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Interview…

Alain Jeannot : «Un appel à la vigilance et à la réflexion après le drame de Beaux-Songes»

14 octobre 2024, 16:30

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Alain Jeannot : «Un appel à la vigilance et à la réflexion après le drame de Beaux-Songes»

Alain Jeannot, président de Prévention routière avant tout.

Un «grief counsellor» est important pour soutenir la famille des victimes

Ce samedi matin, le 12 octobre, un drame a frappé le village de Beaux-Songes. Une collision frontale entre une voiture et un camion a causé la mort de quatre personnes. Trois jeunes hommes et une jeune femme sont morts sur le coup. Nous en avons parlé avec Alain Jeannot, le président de Prévention routière avant tout. «Les jeunes âgés de 15 à 29 constituaient 33 % des fatalités routières l’année dernière», nous dit-il.

Après l’accident de Beaux-Songes, quelles sont vos réactions ?

L’effroi et un profond chagrin s’emparent de nous face à la tragédie qui frappe notre communauté. Quatre jeunes, pleins de vie et en bonne santé, perdent la vie de manière soudaine et inexplicable. C’est une perte anormale, inacceptable et profondément regrettable. Bien que je ne connaisse pas les circonstances exactes de cet accident, il est indéniable que Beaux-Songes a souvent été le théâtre de tragédies routières. Il serait pertinent de dresser un état des lieux des dix dernières années pour mieux comprendre cette situation. Analyser les points communs pourrait nous permettre de prendre des mesures concrètes. Par exemple, quel est le profil des personnes impliquées ? D’où venaient-elles ? À quelle heure l’accident s’est-il produit ? Dans quel contexte cette route est-elle la plus souvent empruntée ? À court terme, il serait judicieux d’envisager l’installation de dispositifs de ralentissement sur ce tronçon. L’ajout de radars de vitesse ainsi qu’un meilleur marquage au sol pourraient contribuer à améliorer la sécurité routière.

Perdre quatre vies en une journée, ça fait beaucoup. Qu’avez-vous à dire ?

Il serait crucial de réaliser un audit complet de cette route. Je rappelle qu’elle a déjà été le site d’accidents tragiques, comme celui de 2015, où six personnes avaient perdu la vie (voir plus loin), et celui de 2016, avec deux victimes. Perdre quatre vies en une seule journée est un chiffre tragiquement élevé.

Quelle est l’importance d’intégrer la sécurité routière dans notre quotidien ?

Il est impératif d’intégrer la sécurité routière dans notre culture de vie et notre manière d’être. Nous devons également améliorer nos rapports de respect et de discipline pour qu’ils reflètent notre comportement sur la route. Nous n’avons pas d’autre choix que d’agir, car avec deux véhicules par foyer, si nous continuons sur cette lancée, nous sommes condamnés à le faire. Dans 20 ans, si nous continuons sur cette lancée, nous aurons plus d’un véhicule par personne.

Quels sont les impacts psychologiques d’un accident sur la société ?

Il est essentiel que les victimes soient soutenues par un grief counsellor, de même que leurs parents et leurs proches, comme cela se pratique dans certains pays développés. Ce soutien psychologique est crucial pour les aider à traverser cette période difficile.

Y a-t-il des améliorations à mettre en place pour la sécurité routière, comme des campagnes de sensibilisation ?

La sécurité routière est un domaine dynamique qui nécessite une évaluation constante. Dans l’immédiat, je propose une campagne de sensibilisation soutenue sur la vitesse et le dépassement intensif. Il est également souhaitable de veiller à un entretien rigoureux des mobiliers routiers et des marquages au sol. À moyen terme, l’implémentation d’un permis probatoire est nécessaire.

Bien que les jeunes représentent seulement 21 % de la population, ils constituent plus de 35 % des décès sur la route, la plupart étant des conducteurs de voiture ou des motocyclistes. Je voudrais lancer un appel de vigilance en cette période électorale. Notre folklore influence souvent nos comportements et notre manière d’agir, mais il est crucial de prendre conscience que ces quarante dernières années, notre parc de véhicules a augmenté de 74 369 véhicules à 700 000 en 2024. Nous ne pouvons plus nous permettre de placer des oriflammes et des banderoles n’importe où sans penser aux conséquences. Il est également inadmissible de se laisser emporter par une euphorie qui nous pousse à marcher en groupe au milieu de la route, même pour rencontrer nos futurs candidats.


Série noire à Beaux-Songes

Le 21 décembre 2015 : Aux alentours de 5 heures du matin, un tragique accident de la route à Beaux-Songes provoque la mort de six personnes et quatre autres sont blessées, plongeant la communauté dans le choc et la tristesse. La collision implique un autobus de la Compagnie Nationale de Transport et un 4x4. Les victimes sont principalement des jeunes, dont Navnish Ramchurn, 17 ans, et son cousin Palvish Ramchurn, 19 ans, tous deux décédés à l’hôpital. Palvish était également DJ à mi-temps. Les autres victimes sont : Cédric Bozelle, 24 ans, de Résidence Kennedy, Aurélie Charlot, 23 ans d’Henrietta, et Elodie Ramchurn, originaire de Vacoas. Le chauffeur du 4x4, Andy Chowreemootoo, également dans la vingtaine, perd aussi la vie dans cet accident tragique.

Le 27 novembre 2016 : Ce jourlà, vers 14 h 30, Serge Para, père de cinq enfants, et son ami, Kissoon Bhurtun, prennent la route du retour. À hauteur de Beaux-Songes, la moto dérape et percute un arbre. La police de Bambous est mandée sur place. Les deux hommes, grièvement blessés, sont admis à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Victoria, Candos. Mais ils ne survivent pas et laissent leurs familles en deuil. «Serge a emprunté une motocyclette. Avec son ami, ils ont pris la direction de La Preneuse», explique la sœur de la victime.

Septembre 2023 : Un autre événement dévastateur se produit à Beaux-Songes lorsque le policier Dharmajay Vishal Goodur, 51 ans, est mortellement percuté par un jeune automobiliste de 19 ans. Malgré une intervention rapide des secours, le policier est déclaré mort sur les lieux, soulignant l’urgence d’une prise de conscience collective sur la sécurité routière.