Si lundi, le nouveau chief whip, Kavi Doolub, avait déclaré que le speaker est un homme calme, de nature douce et que souvent, on n’entend pas ce qu’il dit – ce qui n’avait pas manqué de provoquer l’hilarité des internautes – on peut dire que Sooroojdev Phokeer n’a pas démenti ces dires hier, du moins lors de la première tranche des travaux parlementaires. À aucun moment, celui qui démontre souvent qu’il n’a pas volé son surnom de «loudspeaker» n’a interrompu Xavier-Luc Duval durant sa PNQ, lançant même des remarques au ministre Anwar Husnoo, lui demandant d’«écouter avant de répondre à une question supplémentaire». La seule remarque qu’il a adressée, c’était à Arianne Navarre-Marie (voir plus loin).

Sinon, c’est Anwar Husnoo qui a volé la vedette lors de la PNQ, en reprenant pendant de longues minutes les prévisions émises par la station météorologique de Vacoas avant le passage du cyclone Belal. À peine trois minutes après qu’il a commencé à répondre à la PNQ, le leader de l’opposition a montré des signes d’agacement et a réclamé l’intervention du speaker. À trop lire les prévisions, Husnoo a suscité des rires sur les bancs de l’opposition. «Monsieur Météo», ont lancé quelques élus et Paul Bérenger a lâché : «Hmmm, catastrophe naturelle ça.» Le ministre Bobby Hurreeram, dont le siège se trouve juste derrière Anwar Husnoo, tentait, lui, de glisser certaines réponses à son collègue.

Le ton est cependant monté d’un cran quand Arianne Navarre-Marie a posé une question supplémentaire au Premier ministre au sujet du kreol morisien. «The honourable member has not understood (…) in my answer…» La députée du MMM a alors lancé à Pravind Jugnauth : «Mo konpran zis kreol mwa, quelle arrogance !» Vexé, le Premier ministre lui a demandé s’il l’avait interrompue quand elle posait sa question supplémentaire. «Arrogance et échec lamentable», a insisté Arianne Navarre-Marie. Le speaker a alors signifié à la députée qu’elle faisait preuve de «bad manners».

Quand le Premier ministre s’est lancé dans un rappel des réponses fournies par Navin Ramgoolam en 2008, Arianne Navarre-Marie a murmuré : «To kosmar sa, to rev li aswar. Li pa la…» Pravind Jugnauth de lui répondre : «Li pa la, to leader sa. Li pa la, li laba.» Et Joanna Bérenger de renchérir : «Koz 2024.» Avant qu’un autre membre de l’opposition ne lance à l’encontre du Premier ministre : «Limem (NdlR, Navin Ramgoolam) fer twa pa dormi aswar.»

Questions évitées

Avant cela, la sonnerie annonçant le début des travaux parlementaires a duré de longues minutes. Cela n’a pas manqué d’irriter Paul Bérenger. «Zot an rétar, zot fatig zorey dimounn.» Et à la clerk de l’Assemblée, il devait dire : «Ou pou tortir nou la Madam.» En fait, le ministre Anwar Husnoo, qui devait répondre à la PNQ donc, est arrivé au sein de l’Hémicycle avec quelques minutes de retard.

Par ailleurs, les séances se suivent et se ressemblent. Cette fois encore, Pravind Jugnauth n’a répondu qu’à une seule question durant la tranche réservée aux questions qui lui sont adressées. Le Premier ministre a évité l’interpellation d’Ehsan Juman concernant l’agression alléguée du ministre Anjiv Ramdhany sur la personne de Rajiv Kular Beeharry.

On avait également les yeux rivés sur le deputy speaker, Zahid Nazurally, après sa déclaration fracassante sur les deux «familles» qui occupent depuis des lustres le poste de Premier ministre, soit les Ramgoolam et les Jugnauth. Il était bien présent hier, mais il s’est plongé dans la lecture d’un document avec la tête penchée vers la table pendant de longues minutes durant la première partie. Tania Diolle, elle, s’est retrouvée dans l’embarras avec une sonnerie provenant soit de son téléphone ou de son ordinateur portable qui a perturbé la séance.

Comme prévu, Kavi Doolub, lui, s’est retrouvé dans le siège occupé par Naveena Ramyad qui, elle, a pris place juste après Anjiv Ramdhany. Du côté du gouvernement, Subhasnee Luchmun-Roy et Joe Lesjongard comptaient parmi les absents, alors que du côté de l’opposition, on a remarqué l’absence de Franco Quirin, Richard Duval et Shakeel Mohamed au cours de la première tranche.