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Agitateurs et intérêts purement claniques

5 septembre 2024, 07:26

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Agitateurs et intérêts purement claniques

À entendre (sans vraiment les écouter) les élucubrations de l’un ou l’autre dans l’espace public, à voir leurs agitations sur la Toile ou Facebook, à défaut de pouvoir se frayer un chemin dans la presse nationale, c’est à se demander si ce sont les socioculturels ou politiciens qui font vivre la presse, ou si c’est plutôt l’inverse. En tout cas, d’aucuns pensent pouvoir atteindre notre journal, surtout quand ils sont à la solde des dynasties qui cherchent à divide and rule.

Le contre-pouvoir que nous sommes – et entendons demeurer – est devenu, malgré nous, l’adversaire politique de certains, qui nous perçoivent comme une menace, parce que nous défendons l’intérêt commun au détriment des intérêts claniques et ponctuels.

Mais les agitateurs, en manque de pub, sont aussi et surtout en mal d’os à ronger, malgré la série de dysfonctionnements sociétaux à résoudre : manque de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs, endettement public et perte du pouvoir d’achat, fonctionnaires frustrés et productivité molle, changement climatique et amélioration des services publics, réformes constitutionnelles et législatives, efficience et compétitivité de nos industries à augmenter dans un monde dépourvu de privilèges, préservation des libertés fondamentales, entre autres enjeux majeurs.

Les attaques répétées sont des tactiques puériles qui s’avèrent utiles pour détourner l’attention de sujets plus douloureux. Cela rapporterait des dividendes à moyen et long termes (pas toujours+) dans une importante frange de l’électorat.

Quant à nous, depuis plus de 60 ans que nous existons, nous le maintenons : nous n’avons pas d’ennemis politiques personnels, mais des adversaires sur le plan des idées et des principes, quelle que soit la couleur de leur drapeau. Nos adversaires sont, entre autres, ceux qui pratiquent le communalisme qui empêche l’éclosion du mauricianisme. Nous combattons aussi la démagogie qui entrave la liberté et le progrès social.

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Une société interculturelle invite au partage des savoirs, à la connaissance des coutumes de l’autre, à une interpénétration mutuelle. Une société multiculturelle, que défendent les lobbies sectaires (afin de sauver leur peau, leur terrain, leurs sous et leur duty-free) génère une juxtaposition des communautés d’où résultent rapidement une ghettoïsation des comportements et une séparation des idéaux. Et des visions différentes de la construction du pays. Ainsi, à travers leurs prismes sectaires, des combats nationaux, comme celui contre les manquements des partis politiques, les drogues de synthèse, revêtent des habits communaux… En d’autres mots, si l’on veut une nation vraiment solidaire et soudée, il y a lieu d’en découdre avec les lobbies qui nous divisent et d’encourager ceux – ils sont nombreux mais bien plus discrets – qui nous rassemblent. Depuis longtemps, nous avons choisi notre camp. Envers et contre tous.

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Nous sommes entrés dans une phase d’affrontement systématique entre camps et partisans opposés. Hélas, l’affrontement ne se fait pas forcément sur la base des idées ; il se fait quasi exclusivement par rapport à celui ou celle qui propose ou qui dénonce.

Il faut être sourd pour ne pas réaliser qu’une grande partie de l’opinion publique, aujourd’hui encore plus qu’hier, ne se reconnaît ni dans le discours des uns, ni dans celui des autres.

Même les plus savants des mathématiciens de la politique locale revoient actuellement leurs calculs. Au-delà des chiffres, c’est la dimension qualitative qui importe. Si un bloc se révèle incapable de répondre à la question sociale ou économique, il va alors critiquer les propositions de l’autre. Mais la plupart du temps, à la place de vrais débats démocratiques, comme ceux qui se font dans des démocraties dignes de ce nom, nous nous enfonçons dans des oppositions caricaturales, à l’image des clips qui circulent sur les réseaux sociaux.

Ce qui complique la donne et sème la confusion, c’est que les partenaires au sein des oppositions éparpillées n’arrivent pas à accorder leurs violons entre eux. La presse et l’opinion sont alors écartelées entre les extrêmes.