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Kronik KC Ranzé

À l’avenir

22 septembre 2024, 07:30

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À l’avenir

L’approche conventionnelle de la géothermie est de rechercher des poches d’eau chaude ou de vapeur, relativement proches de la croûte terrestre, et de générer de l’électricité avec. L’idée est d’utiliser la chaleur ainsi collectée, directement ou indirectement, pour bouillir un liquide quelconque dont la vapeur fera tourner une turbine à vapeur connectée à un générateur.

Cette approche limite grandement le nombre de régions où la géothermie est praticable. En effet, il faut se retrouver, soit près d’un volcan, soit près de la ligne de rupture de plaques tectoniques, ou de la ceinture de feu. La proximité du Piton de la Fournaise à La Réunion avait donné quelque espoir localement. Des forages ont bien été faits par une mission italienne il y a une dizaine d’années, mais sans succès. Les strates chaudes se retrouvaient bien trop profondément.

Cependant, le développement technologique s’est récemment inspiré de ce que le fracking avait réussi pour l’extraction pétrolière pour tenter d’élargir son rayon d’action.

La théorie de base est simple. Sous nos pieds, à diverses profondeurs, se trouvent des gisements de chaleur immenses. Plusieurs start-up expérimentent depuis peu à utiliser des injections d’eau, dans des roches chaudes à 200 °C ; et ensuite ramener cette eau surchauffée à la surface pour tourner une turbine. En amont de cette manœuvre, il s’agit d’utiliser de la stimulation hydraulique (système EGS) pour créer des canalisations dans la roche chaude, ce qui rend cette procédure efficiente.

Les défis étaient conséquents. Au départ, il s’agit de forer jusqu’à 4 ou 5 miles dans la croûte terrestre, ce qui demande du temps en sus d’être complexe et coûteux. Ensuite, comme avec plusieurs projets de fracking, il y a un risque de causer de mini-tremblements de terre. La consommation d’eau peut aussi être un défi en région déjà stressée hydriquement.

Cependant les progrès s’accélèrent. Le forage coûte de moins en moins cher et se fait beaucoup plus rapidement. La phase pilote étant terminée, un premier projet commercial dans l’Utah est déjà signé pour 335 mégawatts. La géothermie permet évidemment de l’énergie renouvelable et propre et, contrairement au solaire et à l’éolien, il produit en continu.

Mieux que tout, cette nouvelle configuration de la géothermie promet de remplacer les batteries qui sont couramment nécessaires au solaire et à l’éolienne pour lisser leurs productions! En effet, l’on peut imaginer que le solaire ou l’éolien soit utilisé pour injecter de l’eau et la pressuriser, quand elle est chaude, pour être utilisée en turbine lorsque le soleil ne brillera pas ou que le vent ne soufflera pas! La géothermie pour remplacer les turbines à huile lourde du CEB ou le charbon des IPP, qui coûtent cher et qui aident à réchauffer la planète ? Peut-être bien ! Prendre de la chaleur à la terre pour réduire le réchauffement de la planète peut aussi paraître contradictoire et méritera peut-être des études poussées sur la balance thermique au plan planétaire? En tous les cas, c’est un dossier d’avenir à surveiller au ministère de l’Energie, pour peu que cela intéresse…

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Le message du PM à ses ministres d’inaugurer tout ce qui peut l’être, sans l’attendre lui, est compréhensible. En effet, dans la réflexion de ceux qui sont au pouvoir, il est primordial de mettre en avant ce qui est perçu comme une de leurs plus grandes forces,c.-à-d., un bilan de travaux publics important.

On ne sait toujours pas quand auront lieu les élections, mais si l’instruction est vraiment d’inaugurer tout ce qui est possible, même si les travaux ne sont pas terminés, le risque, me semble-t-il, est que le trop finisse par nuire! Judicieusement espacées, pour ne pas trop encombrer le bulletin d’informations de la MBC, les inaugurations sélectionnées seront, en effet, mieux mises en valeur.

Par ailleurs, le gouvernement sortant cherche évidemment à capitaliser sur ce qu’il perçoit comme son bilan positif (le PM, en langage footballistique, appelle cela ses «goals marqués»), ne serait-ce que pour tenter de faire oublier son passif conséquent au niveau des atteintes aux principes démocratiques (Prosecution Commission Bill, charges provisoires intempestives, accusations de planting, IBA Act, FCC Act…), du népotisme chronique, de la corruption inquiétante (Molnupiravir, Pack & Blister, St-Louis Gate, Angus Road…) Ou des gaspillages éhontés (Safe City à Rs 18+ milliards, rapports de l’Audit, travaux à Agaléga (Rs 14+ milliards), etc.), c.-à-d., ses «goals encaissés». Pour gagner un match, il faut évidemment marquer plus que l’on encaisse et convaincre aussi, je suppose, que les buts marqués par son équipe qui auront coûté cher, ne mèneront pas à la faillite du club ou à une commission indépendante qui enquête sur 115 accusations de traficotage ?

