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Sècheresse

Revoilà le spectre du 24/sek

29 septembre 2024, 16:00

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Revoilà le spectre du 24/sek

Cela fait des années que les promesses autour d’un accès à l’eau 24h/7 pleuvent. Mais pratiquement tous les ans, c’est la même année. Alors qu’approche la période où la pluviométrie, les réservoirs se vident. Pendant que le pays souffre de stress hydrique, la population, elle, souffre de stress tout court. À l’approche des élections générales, un constat s’impose. Quitte à ce que ça soit un coup d’épée dans l’eau.

L’hydrologue Farook Mowlabucus explique que chaque année, de septembre à novembre, et parfois jusqu’en décembre, Maurice traverse une période sèche. «Octobre est d’ailleurs connu pour être le mois le plus sec. Ainsi, le manque de pluie depuis début septembre est une situation habituelle.» Toutefois, selon les données de la station météorologique, le mois d’août 2024 s’est avéré être le troisième mois d’août le plus sec des vingt dernières années. Des précipitations inférieures à la normale ont été enregistrées sur l’île au cours de ce mois, avec 61 mm, soit 56 % de la moyenne à long terme. Le plateau central a enregistré les précipitations moyennes les plus élevées, avec 105 mm, tandis que la région Nord a enregistré le pourcentage le plus élevé, soit 73 %.

Selon les prévisions pour les mois d’octobre et novembre, bien que les prévisions statistiques montrent une tendance normale, les précipitations cumulées de septembre à novembre ont été révisées à la baisse, avec environ 55 mm attendus pour octobre et 60 mm pour novembre. Outre les coupures relativement normales, impliquant des fermetures à certaines heures suivies de réouvertures pour garantir une distribution équitable, un «contingency plan» a été mis en place pour gérer la période sèche. Ce plan doit être validé par le ministère. Parmi les autres mesures de la CWA figurent la recherche de sources d’eau supplémentaires, l’utilisation des rivières, l’installation de stations de traitement mobiles et le forage de puits pour aider les villages en situation de stress hydrique. De nouveaux tuyaux sont également installés pour réduire les pertes d›eau et améliorer la pression. Un appel est lancé pour éviter le gaspillage de l›eau, en complément des coupures prévues. Les mesures nécessaires seront ajustées au fur et à mesure que la situation évolue.

Et qu’a-t-on fait à plus grande échelle ? Si le projet de dessalement d’eau de mer semble croupir au fond d’un vieux tiroir, au niveau du gouvernement, Rs 2,5 milliards ont été allouées dans le Budget 2024/2025 pour renforcer l’infrastructure en eau, incluant Rs 1,2 milliard pour remplacer des tuyaux dans des zones comme L’Escalier et Mahébourg, Rs 930 millions pour le barrage de Rivière-des-Anguilles – encore lui –, et Rs 345 millions pour moderniser des usines de traitement. Ce mois-ci, un nouveau réservoir de 2 500 m3 a été inauguré à Nouvelle-France pour alimenter les zones environnantes.

Mais face aux effets du changement climatique qui accélèrent la sécheresse, Farook Mowlabucus estime qu’il est nécessaire de construire de nouveaux réservoirs et d’accélérer des projets comme celui de Rivière-des-Anguilles pour mieux faire face à la réduction des pluies. «Si ce barrage avait déjà été construit, les problèmes d’approvisionnement seraient moindres dans certaines régions, avec une amélioration de la distribution d’eau dans le Sud, y compris Grand-Port, Savanne et la côte sud-ouest, du Morne à Tamarin. Il faut anticiper et mettre en place un système solide. Par exemple, le barrage de Bagatelle, construit pour répondre aux besoins du plateau central, permet de réduire la pression sur le réservoir de Mare-aux-Vacoas. En attendant la pluie, il est crucial de surveiller les niveaux des réservoirs et de gérer l’eau en conséquence, ce qui pourrait nécessiter des coupures d’eau dans certaines régions.»

Concernant la promesse d’un accès à l’eau 24h/24, 7j/7 selon l’hydrologue, cela n’est pas irréaliste, mais des mesures concrètes doivent être prises pour y parvenir. «Tout a déjà été énuméré, il ne reste plus qu’à mettre ces solutions en pratique. Sans cela, l’accès à l’eau 24h/24 restera un rêve.» Étant donné que les mois à venir pourraient être particulièrement secs, avec une pluviométrie potentiellement inférieure à la moyenne, il faudra suivre la situation de près.

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En chiffres

Le tableau indique le taux de remplissage au 27 septembre 2023 comparativement à celui de la même date l’année dernière. La baisse générale des taux de remplissage, à l’exception de quelques réservoirs dont La Nicolière et Mare-Longue, démontre la baisse de la pluviométrique indiqué par la météo.

(source : Water Resources Unit)