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Îles éparses
Agaléga : entre promesses officielles et frustrations locales
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Agaléga : entre promesses officielles et frustrations locales

Une maison quasiment abandonnée où de jeunes couples mariés auraient pu habiter, selon Laval Soopramanien.
Quatre mois après la visite médiatisée du vice-Premier ministre (VPM), Paul Bérenger, et de sa délégation à Agalega, les habitants de l’archipel s’interrogent : qu’est-il advenu des engagements pris ? Sur le terrain, la situation semble stagner et devient inquiétante pour certains. Entre attentes non comblées et problèmes persistants, le sentiment général est à la déception.
Pour rappel, la visite du 3 avril avait été présentée comme un tournant, un moment-clé pour impulser un véritable renouveau dans la gouvernance locale, notamment à travers la restructuration de l’Agalega Island Council. Le VPM avait promis un conseil «rénové, revigoré», composé de personnes prêtes à s’engager, à parler haut et fort pour faire avancer les choses. Mais aujourd’hui, ces paroles semblent s’être évaporées, remplacées par une réalité bien plus morose.
«Le langage utilisé et l’action ne suivent pas. Est-ce que c’était juste pour endormir le peuple agaléen ?», s’interroge Laval Soopramanien, président de l’association Les Amis d’Agaléga. Militant de longue date sans appartenance politique, il dénonce un manque flagrant de suivi et d’engagement. Depuis le 16 avril, il a adressé une lettre au vice-Premier ministre pour solliciter une rencontre, mais à ce jour, il affirme n’avoir reçu aucune réponse, ni même un accusé de réception. «Il ne veut pas nous répondre», lance-t-il, visiblement amer.
Laval Soopramanien pointe également du doigt une promesseclé : la réforme de l’Agalega Island Council. «Mais à ce jour, c’est toujours business as usual. On a offert du désespoir aux habitants au lieu de l’espoir.» Bien qu’il ait été écarté du board de l’Outer Islands Development Corporation (OIDC), il reste déterminé à poursuivre son combat. «Cela ne m’empêchera pas de continuer à faire mon travail. En temps et lieu, nous dénoncerons la situation avec des exemples concrets.»
Parmi les préoccupations urgentes : le logement des jeunes couples mariés, un sujet brûlant dans un archipel où les infrastructures sont limitées. «Il n’y a pas de maisons pour eux. Où sont-ils censés aller ?», questionne-t-il. Autre problème de taille : les séquelles laissées par le cyclone Chido en décembre dernier. Certaines régions du sud de l’île restent sinistrées. «Des maisons sont encore en ruine. On a l’impression que certains coins ont été complètement oubliés.»
Dans ce contexte, certains habitants s’interrogent sur l’utilité des déplacements ministériels ainsi que des moyens engagés. «Est-ce qu’on est en train de jeter de l’argent par les fenêtres ?», demandent-ils tout en réclamant une réorganisation complète de la gestion de l’île afin que la population ne soit pas laissée pour compte.
Autre sujet de mécontentement : la pénurie de bonbonnes de gaz ménager, élément essentiel du quotidien. Une situation qui a provoqué une vague de panique la semaine dernière. Certaines personnes en ont acheté jusqu’à trois d’un coup. «On ne sait pas trop comment on va s’en sortir», témoigne une habitante.
L’idée d’une rupture réfutée
Contacté, le directeur général de l’OIDC, Sébastien Lamy, confirme que les stocks sont bas mais réfute l’idée d’une rupture de stock. «Le prochain bateau est prévu pour fin août ou début septembre. Les procédures de procurement sont déjà enclenchées», affirme-t-il. Il explique cette tension par une forme de panic buying, phénomène qui a aggravé la pénurie perçue. «Si les conditions météorologiques sont favorables, nous serons dans les temps.»
Malgré ces promesses de réapprovisionnement, le malaise demeure palpable. Pour les Agaléens, il ne s’agit plus seulement de réparations post-cycloniques ou de fournitures de base. C’est la confiance dans les engagements pris par les autorités qui vacille. Et tant que les actes ne suivront pas les discours, le fossé risque de se creuser davantage.
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