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Robertson, coordonnier: «Je fais ce dont j’ai toujours rêvé»

9 février 2020, 15:00

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Robertson, coordonnier: «Je fais ce dont j’ai toujours rêvé»

Il a 56 ans. Entre les fils et les aiguilles, dans l’atelier, sis devant la Texas Boutique à Terre-Rouge, Robertson Samynaden lève rarement le pied. Les semelles, c’est sa passion mais surtout son gagne-pain. Depuis, 11 ans maintenant, cet habitant de Pointe-aux-Piments s’est reconverti dans la fabrication de chaussures. Il redonne vie aux vieilles paires, afin de nourrir convenablement ses quatre filles. Sa femme est décédée, il y a deux ans environ, des suites d’un cancer. Aujourd’hui encore, la douleur se fait sentir. Il est difficile pour le quinquagénaire de faire le deuil de cet être cher. «Séki Bondié inn ekrir samem.» 

Sa passion pour les chaussures remonte à plusieurs décennies maintenant. «Enn zour ti pé bizin al maryaz. Pa ti ena kas pou asté soulier. Mo finn fabrik enn ! Heureusement que l’on est parti à la fête le soir. Car le travail final n’était pas très bien fait», se rappelle-t-il. À cette époque, il était employé dans une compagnie de textile. Il a par la suite, de ses propres mains, confectionné des petites chaussures quand sa fille aînée, qui a désormais, 28 ans, était encore enfant. «Tout se faisait à la main. La qualité était meilleure et les chaussures duraient», confie-t-il, en montrant une de ses fameuses chaussures. 

Puis, un jour, à 45 ans, il se retrouve au chômage. «Je ne savais plus quoi faire. Vu mon âge, je me disais qu’aucune compagnie ne voudrait de moi. Je me suis alors tourné vers ce métier. Je me dis que le bon Dieu avait des plans pour moi. Je ne suis pas déçu. Désormais, je fais ce dont j’ai toujours rêvé…» 

Aujourd’hui, avec ses Rs 20 000 à Rs 25 000, Robertson Samynaden se consacre à l’éducation de deux de ses filles, toujours scolarisées. L’une est en HSC et l’autre en SC. «Je leur dis toujours qu’il faut qu’elles s’appliquent dans leurs études. Je ne crois pas qu’un jour l’une de mes quatre filles reprendra le flambeau.» 

D’ailleurs, pour lui, le métier de cordonnier est amené à disparaître. Premièrement, parce que les gens préfèrent acheter de nouvelles paires de chassures. «Peu de gens se soucient de la valeur de leurs chaussures. Kan kasé zot zeté.» Ce ne sont que ceux qui achètent des chaussures vraiment chères qui font attention à elles, soutient-il. 

«Je fabrique également des chaussures sur mesure, afin qu’elles soient adaptées à tous types de pieds et des médicales aussi.» Toutefois, selon lui, les gens se tournent plus vers les centres commerciaux et les magasins. «Ena dimounn vinn kit zot soulié pou reparé mé zamé zot révinn pran. Sa montré ou ki vié soulier pena valer…»