Publicité

Affaire «constituency clerk» : le silence est d’or

2 avril 2024, 08:57

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Un lecteur assidu de l’express a attiré l’attention sur la façon dont la défense de l’ex-ministre du Commerce a été organisée face aux accusations de «forgery in a private writing» et «making use of a forged private writing» dans l’affaire d’emploi de Simla Kistnen comme constituency clerk. Le lecteur trouve étrange que les paiements effectués par Yogida Sawmynaden au défunt Soopramanien Kistnen aient subitement émergé alors que, lors de l’enquête judiciaire sur la mort de ce dernier, ces preuves n’avaient pas été présentées. Pour rappel, le 16 mars, une représentante de la HSBC est même venue témoigner pour confirmer la remise par chèques de Rs 415 000 à l’ex-agent du Mouvement socialiste militant assassiné. Ces paiements représenteraient, selon l’avocat de Sawmynaden, les salaires de Simla Kistnen mais remis au mari de cette dernière. Paiements largement excédentaires, si on se base sur un salaire d’environ Rs 15 000 pour six mois, en 2020, soit Rs 90 000, et en l’absence d’échanges téléphoniques entre un ministre/employeur et quelqu’un censé travailler pour lui…

Si ces preuves avaient été présentées lors de l’enquête judiciaire, auraient-elles été utilisées par le représentant du Directeur des poursuites publiques (DPP) de l’époque, Me Azam Neerooa, et à Me Roshi Bhadain pour démontrer que Soopramanien Kistnen recevaient sa part de commissions pour les contrats alloués à d’autres, comme à Neeteeselect ? Notre lecteur nous rappelle qu’en fait, personne ne sait pourquoi ces paiements de Rs 415 000 ont été faits à Soopramanien Kistnen. Et d’ajouter que grâce à son silence, Yogida Sawmynaden n’aura pas à confirmer sous serment que ces paiements étaient destinés à Simla Kistnen, ni à expliquer pourquoi il payait le salaire de Simla à son mari. «So when DPP will question him; he will just stand in the box like a penguin.»Tel est ce droit au silence : le DPP ne peut pas contraindre l’accusé à répondre à des questions sur des preuves que son avocat avance pour le défendre.

«Abhorrent» Il faut savoir que le procès ne concerne que l’affaire constituency clerk. La police, dont la conduite dans la mort de Kistnen a été qualifiée par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth d’«abhorrent», n’a jamais enquêté sur les autres aspects beaucoup plus graves de l’affaire Kistnen, dont le meurtre lui-même que la magistrate pense être lié à l’affaire constituency clerk. Elle déclare dans son rapport : «It is recommended that an in-depth enquiry be carried out in relation to the alleged fake employment of Deceased’s wife as Constituency Clerk of Yogida Sawmynaden. Based on the documents produced in court as well as the testimonies of the Witnesses 11 (NdlR, Simla Kistnen) and 33 as well as other witnesses, there may be a case for possible criminal offences against certain people. This may also constitute a motive for the homicide and the allegations of witness no 11 need to be investigated further.» Tout en expliquant que : «According to the evidence of Witness No 40 and Witness No 11, the Deceased (NdlR, Soopramanien Kistnen) was upset about Yogida Sawmynaden using his wife’s name as his Constituency Clerk. According to Witness No 11 she has never worked as Constituency Clerk nor had she ever been remunerated for same… Deceased had allegedly threatened to denounce Yogida Sawmynaden on this issue. […] In addition, Witness No 44 has confirmed that he has never seen Witness No 11 act as the Constituency Clerk of Yogida Sawmynaden. Witness No 11 has stated that this could be a motive for the homicide of her husband.»

À part l’affaire d’emploi fictif, Me Vidya Mungroo-Jugurnauth déclare que :«The altercation which happened according to the evidence of witness 24 between the Deceased and Yogida Sawmynaden in his office as well as the violent intervention of one of his bodyguards who professed threats against the Deceased also need to be investigated further under this angle.» Or, malgré ses recommandations et celle du DPP, la police n’a pas enquêté pour amener les suspects devant les tribunaux.

La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth recommande aussi des enquêtes par l’Independent Commission against Corruption. Elle déclare par exemple : «In return, kickbacks were given to Yogida Sawmynaden one example of which would be the money which is paid into the account of Neeteeselect. The same company had millions in its account despite the owner Mrs Nuckched not having invested a single rupee in it.» Pour cela aussi, aucun dossier n’est parti au DPP. Peut-être ira-t-il à la Financial Crimes Commission ?