et à La Fontaine de conclure :

«Ainsi certaines gens faisant les empressés s’introduisent dans les affaires : ils font partout les nécessaires ; et, partout, importuns, devraient être chassés.»

Li pou tasé ar li!