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Environnement

Maurice s’inspire de La Réunion pour la Responsabilité élargie du producteur

11 septembre 2024, 21:00

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Maurice s’inspire de La Réunion pour la Responsabilité élargie du producteur

[Photo d'illustration]

La Responsabilité élargie du producteur (REP) est un principe environnemental de plus en plus adopté à travers le monde. Ce principe oblige les producteurs, importateurs et distributeurs à assumer la gestion des déchets générés par leurs produits tout au long de leur cycle de vie, depuis leur conception jusqu’à leur élimination. Cette approche, ancrée dans le principe du «pollueur payeur», vise à encourager la production de biens plus durables et recyclables, tout en minimisant leur impact environnemental. En Afrique subsaharienne, à l’exception de l’Afrique du Sud, la REP n’est pas encore largement réglementée, bien que certains pays commencent à explorer son potentiel pour améliorer la gestion des déchets et encourager des pratiques de production plus durables. L’île Maurice s’intéresse également à ce concept et cherche à l’intégrer dans ses politiques environnementales. Certaines sociétés privées sur l’île ont déjà commencé à adopter des initiatives de REP.

De passage à Maurice en août pour participer au Club des entre preneurs de l’économie circulaire, Christiane Albert, ancienne secré taire générale du SICR et du Cluster Green à La Réunion, retraitée depuis 2021, estime que la REP est un concept essen tiel pour la transition vers une économie cir culaire. En effet, la Responsabilité Élargie du Producteur (REP) a été introduite à La Réunion en 1975, dans le cadre de la loi française. Elle impose aux producteurs la responsabilité de la gestion des déchets générés par les produits qu’ils mettent sur le marché, de leur conception à leur fin de vie. À La Réunion, ce système a permis de détourner chaque année près de 60 000 tonnes de déchets de l’enfouissement. «Le principal défi a été de fédérer tous les metteurs en marché dans une même dynamique», explique Christiane Albert, soulignant l’importance de l’engagement collectif pour réussir. Grâce à la REP, La Réunion a également vu la création de nombreux emplois dans les secteurs du recyclage et de la gestion des déchets. De plus, la mise en place de ce système a encouragé l’émergence de nouvelles industries locales spécialisées dans le traitement des pneumatiques, des équipements électroniques et électriques, et bien plus encore.

Pour Maurice, la REP représente une opportunité unique de transition vers une économie circulaire. «Je crois que l’île Maurice réunit tous les ingrédients pour que cela fonctionne.» Cependant, Christiane Albert précise qu’il est essentiel de créer une base réglementaire solide, d’assurer l’engagement des metteurs en marché (producteurs, importa teurs) regroupés au sein d’éco-organismes, et de développer des infra structures de collecte et de recyclage adéquates. L’éco-conception est un autre avantage cru cial de la REP. Associée à une éco-contribution qui finance le recyclage, elle soutient que la REP incite les producteurs à introduire des produits recyclables sur le marché mauricien. Pour elle, l’expérience de la REP réunionnaise peut offrir des leçons précieuses pour Maurice.

Pas une taxe

Maurice doit égale ment adapter la REP pour soutenir ses petites et moyennes entreprises (PME) sans alourdir leur charge administra tive ou financière. «La REP n’est pas une taxe, c’est une juste contribution qui finance le traitement des produits en fin de vie, et le coût final repose sur le couple producteur/consommateur.»

Pour réussir, Chris tiane Albert avance qu’il est crucial d’engager toutes les parties prenantes, y compris les consommateurs, qui jouent un rôle essentiel dans la pérennisation des filières de recyclage. Elle souligne également l’importance des stratégies de sensibilisation et d’éducation pour encourager les bonnes pratiques. «Chaque filière doit développer une communication appropriée pour garantir son succès.»

La REP est aujourd’hui rendue obligatoire dans de nom breux pays, notamment en Europe, en Amérique du Nord, et en Asie, où elle a prouvé son effi cacité dans la réduction des déchets et le développement d’une économie circulaire. La REP est largement adoptée et réglementée par les direc tives européennes. Tous les États membres de l’UE, comme la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et les pays nor diques (Suède, Danemark, Finlande, Nor vège), ont mis en place des systèmes de REP pour divers produits, y compris les emballages, les équipements élec triques et électroniques (DEEE), les véhicules en fin de vie, les batteries et les pneus.