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Liaison inter-îles
Air Mauritius s’explique face aux critiques des Rodriguais
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Air Mauritius s’explique face aux critiques des Rodriguais

■ Les ATR 72-500 seront remplacés par des ATR 72-600 cette année, selon le planning de renouvellement de la flotte.
Dans un article publié dans l’édition de l’express du vendredi 23 mai, nous abordions une lettre ouverte adressée au Premier ministre Navin Ramgoolam par Lawrence Meyepa, un habitant engagé de Rodrigues. Il y dénonçait les difficultés croissantes d’accès aérien entre Maurice et Rodrigues, évoquant une «pénurie chronique de sièges», un «nombre insuffisant de rotations» et un «état préoccupant de la flotte» desservant l’île. Il faisait également part de la frustration grandissante des Rodriguais face à ces problèmes, tout en reconnaissant les défis auxquels Air Mauritius est confrontée, et plaidait pour la mise en place d’une solution durable.
Nous avions adressé à la compagnie aérienne plusieurs questions portant sur la fréquence des vols, la capacité offerte, la gestion des périodes de forte demande, ainsi que les dispositions prises pour les cas prioritaires, notamment les urgences médicales, les étudiants et les familles en situation d’urgence. Nous étions dans l’attente d’une réponse de la compagnie aérienne au moment de la mise sous presse, plus d’une semaine après notre requête. Samedi, Air Mauritius nous a communiqué sa position.
Entre perception et réalité
Air Mauritius reconnaît la légitimité de ces préoccupations, mais invite à faire la distinction entre perception et réalité. «La perception générale est que la compagnie ne propose pas suffisamment de sièges sur la liaison Maurice– Rodrigues, ce qui suscite des appels à augmenter le nombre de vols. Or, la réalité est différente : la compagnie affirme offrir plus de sièges qu’elle n’en vend effectivement.» Pour l’année financière 2023–24, Air Mauritius indique avoir mis à disposition environ 5 000 sièges de plus que le nombre de billets vendus sur cette desserte. Pour l’année financière 2024–25, à fin janvier, un surplus similaire avait déjà été enregistré, qui devait être dépassé à la clôture de l’exercice au 31 mars.
Concernant la fréquence des vols, la compagnie opère en moyenne cinq rotations quotidiennes entre Maurice et Rodrigues, grâce à trois ATR 72-500 et un ATR 72- 600. Ce chiffre varie selon la saison : en période de pointe, notamment pendant les vacances scolaires ou les fêtes de fin d’année, la compagnie peut aller jusqu’à dix vols par jour. La fréquentation varie selon les saisons, avec environ 28 000 passagers en décembre, contre un peu plus de 12 000 en février, période traditionnellement plus calme. Une reprise est généralement constatée à Pâques, avec près de 18 000 passagers, suivie d’une nouvelle hausse pendant les vacances scolaires de juillet-août. Après une baisse temporaire, le trafic connaît une forte reprise dès les vacances de la Toussaint, dépassant les 20 000 passagers. C’est à ces périodes de forte affluence que la compagnie augmente le nombre de vols quotidiens.
Malgré les efforts pour augmenter les vols en période de pointe, la compagnie se retrouve chaque année avec plus de 5 000 sièges excédentaires, ce qui représente un coût important. Ces sièges vides équivalents à environ 70 à 80 vols non rentabilisés par an, générant une perte de Rs 143 millions pour l’exercice financier écoulé et Rs 253 millions déjà pour l’année en cours, pertes qui s’accentuent.
Renouvellement de la flotte
Malgré ces difficultés, affirme-t-on, la compagnie prévoit d’apporter des améliorations à ses services. Il existe des contraintes liées à la longueur de la piste. Par conséquent, seule la flotte d’ATR peut assurer cette desserte. Contrairement à la desserte de La Réunion, où un grosporteur peut être déployé pour absorber un surplus de passagers, cette flexibilité n’est pas possible pour Rodrigues. La bonne nouvelle est que les ATR 72-500 seront remplacés par des ATR 72-600 au cours de cette année, conformément au planning de renouvellement de la flotte. Ce changement apportera une marge supplémentaire, car l’ATR 72-600 offre une charge utile supérieure, pouvant atteindre jusqu’à 1 000 kilos de plus par rapport à l’ATR 72-500.
Sur le plan humain, Air Mauritius affirme être particulièrement attentive aux cas médicaux, aux étudiants et aux familles en situation d’urgence. Toutefois, la priorité est systématiquement accordée aux personnes les plus vulnérables, que ce soit pour les vols vers Rodrigues ou vers d’autres destinations comme l’Inde. Parfois, des malades voyagent sur des brancards, occupant jusqu’à six places, accompagnés de personnel soignant, avec parfois un apport d’oxygène. Les stewards et hôtesses sont formés pour assister les médecins dans ces situations délicates, témoignant de l’attention particulière portée à ces passagers, indique-t-on. Dans un ATR, où la capacité est limitée, des passagers comme des étudiants ou des personnes souhaitant assister à des événements familiaux peuvent parfois se voir refuser l’embarquement, la priorité étant accordée aux passagers les plus vulnérables.
Nouvelle politique de réservation
Enfin, la nouvelle politique mise en place cette semaine impose aux passagers voyageant entre Maurice et Rodrigues de fixer leur date de retour dès l’achat du billet. Toute modification ultérieure entraîne une pénalité de Rs 800. Johnson Roussety, Chef commissaire adjoint de Rodrigues, a critiqué cette mesure sur sa page Facebook, la qualifiant d’injuste, notamment pour les patients en traitement, étudiants, commerçants ou visiteurs familiaux qui ont besoin de souplesse dans leur planning, ne pouvant pas «toujours prédire leur date de retour». Selon lui, «il est inacceptable que les contraintes logistiques ou financières de la compagnie soient transférées aux usagers les plus vulnérables. Il est urgent de revoir cette mesure injuste et d’introduire une politique adaptée aux besoins réels des Rodriguais.»
À ce propos, Air Mauritius rappelle que les billets open, sans date de retour fixe, sont une option choisie par le passager. Ces derniers peuvent se présenter à l’aéroport et embarquer en fonction des places disponibles, mais doivent parfois attendre un vol ultérieur en cas de saturation. «C’est là le principal inconvénient du billet open, mais il s’agit d’un choix délibéré du passager.»
Pour les réservations fermes, toute modification entraîne une pénalité, comme c’est le cas dans toutes les compagnies aériennes, afin de garantir une gestion optimale des sièges – car un changement de date peut perturber l’organisation des vols. La compagnie précise que «les passagers malades, soit les plus vulnérables, ont toujours été exemptés de cette pénalité – une mesure maintenue dans la nouvelle politique – tandis que leurs accompagnants, eux, ne bénéficient pas de cette exemption».
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