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Aberrations diverses !
Il y a eu encore un coup d’État en Afrique ! Cette fois c’était au Gabon…
Ce coup d’État a voulu évidemment dire le renversement d’un président fraîchement élu dans des élections le 30 août dernier et, a priori, c’est inacceptable pour tout démocrate convaincu. Cependant, quand on sait que le ‘gagnant’ de ces ‘élections’, Ali Bongo, permettait ainsi à sa famille, les Bongo, d’étendre leur règne de 56 ans déjà, de quelques années de plus alors que la population restait très pauvre, malgré son pétrole et que seuls semblaient riches les Bongo et leur entourage, on pouvait se permettre de sourciller. De plus, quand ces élections ne bénéficiaient d’aucun observateur étranger indépendant et que les autorités choisissaient de couper l’internet et d’imposer le couvre-feu par anticipation avant les résultats, on commençait à douter. Quand de nombreux bureaux de vote ont ouvert tardivement «faute de matériel» et que la presse étrangère a été déclarée non grata, le doute a encore enflé. Quand on a fouillé chez le fils et l’épouse d’Ali Bongo après le putsch et que l’on y a trouvé des valises entières remplies de billets, on tique fortement évidemment.
Un rapport du sénat américain daté de 2010 soulignant que déjà, à l’époque, le père Omar Bongo avait fait transiter plus de 130 millions de dollars dans des banques américaines, entre 1985 et 1999 ( * ), page 108), confirme des antécédents lourds et l’on se dit que la dynastie n’a sûrement pas pu (ni su …) renier son garde-manger premier, soit le parasitage des revenus pétroliers. Un procès en France identifie que la famille, sous divers noms, possède, a minima, trois hôtels particuliers à Paris ainsi que sept villas à Nice, valant, avec une super flotte automobile et divers autres investissements, au bas mot 68 millions d’euros (environ Rs 3,5 milliards), ce qui ne semble sûrement pas en adéquation avec un salaire mensuel présidentiel pourtant généreux de 15 000 euros. Il est par ailleurs estimé que les Bongo possèdent un patrimoine de 500 millions d’euros… Si Ali Bongo ne récoltait apparemment qu’une modeste victoire cette fois-ci avec 64 % des voix, nous sommes, après tout, dans un pays où son père a déjà gagné avec 99 % des voix et environ 120 % de taux de participation des électeurs! A-t-on depuis gagné en ‘finesse’ ?
Les chances que l’on vienne établir une liste additionnelle et plus récente de «bien mal acquis», portant la signature d’Ali plutôt qu’Omar Bongo sont excellentes à mon humble avis…
Avec de telles toiles de fond et de faits, l’aberration serait bien de défendre cette «démocratie»-là, sur laquelle la famille Bongo ancre pourtant sa légitimité depuis maintenant 56 ans ! Le purin de la corruption qui entoure cette famille ainsi que l’élite qu’elle protège, suggère d’ailleurs qu’elle aurait intérêt à changer de patronyme en adoptant, des fois, le patronyme «Bingo», avec, si possible, un point d’exclamation !
Et que personne n’essaie de me convaincre que la France, le Quai d’Orsay, ses diplomates, ses chefs de partis, ses services secrets ne «savaient pas» que les Bongo pillaient leur pays et son peuple !
Mais le Gabon n’est peut-être pas sorti de son malheur ! En effet, le général Brice Oligui Nguéma, qui vient de se faire introniser «président de la transition» en promettant, comme souvent, des réformes démocratiques, une meilleure gouvernance et le partage de la richesse nationale au bénéfice du peuple, connaît surtout les précédents de dirigeants neufs qui feront, en fin de compte, exactement comme leurs prédécesseurs ! Qu’Oligui vienne du même sérail et qu’il soit considéré comme un ‘cousin’ des Bongo suggère d’ailleurs plus une révolution de palais qu’un putsch ! Parmi les premières mesures ; laisser partir Bongo et écarter les élites proches de celui-ci, y compris surtout les étrangers, sont peut-être symptomatiques ? On change simplement d’invités à table ?
C’est une belle histoire qui s’étale maintenant sur 648 ans! Au pied des Pyrénées, la frontière hispano-française divise la vallée du Barétous en France, des basques de la vallée du Roncal chez les Espagnols.
En ces temps-là donc, un matin d’été de 1373, un bouvier de Roncal aperçoit un Barétounais qui fait paître son cheptel du mauvais côté de la frontière et lui en fait reproche. Un échange de point de vue plutôt animé s’ensuit, et le bouvier barétounai ne rentre pas chez lui. S’ensuivront des mois de massacres et de contre massacres, assaisonnés de malédictions médiévales tonitruantes au point que, dans ces montagnes pourtant peu peuplées, on relèvera jusqu’à 600 morts en deux ans !