Le gouvernement joue crânement son bilan de travaux publics importants, adossé à l’augmentation de la pension de vieillesse, du salaire minimum, d’un prêt logement sans intérêt pour les jeunes et de diverses autres gâteries pour aussi essayer de contrecarrer la vie chère et l’inflation, mais n’évoque pourtant jamais son propre rôle dans la flambée des prix (y compris les coûts de la construction) à cause d’une roupie fortement dévaluée. C’est tout juste que l’on n’explique pas à la place, que c’est le dollar qui a flambé !

De plus, le gouvernement sortant ne veut surtout pas que ceux qui lui succèdent puissent «deklar piti ki pa pou zot» en inaugurant ce que eux auront construit. Tiens! Est-ce un signe de faiblesse que d’envisager un tel scénario ? N’aurait-il pas été plus «macho» et plus confiant de rappeler la liste complète des travaux en cours (y compris l’eau 24/7) et de demander un vote au peuple pour leur donner la possibilité de venir inaugurer ces travaux dument complétés, après leur… victoire ?

Finalement, faut-il rappeler, comme nous le rappelions aux travaillistes à l’inauguration de la route Terre-Rouge–Verdun ou du nouvel aéroport de Plaisance, qu’un gouvernement est élu POUR réaliser les travaux publics qui sont raisonnablement nécessaires au pays et que, de toute façon, c’est l’argent du contribuable qu’ils dépensent et surtout pas le leur ? De cette manière, ils ne font que le travail qu’ils sont supposés faire et pour lequel on leur paie un salaire plus que décent! Leur employeur, la communauté des électeurs, leur diront bientôt s’ils ont été à la hauteur ou s’ils auront trop fauté.

S’ils ont marqué assez de buts, ou s’ils ont trop... encaissé !

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C’est fou combien il se retrouve de parrains à toute initiative qui, avec le temps, est devenue populaire. Le PM actuel aime ainsi ramener l’initiative du «combat» pour reprendre les Chagos à son père, sir Anerood Jugnauth (SAJ). Celui-ci, c’est certain, a eu le mérite de cravacher le dossier depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Mais il n’aurait que prolongé la stratégie officielle du pays sur ce dossier qui date de 2010, quand les Britanniques tentaient alors de bloquer les revendications des Chagossiens avec la fiction d’un parc marin, le plus grand du monde, afin de compromettre pour de bon, tout retour des Chagossiens aux Chagos!

En 2010, Navinchandra Ramgoolam (NCR) était PM. Philippe Sands qui défend toujours le dossier (*) a été choisi par lui. Avant Ramgoolam, Paul Bérenger, PM de 2003 à 2005, s’était aussi agité sur la question. Je ne sais pas si SAJ s’était intéressé au dossier entre 2000 et 2003 et entre 1982 et 1995; ni si NCR avait fait de même lors de son premier mandat (1995- 2000), mais il est clair que les manifs de rue des années 70 en faveur des Chagossiens, des manifs qui ont aidé à réveiller les consciences locales, étaient le fait du MMM. Wikipédia de son côté rappelle que le président du pays en 2007, SAJ, avait menacé les Britanniques de sortir du Commonwealth pour aller à la Cour internationale de justice.

Comme on le voit, chacun aura fait quelques pas utiles dans cette histoire. Pour une fois, tous les parrains méritent vraiment reconnaissance. L’avenir, pour les Chagos, sera radieux pour qui ? Les politiciens ou les Chagossiens ?

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Une fois déjà, j’ai évoqué le problème.

En l’état actuel des choses, si quelqu’un qui a un lien affectif ou un lien de parenté avec un homme ou une femme du pouvoir, doit-il renoncer à toute transaction avec le gouvernement pour ne pas suggérer, ne serait-ce qu’une perception de corruption ou de népotisme ? Le problème si l’on répond positivement, c’est que, en l’état actuel des choses, cette même transaction a de bonnes chances de ne pas se concrétiser non plus, si, ayant attendu suffisamment longtemps, c’étaient les opposants du pouvoir qui les remplaçaient.

L’idéal évidemment c’est de changer «l’état actuel des choses» et de le remplacer, à l’avenir, par un système strict de mérite et d’égalité des chances. Pour cela, un profond changement culturel sera nécessaire. Ce sera malheureusement l’affaire de plusieurs générations…

Maintenant, revoyez le bail de Mme Obeegadoo… qui n’est pas sans tache, mais qui est loin d’être capable de rejoindre Molnupiravir, Kistnen, Macarena, le festival des terres ou autres…

(*) Written evidence submitted by Professor Philippe Sands (CHA0023)