Retour en Inde au cœur de l’hiver, entre fin décembre 2023 et janvier 2024, pour Sarita Boodhoo. Un séjour à titre privé. Alors qu’elle n’aspire qu’à «aller au-delà de moi-même», auprès de personnes avec qui elle partage plus de 40 ans d’amitié, c’est la stupeur et la consternation dans le port de Calcutta.

Dans le port de Calcutta. Manque de respect au mémorial des engagés

Rendre hommage aux engagés qui ont embarqué du port de Calcutta, traversé le kala pani, pour aborder les rivages de Maurice.Étape obligée du voyage de Sarita Boodhoo en Inde. Après une année 2023 riche en activités, elle a souhaité se ressourcer. Plus exactement, «aller au-delà de moi-même».Passer Noël à méditer au pied de l’Himalaya, loin de la fureur et le bruit de festivités commerciales. Bon sang ne saurait mentir. Quand on se prénomme Sarita, ce qui signifie «fleuve», impossible de résister à l’appel du Gange. Tantôt près de la source, dans la région himalayenne. Tantôt à l’embouchure, dans la baie du Bengale.

Le mordant de l’hiver n’a pas gelé son enthousiasme. À la toute fin de décembre 2023, le nord-ouest de l’Inde a été frappé par une vague de froid. Sarita Boodhoo, toute emmitouflée, a affronté les basses températures du 27 au 30 décembre 2023. Direction la zone réservée du port de Calcutta où avait été inauguré un mémorial en l’honneur des travailleurs engagés, le 11 janvier 2011. Ce mémorial, qui est une initiative de la Global Organisation of People of Indian Origin (GOPIO), porte des inscriptions en anglais, hindi et bengali.

C’est à cet endroit que commençait le grand voyage. Les engagés embarquaient d’abord dans des petits bateaux qui les transportaient vers les navires en partance pour les colonies britanniques. Parmi : Maurice. Au préalable, Sarita Boodhoo a pris soin d’obtenir l’autorisation d’entrer dans cette restricted area, grâce à Gautum Chakravarty, un ancien deputy director de la Ports Authority, consultant en matière de patrimoine et auteur d’un ouvrage sur le port de Calcutta.

Sur place : choc, stupeur et consternation. En 2023, les autorités portuaires indiennes ont construit un restaurant «pratiquement au pied du mémorial dédié aux travailleurs engagés. Pour elles, c’est un monument comme les autres, mais ce mémorial représente plusieurs symboles. C’est le témoignage des souffrances endurées par les engagés. Il reconnaît aussi que les engagés ont été un rouage essentiel de l’économie et de la production du sucre. Les oligarques étaient à genoux. Les plantations, dans les colonies britanniques manquaient de main-d’œuvre». Sarita Boodhoo regrette vivement que les autorités portuaires indiennes n’aient pas eu «la sagesse de respecter ce mémorial». Cette visite «pénible» terminée, elle ne compte pas en rester là. Elle compte alerter qui de droit pour demander réparation de cet impair.

Vaishali au Bihar dans les pas du bouddha et de sa mère

C’est un lieu où les temps anciens dialoguent avec le présent. Vaishali est mentionné dans le Ramayana et dans la tradition bouddhiste. Des fouilles archéologiques ont non seulement dévoilé ces lieux, mais ont permis de retrouver des reliques, des tombeaux, ainsi que le stupa, structure architecturale bouddhiste. Sarita Boodhoo a particulièrement été touchée de se retrouver dans les lieux où le bouddha a initié sa tante et mère adoptive Mahaprajapati Gautami. Une reine, celle du Kapilavastu, qui a quitté la vie mondaine pour celle de nonne. Un parcours qui n’a pas été facile, le bouddha lui ayant d’abord opposé un refus. Sarita Boodhoo porte un grand intérêt à ces enseignements.

Rencontre échanges avec Bhaswati Mukherjee

Lors de son séjour, Sarita Boodhoo a eu l’occasion d’échanger avec Bhaswati Mukherjee, une ancienne ambassadrice de l’Inde. Son quatrième ouvrage vient de paraître. Il a pour titre : The Indentured and their Route: A Relentless Quest for Identity. L’avantpropos de l’ouvrage est signé Hardeep Singh Puri, actuel ministre BJP du pétrole et du logement.

Sur les bords du gange pèlerinage à Rishikesh

Toujours le «fleuve» file vers la source. Sarita Boodhoo, pieds dans l’eau, en pèlerinage à Rishikesh, au bord du Gange

Vacances studieuses. Intervenante à la Jawaharlall Nehru University Des vacances ? Oui, mais studieuses. Sarita Boodhoo a participé à plusieurs conférences lors de son séjour. Fin décembre 2023, elle était invitée à l’Akhil Bharatiya Bhojpuri Sahitya Samelan. Ensuite, au National Institute for Online Teaching in Schools, elle a eu l’occasion de discuter avec la professeure Saroj Sharma, la présidente de l’institution. Quelques jours plus tard, Sarita Boodhoo a pris la parole à la School of International Studies de la Jawaharlall Nehru University. Elle est intervenue lors d’un symposium ayant pour thème : Global indian indentured diaspora : activating linguistic and cultural heritage for India connect.