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Cancer du sein

Les traitements à l’hôpital, est-ce si mal ?

6 octobre 2024, 17:00

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Les traitements à l’hôpital, est-ce si mal ?

Octobre Rose. Il s’agit du nom donné à la campagne mondiale de sensibilisation au cancer du sein, qui se déroule chaque année au mois d’octobre. L’objectif principal : promouvoir l’information, le dépistage précoce et le soutien aux personnes touchées par cette maladie. À Maurice, le cancer gagne malheureusement du terrain. Et le cancer du sein est le premier sur la liste des cancers qui frappent la femme mauricienne. Les dernières statistiques officielles du ministère de la Santé révèlent qu’elles sont 617 à avoir contracté la maladie en 2022. Pour lutter contre, les traitements offerts par le gouvernement s’avèrent tout de même efficaces.

Vimla Dabysingh : «Le dépistage précoce est essentiel»

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Vimla Dabysingh, une mère de famille, a vu sa vie basculer en 2017 lorsqu’elle a été diagnostiquée d’un cancer du sein. À l’époque, elle n’avait que 45 ans. Active, dynamique et entièrement dévouée à sa famille, elle ne s’était jamais imaginé que sa santé pourrait un jour être gravement compromise. «On ne pense jamais que ça peut nous arriver, jusqu’au jour où ça frappe à notre porte», raconte-t-elle.

Tout a commencé de manière anodine. «J’avais remarqué une petite grosseur dans mon sein, mais elle était douloureuse, alors je me disais que ce n’était rien de grave», explique cette combattante. Comme beaucoup de gens, elle croyait à tort que le cancer du sein ne provoquait pas de douleur, et qu’il s’agissait peut-être d’un simple abcès ou d’une inflammation bénigne. La douleur ne l’inquiétait pas outre mesure. Elle poursuivait son quotidien, travaillant dans une garderie. «Un jour, en soulevant un bébé dont la maman était médecin, j’ai ressenti une douleur vive, plus intense que d’habitude. À partir de là, j’ai commencé à m’inquiéter», dit-elle. «J’ai informé le médecin de la douleur et elle m’a immédiatement demandé de venir dans une chambre pour un examen. En m’examinant, elle a noté la grosseur et m’a demandé si elle était douloureuse. Au début, elle a pensé que c’était peut-être un poil incarné qui provoquait cette douleur, mais il n’y avait pas de poil à cet endroit. Je n’avais jamais eu ce genre de problème dans ma famille, j’étais la première.»

Par la suite, elle a commencé à avoir de la fièvre et des vertiges. Un jour, le même médecin a remarqué que son teint était devenu plus foncé. «Je lui ai répondu que mon sein me faisait toujours mal. Elle m’a conseillé d’aller à l’hôpital. Quand j’y suis arrivée, trois semaines après son premier examen, elle a constaté que la grosseur avait augmenté en taille. J’ai été rapidement opérée. Au début, je pensais que c’était un abcès ou une boule de graisse. Pendant l’opération, j’ai même plaisanté avec le médecin pour qu’il ne laisse pas de cicatrices sur mon sein. Ils ont réussi à faire une petite cicatrice, car la grosseur mesurait deux centimètres et demi. On m’a informée qu’ils enverraient la grosseur au labo pour analyse. À ce moment-là, je ne savais pas que c’était un cancer…»

Dix jours plus tard, Vimla Daybsingh retourne à l’hôpital pour un contrôle. «En arrivant, le médecin ne me regardait pas, ce qui m’a étonnée, et après je devais aller travailler. Son visage affichait un air grave, tandis que je souriais et lui disais que je devais partir. Elle m’a demandé d’attendre et m’a informée que le spécialiste allait me voir. En entendant cela, j’ai compris que quelque chose n’allait pas. J’ai eu mes résultats en dix jours, ce qui était inhabituel. En présence du médecin, j’ai dit que j’étais contente que la cicatrice soit petite. Elle m’a demandé de garder mon sourire, mais je me suis sentie seule. Elle a ensuite révélé que mes tests avaient montré que j’avais un cancer du sein. J’ai plaisanté, pensant que mes résultats avaient été échangés, car je ne savais pas vraiment ce qu’était le cancer. Le médecin m’a dit qu’elle avait appelé le laboratoire à l’hôpital de Candos cinq fois pour confirmer le diagnostic. C’était un jeudi et elle m’a demandé de venir avec ma famille le lundi suivant», se remémore-t-elle.

