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Maurice à mi-chemin entre les États-Unis et l’Afrique

28 août 2024, 09:05

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Voyant l’Afrique comme le prochain moteur de croissance de l’économie mondiale et comme un centre névralgique d’un point de vue géopolitique, les États-Unis n’entendent pas abandonner le terrain à la Chine, à l’Inde principalement, mais aussi au Qatar et aux Émirats arabes unis. La tenue de la troisième édition de l’U.S-Africa Business Summit à l’hôtel InterContinental la semaine dernière a été l’occasion pour l’US Counselor for Commercial Affairs, Cynthia Griffin, de baliser les contours de la stratégie économique américaine pour l’Afrique et de voir comment Maurice s’inscrit dans cette équation.

Depuis l’an 2000, la pierre angulaire de la politique et commerciale des États-Unis en Afrique était centrée principalement autour de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Après un temps d’incertitude, les Américains ont exprimé la volonté de sceller durablement ce pacte économique avec les pays de l’Afrique subsaharienne. Une volonté qui s’est traduite par l’annonce de l’adoption de l’AGOA Renewal and Improvement Act. Ce texte, qui prévoit l’extension de l’AGOA jusqu’en 2041, soit pour une période de 16 ans à partir de 2025, ne sera toutefois pas adopté par le Congrès américain cette année en raison du calendrier électoral.

En attendant le prolongement de l’AGOA, les industriels locaux prennent leur mal en patience. En raison du manque de visibilité, les clients, qui passent généralement leurs commandes 18 mois en avance, étaient dans l’attente. Mais l’assurance donnée par les autorités américaines qu’elles continueront à cheminer avec l’Afrique pendant encore longtemps a rasséréné aussi bien les opérateurs que les clients. Un éventuel retour du Républicain Donald Trump à la Maison-Blanche ne devrait, par ailleurs, pas représenter une menace pour l’AGOA du fait que l’ancien président est pleinement conscient des enjeux économiques et géostratégiques dans cette partie du monde, avec l’intensification de la présence de la Chine et de la Russie.

L’autre crainte, c’était que l’accession de Maurice au statut de pays à revenu élevé ne vienne le disqualifier car, à la base, seuls les pays les moins avancés étaient éligibles à tous les avantages sous l’AGOA, comme la possibilité d’obtenir une dérogation pour s’approvisionner en matières premières auprès de pays en dehors de cette zone. Avec les nouvelles dispositions contenues dans l’AGOA Renewal and Improvement Act, Maurice bénéficiera d’une période de 10 ans d’éligibilité à une couverture sous l’AGOA à partir du moment où il sera élevé au rang de pays à revenu élevé. Cette prérogative est placée sous l’autorité du président américain.

Depuis son adoption en 2000, l’AGOA a été un catalyseur pour l’industrie manufacturière, ce à une période critique où l’accord multifibres expirait et où les industriels craignaient une perte de compétitivité significative. Ainsi, selon les chiffres officiels, Maurice a exporté pour 3,8 milliards de dollars de vêtements vers les États-Unis depuis 2000. En 2022, 85 % des exportations mauriciennes de textile ont bénéficié d’une exonération de droits de douane aux États-Unis grâce aux préférences de l’AGOA.

Sur le plan économique, les États-Unis demeurent l’un des plus gros partenaires de l’Afrique avec des investissements directs étrangers (IDE) totalisant 56,29 milliards de dollars en 2023. Sur Maurice, les flux d’IDE totalisaient 147,8 millions de dollars l’année dernière. Pour les Américains, Maurice représente un double attrait : le pays a besoin d’IDE notamment dans les énergies renouvelables et le secteur des biotechnologies, et son centre financier international constitue une porte d’entrée pour canaliser les capitaux américains dans des projets en Afrique.

Il faut savoir que les investisseurs institutionnels américains connaissent bien notre secteur du global business. À ce jour, ils représentent environ 20,7 % des flux d’IDE qui transitent par la juridiction mauricienne, soit un montant colossal d’environ 78,49 milliards de dollars. Ces investissements atterrissent surtout en Inde. Fort de sa réputation comme une juridiction de substance se conformant pleinement aux exigences de l’Organisation de coopération et de développement économiques et du Groupe d’action financière, Maurice pourrait, à l’avenir, domicilier un plus grand nombre de sociétés américaines ayant pour vocation d’investir dans des secteurs porteurs en Afrique, comme la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables et les projets de santé.