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Les papas divorcés à Maurice : une réalité taboue et méconnue

10 octobre 2024, 09:36

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Les papas divorcés à Maurice : une réalité taboue et méconnue

SOS PAPA, une association mauricienne, se bat pour les droits des papas divorcés et séparés. La vision ? Pour le bien-être de l’enfant. Leur but ? Que les papas aient les mêmes droits que les mamans en ce qui concerne la garde des enfants. Ce n’est pas une tâche facile dans une société où la garde est très souvent accordée majoritairement à la mère.

À Maurice, comme dans beaucoup de pays, le divorce est une réalité qui touche de nombreuses familles. Mais derrière les statistiques et les procédures judiciaires se cache une situation souvent ignorée : celle des papas divorcés qui luttent pour maintenir un lien avec leurs propres enfants. «Les papas souffrent quand ils ne voient pas leurs enfants», déclare Darmen Appadoo, président de l’association SOS Papa. Cette phrase simple résume un problème complexe qui affecte de nombreux hommes dans notre île.

«In the best interest of the child»

Chaque année, de nombreux enfants mauriciens se retrouvent pris entre deux feux lors d’un divorce. Ils souffrent de l’éloignement de leur père, surtout quand les conflits entre adultes prennent le dessus. Les fêtes, moments censés être joyeux, deviennent alors des périodes difficiles pour ces familles séparées. Ces mêmes enfants n’ont pas leur mot à dire dans des procédures légales, ces mêmes procédures qui sont censées porter des solutions pour leur bien-être.

La seule association qui milite activement contre la violence domestique envers les hommes à Maurice. En même temps que nous luttons pour le bien-être des enfants, nous combattons aussi la violence domestique envers les hommes. Ces deux combats sont intimement liés. Les enfants exposés à la violence domestique développent des problèmes émotionnels et de comportement. De plus, les pères victimes de violence rencontrent tout le temps des difficultés à maintenir une relation saine avec leurs enfants, ce qui affecte leur développement à long terme. SOS Papa Moris souligne que la violence domestique, quelle que soit la victime, crée un environnement toxique pour les enfants.

Un ministre de l’Égalité des genres

Étonnamment, les problèmes de violence domestique envers les femmes sont pris plus au sérieux par tous les ministères de l’Égalité des genres de tous les gouvernements, dirigés exclusivement par des femmes. Ces mêmes ministres femmes ont tout le temps bénéficié des votes des hommes. Mais une fois élues elles agissent en tant que féministes et défenseuses exclusives des droits de la femme au détriment de ces hommes qui les ont élues. L’ironie du sort, c’est que la nomination d’un homme comme ministre de l’Égalité des genres n’a jamais été entretenue mais a été plutôt tournée en dérision. Et récemment, notre proposition pour la nomination d’un homme comme Ombudsperson for children a également été ignorée. La question qu’on se pose est très simple : est-ce que les hommes ne sont pas habilités à travailler pour le bien-être des enfants ?

Le combat juridique

Pour beaucoup de papas divorcés, voir leurs enfants devient un véritable parcours du combattant. Les démarches judiciaires sont longues, coûteuses et souvent décourageantes. SOS Papa a aidé beaucoup de papas dans ces procédures complexes. Mais combien d’autres abandonnent en cours de route, découragés par la bureaucratie et les procédures discriminatoires ? Étonnamment, ces droits de visite ou d’hébergement sont garantis dans nos lois pour les papas. «Aller en cour pour faire une demande pour voir ses propres enfants, c’est dur», confie un père volontaire de l’association. «On se sent comme un criminel alors qu’on n’a commis aucun délit. On souhaite juste être présent dans la vie de nos petits et surtout jouir de notre paternité.»

Le système judiciaire mauricien, comme dans beaucoup de pays, a tendance à favoriser les mamans dans les cas de garde d’enfants. Cette situation créée avec de bonnes intentions est discriminatoire légalement et a des effets pervers sur les relations pères et enfants.

Un sujet tabou

Le plus inquiétant, c’est peut-être le silence qui entoure ce problème. Beaucoup de papas divorcés n’osent pas en parler du fait que les autorités ne reconnaissent que les femmes victimes. La honte, la peur du jugement des autres les poussent à se taire. Ils gardent leur souffrance pour eux, ce qui apporte de graves conséquences sociétales et familiales.

