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Affaire Kistnen: Ces polémiques qui refusent de mourir

19 mai 2024, 17:30

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Affaire Kistnen: Ces polémiques qui refusent de mourir

L’affaire Kistnen suscite toujours autant d’intérêt plus de trois années après que le corps calciné du père de famille a été retrouvé dans un champ de cannes à Telfair. Tant et si bien que le leader de l’opposition a une nouvelle fois interrogé le Premier ministre (PM) à ce sujet au Parlement mardi en évoquant d’autres scandales y relatifs.

Le meurtre de l’ex-agent orange aura dominé l’actualité depuis ce fameux 18 octobre 2020, avec des ramifications dignes d’une télénovela politique. Cette semaine encore, le leader de l’opposition Shakeel Mohamed a axé sa Private Notice Question adressée au PM sur le sujet. Il voulait savoir où en sont les enquêtes sur les contrats d’achat d’équipements et autres ‘dossiers’ dans lesquels feu Soopramanien Kistnen était impliqué.

De plus, Shakeel Mohamed voulait savoir où en sont les enquêtes sur les Kistnen Papers dans lesquels auraient été notées des dépenses du Mouvement socialiste militant (MSM) au n°8 – Quatier-Militaire– Moka – lors des législatives de novembre 2019, mais aussi des contributions au parti. À première vue, les chiffres du diary de Kistnen démontreraient que le plafond des dépenses électorales aurait été largement dépassé. Il est ainsi bon de rappeler toutes les polémiques entourant sa mort et celles auxquelles l’activiste orange étaient directement ou indirectement lié mais aussi toutes celles qui ont émergé pendant la pandémie de Covid-19.

Les premiers scandales ont fait surface justement après le premier confinement de 2020. Lorsque des documents comme preuves à l’appui ont démontré comment le ministère de la Santé avait sous l’Emergency Procurement fait appel à des compagnies non spécialisées pour des équipements. Parmi, Bissoon Mungroo homme d’affaires, très proche du MSM, a décroché deux contrats pour la fourniture de 200 000 masques chirurgicaux pour la somme de Rs 5 115 000 et 20 000 masques de protection N95 au coût de Rs 5 millions. Le couac, sa compagnie Gitanjali Co. Ltd est spécialisée en hôtellerie, restauration et transport.

Il y avait aussi Kammal Trading Co. Ltd, une quincaillerie qui a obtenu Rs 12 336 345. Ou encore Bo Digital – spécialisée dans des activités publicitaires, immobilières et dans l’import-export – qui a obtenu un contrat pour masques, équipements de protection et caméras thermiques pour Rs 308 585 400. Mais la note la plus salée et toujours en suspens pour des équipements défectueux, dont l’État peine encore aujourd’hui à se faire rembourser reste la compagne Pack & Blister, qui a raflé un contrat de Rs 476 millions pour des respirateurs artificiels, qui n’étaient pas aux normes...

Revenons à l’affaire Kistnen, où l’enquête judiciaire sur sa mort au tribunal de Moka a permis de mettre en lumière tout le processus mis en place par le pouvoir pour user de l’emergency procurement. Mais surtout comment l’implication de l’ex-agent orange était requise pour privilégier certains proches à obtenir des contrats juteux. Selon cette enquête, Kistnen s’était lassé que Yogida Sawmynaden, alors responsable du portefeuille du Commerce, l’utilise à maintes reprises dans des exercices d’appel d’offres alors qu’il devait, lui, se contenter de «miettes» et que d’autres proches du ministre raflaient de juteux contrats. C’est d’ailleurs, une des principales raisons qui auraient poussé l’agent orange à ne plus vouloir garder le silence et à dénoncer certaines maldonnes du régime en place. Il avait, d’ailleurs, rencontré l’ex-PM, Navin Ramgoolam, entre autres, pour lui expliquer comment des Bangladais auraient pu voter dans différents centres de vote aux dernières élections...

De plus, dans son rapport la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath évoque des mobiles politiques derrière ce crime. Elle écrit noir sur blanc que «kickbacks were given to Yogida Sawmynaden (minister then responsible for the STC), one example of which would be the money which is paid into the account of Neeteeselec [company of Neeta Nuckched, friend of Yogida Sawmynaden] (...) the procurement angle may constitute the strongest motive for the crime». Aucune enquête de la commission anticorruption n’aurait cependant été initiée, selon nos informations.

Par ailleurs, après la mort de Kistnen, d’autres polémiques ont émergé, dont l’affaire de constituency clerk impliquant sa veuve, Simla Kistnen. Mais aussi et surtout les fameux Kistnen papers, que le PM a qualifié de «karne laboutik» pas plus tard que mardi au parlement lors de la PNQ. Ce fameux diary ou étaient notés des dépenses faramineuses qui seraient liées à la campagne électorale de 2019 des trois élus du no 8, à savoir Yogida Sawmynaden, Leela Devi DookhunLuchoomun et Pravind Jugnauth. Plus précisément, ce carnet d’environ 180 pages et les dépenses y figurant dépassent largement le seuil légal autorisé, Rs 369 000 pour les trois candidats d’un parti. L’agenda est accompagné de reçus des dépenses citées et de documents Word et Excel détaillant les sommes payées aux agents et fournisseurs de services et produits.

Kistnen avait en septembre 2020, soit un mois avant que son corps ne soit retrouvé calciné dans un champ de canne à Telfair, Moka, remis les fameux Kistnen papers à l’activiste Bruneau Laurette sur l’aire de stationnement de Bagatelle. Il en avait marre, disait-il, d’être roulé dans la farine par les politiciens et voulait dénoncer leurs magouilles et les exposer. Il avait donc confié ce dossier explosif de révélations à Bruneau Laurette, qui les avait produits pendant l’enquête judiciaire au tribunal de Moka, le 8 février 2021. Par ailleurs, Ashok Subron et Stefan Gua, de Rezistans ek Alternativ, ont été appelés à témoigner au CCID le mercredi 11 août 2021, après que ces derniers ont envoyé le 9 janvier 2021, une correspondance au commissaire électoral sur le non-respect des dépenses électorales, comme démontré dans les Kistnen papers. Ceux-ci faisaient ainsi l’objet d’une enquête de la police sous l’article 74 de la Representation of the People Act...