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À l’épreuve des actes

27 janvier 2025, 05:12

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Maurice continue à vivre au rythme des promesses. Le discours-programme 2025-2029 en est une nouvelle preuve. Il parle de belles choses : d’innovation, de créativité, d’unité, de modernité. Il évoque une refonte constitutionnelle, la fin des appartenances ethniques et un renouveau démocratique. Mais derrière ces mots, que reste-t-il ? Peu de choses. Ni échéances (hormis celle pour créer une Commission de révision constitutionnelle en six mois), ni budgets (Rs 400 milliards requis selon Bhadain.)

Les réformes annoncées sont pourtant essentielles. Mettre fin à l’obligation de déclarer son appartenance ethnique est une revendication ancienne. Elle répond au désir d’un peuple lassé des clivages. Mais cela ne suffit pas. La répétition des promesses, sans résultats, a creusé un gouffre entre les dirigeants et la population. Ce gouffre, il faut le combler. Pas avec des mots, mais avec des actions.

Le passé est un avertissement. Depuis des décennies, on débat du Best Loser System et de réformes électorales, de livres blancs, de tables rondes ou ovales. À chaque fois, les projets restent lettre morte. Pourquoi ? Parce qu’ils manquent de précision, de suivi, de courage. Une réforme sans calendrier ni moyens n’est qu’un mirage. Et un mirage finit toujours par disparaître.

Pour transformer l’aspiration en réalité, il faut un cadre clair. Fixer des étapes. Impliquer les citoyens. Publier des rapports. Allouer des fonds. Sans ces balises, les réformes se perdront dans le labyrinthe de l’immobilisme.

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La Constitution de Maurice, héritage d’un passé colonial, ne reflète plus les valeurs de son peuple. La revoir, c’est une chance unique. Mais cela doit aller au-delà des symboles. Cette réforme doit inclure des principes modernes : l’égalité, la justice climatique, la protection des institutions. Elle doit affirmer une unité nationale qui transcende les divisions ethniques. Et surtout, elle doit garantir l’indépendance des contre pouvoirs, essentiels à toute démocratie.

Le bureau du DPP est un exemple. Son rôle est de défendre la justice, sans crainte ni faveur. Mais ces dernières années, son indépendance a été menacée. La création de la Financial Crimes Commission était une tentative claire de réduire ses pouvoirs. Ces dérives doivent cesser. Protéger le DPP, c’est protéger la démocratie. Son action, sous la direction de Mᵉ Rashid Ahmine, a rappelé son importance. En refusant de céder aux pressions, il a démontré qu’il reste un rempart contre les abus. Mais ce rempart doit être renforcé. Montesquieu l’a dit : «Tout serait perdu si le même homme exerçait les trois pouvoirs.» La séparation des pouvoirs est un pilier. Si l’Exécutif s’approprie tout, c’est la démocratie elle-même qui vacille.

Le discours-programme donne l’impression d’un pont vers l’avenir. Mais un pont ne sert à rien s’il ne repose pas sur des piliers solides. Ces piliers sont des calendriers, des budgets, des réformes concrètes. Maurice a besoin de réalisme, pas de rêves vides. Elle a besoin de dirigeants qui transforment les paroles en actes. Et d’un peuple qui exige des comptes. L’avenir se construit. Pas avec des promesses, mais avec des décisions. Pas avec des mots, mais avec des gestes. Maurice mérite mieux que des discours. Elle mérite des résultats.

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