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Marché Inde-Maurice
Accord multilatéral : MK et la compagnie IndiGo dans une négociation controversée
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Marché Inde-Maurice
Accord multilatéral : MK et la compagnie IndiGo dans une négociation controversée
Un accord avec la compagnie aérienne indienne IndiGo soulève des inquiétudes quant à son impact sur Air Mauritius.
Le marché aérien entre l’Inde et Maurice inquiète, et ce, en raison d’un accord multilatéral potentiel entre le gouvernement mauricien et la compagnie aérienne indienne IndiGo. Cet accord, connu sous le nom de MASA (Multi-Aircraft Service Agreement), soulève plusieurs questions quant à son impact sur le transport aérien et sur Air Mauritius (MK). Cet accord ne semble pas être à l’avantage de la compagnie nationale et de ses employés, surtout qu’elle fait face à plusieurs grandes compagnies étrangères. De ce fait, la présence de trois compagnies opérant sur une route aérienne relativement petite comme celle reliant Maurice à l’Inde intrigue.
Si l’accord est conclu, IndiGo pourrait débuter ses opérations pour Maurice dès septembre 2024. Chaque pays a un accord de services aériens (ASA) au niveau gouvernemental avec un autre pays pour le service aérien. Ces accords déterminent les conditions dans lesquelles les compagnies aériennes des deux pays peuvent opérer des vols entre eux, y compris le nombre de sièges alloués et d’autres paramètres. L’une des préoccupations majeures serait liée aux conditions posées par l’Inde pour ce MASA, notamment en ce qui concerne le nombre de sièges alloués. Il y a déjà une évaluation du marché qui avait été réalisée pour déterminer ce nombre pour les autres compagnies aériennes étrangères, mais des questions subsistent quant à la révision de cette évaluation pour Indigo, par qui elle a été effectuée et selon quels critères.
Quel sera le nombre de sièges alloués ? En 2019, le marché pour l’Inde était estimé à environ 90 000 à 100 000 passagers par an, soulevant des doutes quant à la viabilité d’une telle capacité pour un opérateur indien. À noter qu’Air India et MK ont déjà un accord en forme de coentreprise où elles collaborent étroitement pour offrir des services de transport aérien. Cet accord permet à Air India d’acheminer ses passagers vers des destinations desservies par MK en utilisant les avions de cette dernière. De même, MK bénéficie de cette collaboration en accueillant les passagers d’Air India sur ses vols. Vistara a également un accord avec MK.
Positionnement sur le marché
Les discussions autour de ce MASA soulèvent également des questions sur les acteurs impliqués du côté mauricien. Qui, au sein de MK et du bureau du Premier ministre, a mené ces négociations et quels ont été les motifs derrière cet accord ? Ces questions sont d’autant plus pertinentes que cet accord semble désavantager MK et ses employés, avec seulement une compagnie aérienne mauricienne face à plusieurs grandes compagnies étrangères, notamment des transporteurs comme Emirates, Saudia et Turkish Airlines, qui drainent déjà une partie importante du trafic entre l’Inde et Maurice via leurs hubs.
La révision de l’accord aérien entre Maurice et l’Inde en 2022 a abouti à l’attribution de deux désignations aux opérateurs indiens, Air India et Vistara, pour desservir Maurice, alors qu’il n’y a qu’une seule compagnie mauricienne opérant sur cette route. Cette asymétrie soulève des inquiétudes quant à la capacité de MK à rester compétitive dans un marché déjà restreint et fortement concurrentiel. La situation actuelle, où MK est limitée à un maximum de sept vols par semaine vers Mumbai sans restrictions sur le nombre de sièges, pourrait avoir un impact significatif sur la compagnie aérienne et son positionnement sur le marché indo-mauricien.
Cette limitation de fréquences restreint la capacité de MK à exploiter pleinement le potentiel du marché indien. Avec seulement 100 000 passagers par an estimés sur ce marché, comparé à la route Réunion-Maurice (RUN) qui atteint 200 000 passagers, l’environnement est déjà compétitif et exige une stratégie méticuleuse pour tirer profit de chaque siège disponible. En compétition avec des géants de l’aviation en Inde tels qu’Air India, Emirates et Saudia, MK pourrait se retrouver confrontée à des défis de taille. Ces compagnies ont des réseaux étendus, des capacités de connexion importantes et des avantages de coûts élevés en raison de leur échelle opérationnelle.
Pour les observateurs, cela risque de créer un environnement où la rentabilité de MK est mise à mal, d’autant plus que ses coûts de base sont jugés élevés par rapport à la concurrence. La compagnie nationale d’aviation risque de se retrouver dans une situation où il est difficile de maintenir des opérations rentables à long terme et pourrait être contrainte de réévaluer sa présence sur le marché indien, voire de réduire ses opérations, ce qui pourrait profiter aux nouveaux entrants comme IndiGo, qui compte une flotte de 350 appareils et qui pourrait exploiter les limites de fréquences pour étendre sa part de marché.
Wet lease : Une location qui coûte environ Rs 112 500 par heure de vol
MK a récemment conclu un accord de wet lease avec la compagnie Hi Fly pour maintenir ses opérations vers Londres alors que ses propres avions sont immobilisés en raison de pannes techniques. Ces locations représentent une dépense importante pour la compagnie. Le coût de location d’un avion en wet lease pour un A340 est de 2 500 dollars américains, soit environ Rs 105 000 par heure de vol, sans compter les frais supplémentaires tels que le carburant, les taxes, l’hébergement et les repas pour l’équipage, ainsi que les coûts variables tels que le traitement, le stationnement et l’atterrissage de l’avion. Il y a également des coûts de positionnement, qui dépendent de l’origine de l’avion. Cette situation souligne les défis financiers auxquels MK est confrontée en raison de l’immobilisation de ses avions et de la nécessité de recourir à des solutions temporaires coûteuses pour maintenir ses opérations. Dans ce cas, c’est l’Airbus A340-300 de Hi Fly qui est venu à la rescousse de MK pour la destination Londres, initialement du 24 mars au 15 avril, une période qui a été étendue jusqu’au 29 avril. En novembre dernier, MK avait déjà eu recours à Hi Fly pour assurer les vols à destination de Mumbai.
Éligibilité d’Indigo
En Inde, les opérateurs doivent avoir huit ans d’expérience dans le transport intérieur pour être autorisés à voler à l’international. Fondée en 2006, la compagnie est autorisée à voler à l’international depuis 2014. Depuis le début de l’année, IndiGo a opéré plus de 2 000 vols quotidiens vers 122 destinations, dont 88 en Inde et 34 à l’étranger. Cela a conduit à des spéculations sur l’utilisation éventuelle de moyens politiques pour influencer la position de Maurice dans ces négociations, d’autant plus que les deux pays se trouvent dans une période électorale. La question de savoir qui, au sein de MK et du bureau du Premier ministre, a été impliqué dans les négociations de cet accord est cruciale pour comprendre les motivations et les implications de cet accord. Les répercussions de cet accord sur les employés de MK, représentant environ 3000 familles, sont potentiellement graves. Pour certains, si l’accord est conclu, il pourrait également nécessiter une enquête approfondie pour faire la lumière sur ces décisions.
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