Il eut été agréable de pouvoir dire que les deux partis eurent la lucidité de constater la futilité destructrice de cette vendetta, mais ce seront les Barétounais qui, ayant subi une sévère défaite, postulèrent finalement pour un cessez-le-feu. Les vainqueurs furent, heureusement, magnanimes en la circonstance et proposèrent un traité de paix permettant aux troupeaux français de pâturer et d’utiliser une source, côté Roncal, en contrepartie d’un tribut annuel de trois vaches. Et c’est ainsi que, chaque 13 juillet, sous les vivats de «Pax avant !» des centaines de mains s’empoignent pour renouveler le traité, avant de faire la fête jusqu’au lendemain, le tribut ayant été réglé bien sûr!
L’aberration ne vient pas du traité de paix lui-même, admirable pour sa sage longévité, mais du fait que la bureaucratie française, au début des années 1900, s’était soudain émue de la supposée humiliation de ce tribut plusieurs fois centenaire et s’était évertuée à faire annuler le traité de paix qui le gouvernait !
Les Barétounais ont au moins gagné cette bataille-là ! Se défaire d’une bureaucratie en assurant le triomphe de la raison populaire, il y a de quoi applaudir.
Il peut y avoir, bien sûr, des aberrations plus importantes que la bureaucratie qui tente de défaire ce que les citoyens trouvent raisonnable à leur niveau.
Prenez l’absurdité des dérèglements climatiques. Pendant que les forêts brûlent, que les glaciers fondent, que la mer monte, que les nappes phréatiques s’assèchent – comme certaines rivières –, que les grandes chaleurs dessèchent et tuent et que les inondations se font plus fréquentes ; les climato-sceptiques se débattent toujours, les mesures pour réduire les gaz à effet de serre prennent du retard et la COP 28 de décembre prochain sera présidée par le CEO de la… compagnie pétrolière nationale d’Abu Dhabi ! Il va cesser de pomper du pétrole, vous croyez ?
Pendant ce temps-là, Homo, supposément Sapiens, aura quand même doublé de population depuis 1974 et a largement dépassé le niveau soutenable tant du point de vue de l’usage des ressources naturelles disponibles (eau, ressources marines, cycle énergie/carbone, par ex.) que de celui de l’absorption des déchets. Les scientifiques illustrent cela en disant qu’il nous faut déjà 1,75 fois la planète Terre pour pouvoir renflouer les ressources naturelles que nous consommons chaque année at absorber les déchets de toutes sortes que nous produisons… Aux taux actuels de croissance de la population et de la consommation, nous aurons besoin, dès 2050, de l’équivalent de 3 planètes Terre pour résorber notre empreinte écologique…
Si cette folle course de population et de croissance, sans parler des complications de la guerre et des armements, n’est pas une aberration qu’il faut impérativement corriger, il n’y a plus qu’à tirer l’échelle et se pendre !
Et en parlant de guerre, avez-vous conscience de l’aberration israélienne qui a mené l’extrême droite religieuse (les Haredim) à exiger d’occuper les territoires de la ‘grande Israël’ ces jours-ci, sous le couvert d’une alliance circonstancielle avec Netanyahu, même si aux dépens des droits et de l’existence des Palestiniens ? Cette arrogance inutile est déjà bien terrible, mais le pire c’est que la bataille récente pour édenter les pouvoirs de la Cour suprême cache en fait l’objectif premier des ultra-orthodoxes qui est de se débarrasser des jugements de cette même Cour suprême en faveur de l’Égalité devant la loi, ce qui enlèvera le privilège des haredims d’éviter le service militaire… Tant qu’ils «étudient la Torah» !
Ainsi, l’aberration causant actuellement des déchirures brutales dans la société israélienne résulte de ce que les ‘étudiants permanents de la Torah’, qui DÉCLENCHENT les principaux problèmes sécuritaires d’Israël, notamment avec leur politique de nouvelles colonies juives qui déplacent les Palestiniens, sont ceux-là même qui refusent de partager le nécessaire service militaire qui en résulte !
Un ajout de plus à la colonne ‘débit’ des religions mal conçues et pouvoiristes…
( * ) https://www.hsgac.senate.gov/wp-content/uploads/imo/media/doc/FOREIGNCORRUPTIONREPORTFINAL710.pdf
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