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L’électeur face aux mythes et réalités

19 octobre 2024, 12:00

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L’électeur mauricien, à l’approche des élections du 10 novembre, se trouve à la croisée des chemins, naviguant entre mythes et réalités, dans un paysage politique en mutation. Ce n’est pas un choix anodin, ni une simple obligation civique; c’est un acte façonné par l’histoire, les croyances et les attentes. Chaque pays hérite de mythes fondateurs, chaque nation transporte avec elle des récits, qui façonnent sa conscience collective. Et c’est cette mémoire, entre illusions et vérités, qui influence profondément l’électeur dans l’isoloir.

Il faut se rappeler qu’à chaque époque, des idéologies tentent de dominer le débat. Le siècle dernier a vu le fascisme, le communisme et le libéralisme s’affronter pour l’hégémonie mondiale. Aujourd’hui, il ne reste que des variantes du libéralisme, portées aussi bien par un Barack Obama que par un Donald Trump ou un Narendra Modi. Ces figures, si différentes dans leur approche, révèlent un même fil conducteur : la manipulation de l’image et des idées pour captiver les masses.

Dans ce contexte, le Mauricien du XXIe siècle se trouve lui aussi face à des narrations construites de toutes pièces, où la répétition d’un mensonge peut devenir, pour certains, une vérité.

La propagande n’est pas nouvelle dans l’histoire politique. Elle a pris des formes diverses, des machines de guerre idéologiques soviétiques à celles du régime nazi. Ce qui change aujourd’hui, c’est la vitesse à laquelle les mythes se propagent. Les réseaux sociaux, avec leurs faux profils et trolls, font écho aux anciennes techniques de manipulation, mais à une échelle sans précédent. La vérité se trouve alors noyée dans un océan de «faits alternatifs», et l’électeur doit faire preuve de discernement pour distinguer le vrai du faux.

Face à cela, la campagne électorale du 10 novembre sera marquée par une bataille narrative : d’un côté, des promesses de croissance et de prospérité ; de l’autre, une réalité marquée par des chiffres alarmants, qu’il s’agisse de la dette publique ou du déficit budgétaire. Et pourtant, les enjeux économiques, bien que cruciaux, ne seront pas les seuls sur la table. Le contrôle des médias, la libéralisation de l’audiovisuel, et surtout, la nécessité de réinventer le paysage politique mauricien au-delà des quatre dynasties politiques traditionnelles, demeurent au coeur des préoccupations.

La question qui se pose alors est simple : qui incarne le changement ? Qui, parmi les acteurs politiques, saura répondre aux attentes de ce «grand bassin d’indécis», qui constitue presque la moitié de l’électorat ? Ce bassin, riche d’esprits nouveaux et de voix en quête d’alternatives, sera la clé de cette élection. Les dynasties politiques, ces héritiers d’un passé glorieux ou controversé, conserveront-elles encore la mainmise sur l’avenir du pays ? Ou bien, comme l’espèrent beaucoup, un souffle nouveau émerge-t-il, porteur d’une vision différente, d’une rupture avec les schémas d’hier ?

Le 10 novembre, l’électeur devra choisir. Entre la continuité et le changement. Entre les mythes et les réalités. Mais surtout, il devra choisir en son âme et conscience, en s’appuyant sur des faits tangibles, et non sur des récits habilement manipulés. Ce jour-là, l’avenir de la nation sera entre ses mains.