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Commission de l’océan Indien
40 ans de coopération régionale et un nouveau cap vers le développement stratégique
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Commission de l’océan Indien
40 ans de coopération régionale et un nouveau cap vers le développement stratégique
Une cérémonie s’est tenue le 10 janvier à l’hôtel «Intercontinental», à Balaclava, pour marquer les 40 ans de la COI. (De g. à dr.) Anil Gayan, Maneesh Gobin, Jean Claude de l’Estrac et Vêlayoudom Marimoutou.
Durant ses 40 ans d’existence, la Commission de l’océan Indien, selon son secrétaire général, le professeur Vêlayoudom Marimoutou, a mis en œuvre avec succès plus de 70 projets de coopération régionale. Il s’agit notamment de sécurité alimentaire, de connectivité des télécommunications, de soins de santé, de sécurité maritime, et du développement durable des ressources maritimes et côtières.
L’impossible est un objectif qu’il faut parfois s’abstenir de viser. Cette observation pourrait potentiellement s’appliquer à la cérémonie qui s’est tenue le 10 janvier à l’hôtel Intercontinental de Balaclava pour marquer les 40 ans de la Commission de l’océan Indien (COI). Il a été pratiquement impossible pour les organisateurs de dévoiler toutes les réalisations, la liste des projets en cours ou encore le contenu du nouveau plan de développement stratégique de la COI pour la période de 2023-2033, qui s’articulera autour de plans de mise en œuvre d’une durée de trois à cinq ans. Ils ont peut-être raison, car toutes ces informations sont exposées de manière professionnelle sur le site de la COI, qui, dans le cadre de la célébration du 40e anniversaire de sa création en 1984, s’est fixée comme objectif principal de permettre à la seule organisation composée essentiellement d’îles d’avoir un sens et une visibilité sans équivoque sur la scène internationale. Toutes les données, dans une large mesure, indiquent que les objectifs recherchés ont été atteints.
La cérémonie de janvier fait office de facteur de transition. Transition entre deux périodes, l’une représentée par les Jean Claude de l’Estrac et Anil Gayan, qui, dans leur fauteuil de ministre des Affaires étrangères, ont eu la délicate mission de démontrer que l’île Maurice possède la volonté, la prédisposition et la capacité de placer sur la carte mondiale leur pays d’origine et les pays de la région, notamment Madagascar, les Seychelles, l’Union des Comores, et la France de par son statut au niveau de La Réunion.
Soumission aux obligations d’un modèle de développement durable
Ce sont deux fils du sol avec un style différent, certes, mais qui ont joué un rôle d’une importance capitale pour qu’à travers la COI, la communauté régionale puisse parler d’une même voix. Cette première phase de l’évolution de la COI affiche une liste de dix projets déjà complétés. Le dernier concerne la biodiversité, cette approche qui tient compte de la diversité des organismes vivants. Le principal objectif de ce projet consiste à «renforcer les capacités nationales et régionales à tous les niveaux, dans la gestion de la biodiversité et des écosystèmes côtiers, marins et insulaires afin de contribuer à la préservation et l’utilisation durable des ressources pour le bénéfice de la population».
Le programme des projets en cours de réalisation est ambitieux. Il se compose d’au moins 25 projets. On peut citer, entre autres, celui qui se rapporte à la nécessité de constituer une plate-forme régionale en matière de recherche agronomique pour le développement. Il s’agit d’un projet dont le but vise à mettre en place un programme de sécurité alimentaire. On peut citer le projet de transformation du secteur des déchets vers un lien déchets-énergie dans la région du sud-ouest de l’océan Indien, qui est l’expression de la COI de tout mettre en œuvre pour être en conformité avec un modèle qui défend les valeurs d’un mode de développement qui évite de compromettre le droit des futures générations. Une simple analyse de la nature des projets conçus par la Commission donne à penser que tous ces projets ont été conçus pour répondre aux besoins d’un monde qui a l’obligation de revoir sa copie en matière de développement.
Cependant, tous ces projets sont les résultats de l’évolution de la COI depuis sa création en 1984 aux Seychelles, selon les orientations fournies par la Déclaration de Port-Louis en 1982, afin que cette communauté de cinq États insulaires dispose d’une plateforme permettant à leur volonté de coopérer dans les secteurs d’intérêt commun de se manifester au grand jour. Avant d’afficher la prochaine piste d’orientation que la COI devrait emprunter, Maneesh Gobin, ministre des Affaires étrangères, a tenu à remercier ceux qui ont cru dans l’importance d’une structure à la hauteur des ambitions des pays du bassin de l’océan Indien et qui sont représentés par ses deux prédécesseurs au fauteuil de ministres des Affaires étrangères, à savoir Jean Claude de l’Estrac et Anil Gayan.
