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Nouveau speaker
Adrien Duval, un parcours politique entre ambitions, scandales et controverses judiciaires
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Adrien Duval, un parcours politique entre ambitions, scandales et controverses judiciaires
L’accession d’Adrien Duval au perchoir, jeudi, a été marquée par un chahut provoqué par la plupart des membres de l’opposition.
La nomination d’Adrien Duval en tant que speaker de l’Assemblée nationale suscite une vive controverse. Lors de son discours inaugural, il a dû interrompre ses propos en raison des protestations de l’opposition, entraînant même la suspension de la première séance de son nouveau mandat. Une situation inédite au Parlement. Cette nomination s’ajoute à une réputation déjà entachée par des scandales antérieurs. Entre une carrière politique en dents de scie, des alliances suspectes et des démêlés avec la justice, la réputation du nouveau speaker vacille entre talentueux et turbulent. La carrière d’Adrien Duval ressemble certes à un roman de Balzac, où ambition, pouvoir et chute se mêlent dans un tourbillon infernal.
Formé à l’Université de Kent et au prestigieux Gray’s Inn, le petit-fils de sir Gaëtan Duval est bien plus qu’un simple héritier politique. En 2014, il est admis au barreau de Maurice, prêt à défendre les opprimés et à affronter les injustices. Pourtant, sa carrière prend rapidement une autre tournure avec des rebondissements aussi prévisibles que surprenants. Ses domaines de pratique incluent le droit civil, commercial, de l’immigration, du travail, ainsi que le droit pénal. À 24 ans, après avoir été élu en tête de liste aux élections de 2014 dans la circonscription n°17 Curepipe/Midlands, Adrien entre au temple de la démocratie comme Deputy Speaker, une ascension fulgurante qui ferait pâlir d’envie tout apprenti politicien.
En 2016, il a été élu représentant du groupe africain au Comité pour la Promotion du Respect du Droit international humanitaire de l’Union Interparlementaire (UIP), devenant le premier parlementaire mauricien à servir dans un comité de l’UIP. Ce comité oeuvre pour la protection des civils et des combattants dans les conflits à travers le monde, ainsi que pour les réfugiés et les personnes déplacées.
Mais derrière ce succès précoce, les critiques fusent. Lors des élections générales de 2019, il a été rejeté par l’électorat de la circonscription no17, terminant à la quatrième place, loin derrière ses concurrents. Son absence notoire dans sa circonscription de Curepipe/Midlands et ses allers-retours dans les salons feutrés du pouvoir lui valent le courroux de ses électeurs. La défaite est amère. Il persiste et conteste ces élections devant la Cour suprême. Sa pétition électorale est rejetée par la Cour suprême en avril 2022.
Controverses et accident
Cependant, ce n’est pas la politique qui cause les plus gros dégâts à la réputation d’Adrien Duval, mais la route. En septembre 2022, sa berline entre en collision avec une autre voiture. Les détails de l’accident sont dignes d’un thriller hollywoodien. Qui conduisait ? Adrien Duval ou son ami ? L’enquête initiale a révélé des versions contradictoires sur l’identité du conducteur, Adrien Duval refusant de se soumettre à un alcootest. Son ami William Martin a été désigné comme conducteur, mais cette version a été rétractée plus tard par Adrien Duval, admettant finalement être au volant.
Son refus à tout test d’alcoolémie a conduit à son placement en détention policière avant sa libération sous caution. En mai 2023, l’accusation de complot contre lui a été rayée, mais il fait toujours face à quatre chefs d’accusation, incluant le refus de se soumettre à des tests d’alcoolémie et d’urine, ainsi que des blessures involontaires et des coups par imprudence.
Adrien Duval estime qu’il n’obtiendra pas un procès équitable. Cela en l’absence d’une dizaine de documents, dont le plan et les photographies de l’accident survenu à Ébène le 21 septembre 2022, qui ne lui ont pas été communiqués par la poursuite. C’est pour cette raison que son avocat, Mᵉ Jacques Panglose a requis l’arrêt du procès en juin devant le tribunal de Rose-Hill. L’affaire a été renvoyée au 21 août 2024. Malgré ses déboires, Adrien Duval persiste et signe. Il maintient son innocence et a plaidé non coupable.
Les vidéos de cet incident, montrant Adrien Duval visiblement en état d’ébriété, avaient circulé sur les réseaux sociaux, suscitant des critiques virulentes. Le Premier ministre Pravind Jugnauth avait lui-même grandement commenté l’accident au Parlement.
Les manoeuvres pour les alliances politiques d’Adrien Duval sont tout aussi tumultueuses que sa vie personnelle. Alors que le PMSD tentait de s’entendre avec le PTr et le MMM, certains reprochaient à Adrien Duval de jouer un double jeu, discutant en parallèle avec le MSM. Les tractations échouent, et le PMSD se retrouve isolé, Adrien devenant le bouc émissaire de cet échec. Les rumeurs de trahison et les accusations de duplicité entachent encore davantage son image, et le jeune avocat semble perdre pied dans une mer de critiques et de méfiance.
Quoi qu’il en soit, son histoire continue de captiver, offrant un spectacle aussi divertissant que déroutant dans le théâtre de la politique mauricienne. Nous l’avons sollicité pour une réaction, mais sa secrétaire nous a fait comprendre depuis hier 8 heures qu’il n’est pas disponible. Il n’a pas réagi non plus au message qui lui a été envoyé. Sa version est attendue.
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