À ce moment-là, elle ne réalisait pas vraiment qu’elle était malade. «Pour moi, tout cela semblait encore être une plaisanterie, car je ne connaissais pas la gravité du cancer. J’ai commencé à pleurer, me demandant ce que cela signifiait. Lorsque l’on parle de cancer, on pense à la mort, et mes enfants étaient encore petits. Je ne savais même pas s’il fallait enlever mon sein, je pensais simplement que j’allais mourir. Le médecin m’a montré combien de femmes étaient traitées pour le cancer dans la salle. En rentrant chez moi, je n’ai rien dit à personne. Mon mari m’a demandé si tout s’était bien passé et je lui ai simplement répondu oui, sans mentionner le mot cancer. Lors de mon opération, mon mari et mes enfants étaient avec moi. Le médecin m’a expliqué que le sang s’était répandu autour de mon sein pendant l’opération et m’a dit de me faire opérer rapidement pour ne pas mourir. Ce n’est que le lundi suivant que le médecin m’a tout expliqué sur la maladie. Il m’a informée que je devais subir une ablation du sein, et je lui ai dit non. J’ai exprimé mon désir de consulter un médecin du privé bien que je ne disposais pas des moyens financiers nécessaires», se rappelle cette mère de famille.

Les traitements à l’hôpital public et la lutte quotidienne

Après avoir reçu le terrible diagnostic, elle prend finalement une décision importante : se faire soigner à l’hôpital. «Je recommande vivement aux gens de faire leur traitement à l’hôpital public», confie-t-elle. «J’ai été opérée et soignée à l’hôpital, et je dois dire que les soins que j’y ai reçus étaient excellents.»

Dès son diagnostic, l’équipe médicale a pris en charge son traitement avec professionnalisme. «Le choc du diagnostic était immense, mais l’équipe m’a tout de suite rassurée», se souvient-elle. Rapidement opérée, elle explique que l’intervention s’est déroulée sans complication majeure : «Mon chirurgien a fait en sorte de laisser une cicatrice aussi petite que possible, et cela m’a beaucoup aidée, tant physiquement que psychologiquement.»

Après l’opération, la chimiothérapie a marqué le début d’un autre combat. «C’est un parcours extrêmement difficile», à cause de la dureté du traitement. «La chimio attaque non seulement les cellules cancéreuses, mais aussi les cellules saines du corps. Je me sentais épuisée, et dès la première session, j’ai perdu mes cheveux.» Les effets secondaires se sont accumulés, mais malgré cela, elle se sentait bien entourée. «L’équipe soignante était toujours disponible, prête à m’écouter et à m’expliquer chaque étape. Je sentais qu’on prenait soin de moi, même si les hôpitaux publics sont souvent débordés.»

Impressionnée par le professionnalisme des médecins, mais aussi par la réactivité du personnel dans des situations critiques. «À un moment donné, les équipements nécessaires à mon traitement étaient en panne à l’hôpital», se souvient-elle. Mais son médecin n’a pas perdu de temps et a rapidement organisé son transfert en Inde pour poursuivre les soins. «J’ai pu partir à Chennai pour ma radiothérapie, et c’était crucial pour ma guérison.»

Malgré des moyens parfois limités, elle affirme que le service public est capable d’offrir des soins de qualité : «Même avec des ressources modestes, les hôpitaux publics m’ont apporté tout ce dont j’avais besoin.» Elle encourage d’ailleurs d’autres personnes à faire confiance aux hôpitaux publics : «Au lieu de dépenser une fortune dans les cliniques privées, j’ai reçu les mêmes soins, voire mieux, dans le public, et avec un soutien moral en plus.»

Au-delà des traitements physiques, Vimla Dabysingh reconnaît que c’est le soutien moral de sa famille qui lui a permis de tenir le coup. «Sans mon mari et mes enfants, je n’aurais jamais pu traverser cette épreuve. Ils étaient là, à chaque instant, me soutenant moralement et m’encourageant à ne jamais baisser les bras.» Ce soutien inébranlable a été vital dans son processus de guérison, mais elle souligne également l’importance du soutien psychologique. «Le cancer ne touche pas que le corps. Il affecte l’esprit, et sans un accompagnement psychologique, il est difficile de tenir. C’est un miracle que je sois toujours vivante, et je crois que c’est grâce à la force mentale que j’ai pu développer au fil du temps.»

Aujourd’hui, Vimla est en rémission, mais elle reste vigilante. «Je continue à me faire dépister régulièrement. Certaines personnes cachent leur maladie, mais il ne faut pas. Il est essentiel de se faire dépister tôt.» Elle encourage tout le monde à ne pas avoir peur de cette étape cruciale.

Elle insiste également sur l’importance des campagnes de sensibilisation, comme Octobre Rose, qui permettent de lever le tabou entourant le cancer et d’éduquer le public sur la détection précoce. «Grâce à l’éducation, on peut aider les gens à détecter la maladie à temps.» Aujourd’hui, Vimla Dabysingh mène une vie plus saine. «Je ne bois plus d’alcool, je mange rarement de la viande rouge et je fais attention à ce que je mange.» Elle a fait de nombreux sacrifices pour garder la maladie à distance, mais elle se dit plus forte après avoir traversé cette épreuve.