Le ministre Gobin a reconnu les efforts de transformation en cours au sein de la COI, notamment ceux ayant trait à la révision et la ratification de l’accord général de coopération, les processus d’accréditation avec l’Union européenne et le Fonds vert pour le climat, ainsi que la restructuration institutionnelle du modèle actuel de l’organisation. Cependant, la COI évolue dans un environnement où les défis qui se manifestent exigent que les têtes pensantes de la Commission développent davantage leur sens de l’innovation et leur capacité à oser exploiter les possibilités non encore envisagées.
«Soyons créatifs, osons repenser nos approches et observons de près l’évolution du paysage mondial», a déclaré avec force Maneesh Gobin. «En 2024, le monde peut sembler fragile et divisé, mais en tant que navigateurs expérimentés, il est de notre responsabilité de tracer un chemin à travers les vagues.» Pour le ministre, c’est une posture indispensable face à des phénomènes qui constituent un véritable casse-tête pour les dirigeants du monde entier. Ces phénomènes, a-t-il soutenu, ont pour nom les catastrophes naturelles, la piraterie, le trafic illégal, la pollution, la surpêche et les effets du changement climatique dans l’océan Indien.
S’il a été impossible au secrétaire général actuel de la COI, le Pr Vêlayoudom Marimoutou, de s’abstenir de citer les nombreux projets dont la réalisation porte désormais son empreinte, cette transition vers la 41e année d’existence de la COI concerne l’avenir de cette organisation dans un monde en situation de mutation permanente. Le secrétaire général actuel de la COI est un économiste français qui, entre 2016 et 2020, a présidé au destin de l’Académie de La Réunion, structure administrative chargée d’établir les priorités du ministère français de l’Éducation pour la région académique de La Réunion.
Il aura pour mission de mettre en place les dispositions du nouveau plan de développement stratégique de la Commission qui va couvrir la période entre 2023 et 2033, aux termes de l’élaboration de plans opérationnels dont la période de réalisation devrait se situer dans la fourchette de trois à cinq ans, comme le souligne d’ailleurs le site de la COI. Celui-ci indique que c’est dans le cadre de la 36e édition du Conseil des ministres de la Commission que le secrétaire général a obtenu le feu vert pour l’élaboration du nouveau plan de développement stratégique de la Commission.
Projets chers au secrétaire général
Qu’à cela ne tienne, il en ressort qu’il y a toute une liste de projets qui retient l’attention du secrétaire général de la COI. Il n’a pas hésité à en faire état lors de la cérémonie du 10 janvier. Cette liste comprend, entre autres projets, la contribution de la Commission pour ce qui est :
• du développement du câble sous-marin METISS, considéré comme le plus puissant de la région. Ce câble, soutenu par six opérateurs télécoms privés, améliore la connectivité, favorise l’innovation et a même facilité le lancement de la 5G à Maurice ;
• de la mise en place du réseau SEGA-One Health, soutenu par l’Agence française de développement et l’Union européenne, et qui rassemble plus de 300 professionnels de la santé humaine, animale et environnementale, ainsi que des centres de référence et des partenaires internationaux ;
• de l’institution des centres régionaux dans le cadre d’un vaste programme ayant pour but le renforcement de la sécurité maritime régionale au profit de sept pays signataires d’accords de sécurité maritime. Ces centres sont aujourd’hui utilisés par 21 pays membres du Code de conduite de Djibouti. Une approche qui permet de coordonner les opérations en mer et le partage de renseignements, ce qui conduit à d’importantes saisies de drogue ; et
• de la gestion durable des écosystèmes et des ressources marines et côtières, plus particulièrement le projet de marquage du thon ayant pour objectif d’instaurer des quotas de pêche basés sur des approches scientifiquement fondées. Les efforts déployés à l’intention des natifs de Rodrigues ont permis de capturer des poulpes selon une méthode qui ne constitue aucun préjudice tant pour les futures générations de pêcheurs que pour le système de reproduction de ces poulpes, améliorant ainsi les moyens de subsistance et renforçant le système de sécurité alimentaire. Les résultats de réussite sont on ne peut plus probants, partagés et reproduits dans d’autres régions, y compris en Tanzanie.
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