Va-t-on voir la saison 2024 se dérouler sans les entraîneurs Shirish Narang et Vishal Ramanah ? C’est du moins ce qui se dessine à l’horizon après que les deux entraîneurs ont été arrêtés et relâchés, la semaine dernière, dans le cadre de l’affaire El Patron, ou si vous le préférez l’affaire «Mentholathum». Ce qui mettrait à mal leur Personal Management Licence (PML). Une autre question préoccupe les esprits : pourquoi cette affaire refait-elle surface après trois ans ? De plus, quelles sont les options des propriétaires affiliés aux écuries Narang et Ramanah en cas de suspension confirmée de la licence des entraîneurs en question ?

La Gambling Regulatory Authority Act est claire à ce sujet. Le board de la Gambling Regulatory Authority (GRA) «may issue a personal management licence on such conditions as may be specified in the licence». Le demandeur doit, au préalable, «certifies that he (i) is not the subject of an investigation into an offence specified in Part I of the Schedule; (and) (ii) is not the subject of court proceedings involving an offence specified in Part I of the Schedule». Et vu qu’une charge provisoire de «cheating and conspiracy to commit cheating» est en cours, elle concerne directement les infractions interdites par la GRA, à savoir «offences involving fraud and dishonesty». Ça sent, en effet, le roussi pour les entraineurs incriminés.

Selon plusieurs juristes, il «est fort probable que la PML des deux entraîneurs soit révoquée lors de la prochaine réunion du board de la GRA.» «Le wording legal est clair», insiste un avocat proche du domaine.

La ligne de défense de Narang et Ramanah n’est pas encore connue. Même si l’issue de cette affaire pourrait ne pas inquiéter les deux entraîneurs incriminés au final, ils doivent encore convaincre la cour, car la perte de leur PML reste un casse-tête chinois immédiat. Sans cette licence, leur activité devra cesser jusqu’à ce que l’affaire soit résolue. Il se chuchote qu’un des deux entraîneurs serait complètement anéanti, d’autant plus que certains propriétaires envisageraient déjà de déménager ailleurs pour faire courir leurs chevaux. Il est également rapporté qu’un autre entraîneur pourrait être inquiété pour une affaire similaire dans les semaines à venir.

Certains n’ont pas hésité à dénoncer le «timing» de cette affaire, remontant à trois ans. Cependant, d’autres adoptent un point de vue plus pragmatique : «La police a transmis le dossier au Directeur des poursuites publiques (DPP), qui prend le temps nécessaire pour décider de la suite à donner. Le calendrier du DPP n’est certainement pas basé sur la saison hippique !»

Rappelons que plusieurs individus avaient été interrogés par le Mauritius Turf Club dans le cadre de cette affaire, qui avait tenu en haleine toute la communauté hippique, avant de conduire à des sanctions à l’encontre de Shirish Narang et de son superviseur d’écurie, Selven Govinda, en janvier 2022. De plus, des images de caméra de surveillance montrant un possible cas de manipulation du cheval en question dans son box avant sa course avaient même circulé sur les réseaux sociaux.

Toute suspension de PML signifierait, répétons-le, la fermeture de l’écurie. Bien que nous n’en soyons pas encore là, et que la défense des entraîneurs en question puisse modifier la donne, certains propriétaires doivent dès maintenant se poser la question de leur survie. Que faire ? Alors que la plupart des chevaux des écuries Ramanah seront probablement répartis dans les écuries de Jean Michel Lee Shim et de Global Equestrian, que feront les propriétaires David Chui Wan Cheong et Vimal Damry ?

Dans ce cas, Subiraj Gujadhur et Vicky Ruhee pourraient bien accueillir une grande partie de ces chevaux. Cependant, il est important de souligner que cela reste hypothétique. C’est une option probable si les écuries Narang et Ramanah devaient fermer. Si le Dr Ruhee aurait déjà sa PML, et pourrait bien s’offrir une bouée d’oxygène après le départ d’un gros propriétaire vers l’établissement Rawat, la PML de Subiraj Gujadhur serait tributaire du nombre de chevaux au sein de son écurie en 2024.

Bien que le clan de Rameshwar Gujadhur ait exprimé l’an dernier son intention de fermer l’écurie, il semble qu’ils souhaitent rester dans le «game» uniquement à cause de The Gatekeeper. Et une obligation de prendre plus de chevaux pour continuer l’aventure pourrait entraîner le départ définitif de Subiraj Gujadhur. Quoi qu’il en soit, les choses vont évoluer rapidement avant le début de la saison, prévu pour le 4 mai.