Témoignage

«J’ai perdu mon travail, mes amis, et la raison», raconte un père qui a souhaité rester anonyme. «Je ne voyais plus mes enfants que deux fois par mois. C’est insupportable et injuste.»

Ces désespoirs silencieux poussent certains hommes vers des comportements destructeurs tels que l’alcool, la drogue et le jeu qui deviennent des échappatoires dangereuses du fait qu’ils sont mal compris et n’ont pas de soutien approprié pour trouver des solutions rapides et humaines. Ces papas, déjà fragilisés par leur situation, tombent automatiquement dans l’exclusion sociale.

L’impact sur les enfants

Les enfants sont les premières victimes de ces situations. Grandir sans la présence de son père peut avoir des conséquences néfastes à long terme. «Les enfants ont besoin de leurs deux parents pour se construire», explique un expert dans les relations familiales. «Même séparés, les parents doivent mettre leur rancoeur de côté pour le bien-être de leurs enfants.»

Des études ont démontré que les enfants de parents divorcés qui maintiennent de bonnes relations avec leurs deux parents ont de meilleures chances de réussite scolaire et sociale. À l’inverse, ceux qui perdent le contact avec l’un de leurs parents peuvent développer des problèmes de comportement ou des difficultés relationnelles nuisibles à la société.

Un enjeu économique et social

Le problème des papas divorcés n’est pas seulement une question familiale. C’est aussi un enjeu économique et social pour Maurice. Des papas qui perdent pied dans la société, c’est autant de travailleurs, de citoyens qui ne peuvent plus contribuer pleinement à la vie du pays.

«On parle beaucoup de l’égalité homme-femme au travail, mais il faut aussi en parler dans la famille», souligne un sociologue mauricien. «Une société équilibrée a besoin de papas présents et impliqués.»

Des solutions à trouver

Face à cette situation, des voix s’élèvent pour demander des changements. SOS Papa propose plusieurs pistes :

Une révision des lois sur la garde des enfants pour favoriser la garde partagée quand c’est possible.

Une sensibilisation des juges et des travailleurs sociaux aux droits des papas.

Un accompagnement psychologique pour les papas en difficulté.

Des campagnes d’informations impliquant hommes et femmes pour briser le tabou autour de ce sujet.

«Nous ne sommes pas en faveur d’une bataille de sexe sur un sujet d’intérêt national du fait que les hommes et les femmes sont complémentaires», insiste Darmen Appadoo. «C’est un combat pour le bien-être des enfants et pour une société plus juste et équitable.»

Certains pays ont déjà fait des progrès dans ce domaine. En France, par exemple, la garde alternée est de plus en plus fréquente. Maurice pourrait s’inspirer de ces exemples pour améliorer cette situation chaotique.

L’appel à l’action

Le problème des papas divorcés à Maurice est complexe, mais pas insurmontable. Il faut une prise de conscience collective et des actions concrètes.

Les papas eux-mêmes doivent oser parler et demander de l’aide quand ils en ont besoin. Les mamans doivent comprendre l’importance du rôle du père même après une séparation. La société dans son ensemble doit être plus attentive à cette réalité visiblement ignorée.

À Maurice, comme ailleurs, le chemin vers une véritable égalité parentale après le divorce est encore long. Mais chaque pas dans cette direction est un pas vers une société égalitaire et plus heureuse. La question fondamentale qu’on se pose est : «Are we aiming for a fatherless society?».

Des écrits qui restent sont mieux que de belles paroles qui s’évaporent

Pendant les élections, les belles paroles sont grandioses et agréables à entendre tandis que tous les électeurs savent très bien que les paroles s’estompent comme un écho qui s’éloigne une fois le scrutin passé. Nous disons cela en connaissance de cause parce que nous avons soumis plusieurs dossiers résumant nos observations et proposant des solutions concrètes mais malheureusement, nos efforts semblent être tombés dans l’oreille d’un sourd au sein des institutions et autorités concernées. L’appel est ainsi lancé aux politiciens engagés dans ces présentes élections législatives en espérant que notre plaidoyer sera pris en considération pour un meilleur avenir pour nos concitoyens.

Pour terminer, nous souhaitons que les élections se déroulent dans le calme et le respect de tout un chacun.