Publicité

Où est la rupture ?

23 octobre 2024, 09:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Le dépôt des candidatures 2024 n’est pas révolutionnaire, encore moins une promesse de rajeunissement. L’expérience des leaders/propriétaires de parti et l’ethnicité ou les patronymes (sans parler des «fils de» et des «filles de») demeurent LES atouts qui dominent les destins des femmes-candidates ou des jeunes. Du côté de Lepep : 20 candidats feront leur baptême du feu ; au total, dix femmes et 50 hommes. Le bloc Alliance du changement présente aussi dix femmes (soit 16,6 %) et environ 30 % de nouveaux candidats. Dans les deux camps, on reconnaît que cela n’est pas suffisant. Linion Reform, qui se présente comme la nouvelle force de frappe politique, fait un léger mieux mais demeure loin de la parité : 15 candidates sur 60 (25 %). Heureusement qu’il y a des candidates indépendantes qui osent et qui s’émancipent de His Master’s (Quite Old) Voice…

****** 

Deux anciens se bombent le torse. Paul Bérenger, à côté du débutant (dans la politique, pas dans la vie) Sydney Pierre, est ému d’en être à sa 12e participation à des élections générales ! Semblant lui donner la réplique, Ganoo monte les enchères : «Je suis probablement le seul à avoir été élu neuf fois de suite dans une seule et même circonscription, notamment le no 14.» Implicitement, Ganoo vient souligner que Bérenger avait dû changer de circonscription après une débâcle au no 18 pour se réfugier au no 19, où Jayen Cuttaree avait préparé le terrain pour lui…

****** 

En octobre 2019, l’express notait déjà l’absence de RUPTURE par rapport à la liste combinée des trois principaux blocs qui s’affrontaient : MSM-PTr/ PMSD-MMM. À relire nos archives, l’on constate qu’il n’y avait pas vraiment de changements promis. Navin Ramgoolam devenait alors le quatrième leader politique à changer de circonscription après un revers électoral. Avant lui, il y avait Paul Bérenger qui avait entamé sa carrière politique au no 18, où il avait été élu en 1976. En 1983, Bérenger sera battu mais repêché comme Best Loser, avant d’être battu de nouveau sans être repêché en 1987. En 1991, il a élu domicile au no 19, pour être sûr de retourner au Parlement, suite aux conseils de feu Cuttaree, entre autres.

Avant Ramgoolam, il y avait aussi le cas de Xavier-Luc Duval du PMSD qui avait changé de circonscription à plus d’une reprise : entre autres, du no 20 au no 17 et finalement au no 18. Il y a aussi le cas de Pravind Jugnauth qui avait fui le no 11 après une défaite (battu par le Rouge Sutyadeo Moutia qui, avec une avance de 38 voix seulement, lui avait raflé la troisième place en 2005), pour atterrir au no 8.

****** 

En 2019, on notait, en éditorial, qu’on ne pouvait parler de rupture quand l’on n’aligne, encore une fois, que 20 % de femmes alors que la loi Aimée pour nos collectivités locales préconise déjà un taux d’environ 30 % et que l’avant-gardiste SADC, elle, pousse depuis des âges pour un taux paritaire de 50 %.

Chez nous, les leaders s’applaudissent pour être arrivés à moins de 20 % et annoncent, pour la 100e fois, une refonte imminente du système électoral. Comme si la loi pouvait changer le machisme de nos leaders politiques. Or, la loi ne fait pas les gens. C’est le contraire qui est vrai dans une digne démocratie.

À voir les patronymes qu’on perpétue çà et là pour des raisons pas trop obscures, l’on peut aussi souligner l’absence des députés de proximité, comme jadis Mathieu Laclé qui n’a jamais voulu quitter sa cité Vallijee, malgré son ascension sociale. De nos jours, beaucoup de nos candidats sont issus des hautes Plaines-Wilhems mais sont délégués dans plusieurs circonscriptions rurales. Et puis l’on s’étonne de ne pas voir, une fois les votes récoltés, les députés sur le terrain. Autre phénomène grandissant : les avocats de Chambers divers qui s’organisent en cartel et qui semblent vouloir prendre la politique en otage. Et cela fait, selon eux, pas mal sur la carte de visite : avocat-parlementaire, même si les Jadoo-Jaunbocus et Rutnah n’ont fait honneur ni à la profession, ni à la législature, pour dire le moins.

Enfin, on peut parler d’immobilisme et non pas de rupture, quand le First Past The Post est resté figé, quand le financement demeure opaque, quand le «communalisme» pue, quand...