Les premiers mots de la réponse de Pravind Jugnauth ont immédiatement indiqué dans quelle direction la question de Salim Abbas Mamode sur un projet de chalets à Agaléga voulait aller. «Soon after Hon. Paul Raymond Berenger assumed Office as Prime Minister in September 2003, he had a meeting with Mr. L, on behalf of Ireland Blyth Ltd where the Agalega project, an unsolicited proposal, was discussed.» C’est ainsi qu’il a commencé sa réponse. Les autres membres du gouvernement ont alors lancé des «hmmmmm». Il a été ainsi à chaque fois que Pravind Jugnauth a relaté dans quelle circonstance Paul Bérenger a défendu le projet du groupe IBL pour la construction de 15 chalets et le droit d’atterrir sur cette île.

Contrairement à son habitude, le leader du Mouvement militant mauricien n’a nullement réagi. Il a simplement esquissé un sourire. D’ailleurs, Pravind Jugnauth a pris la peine de citer le nom de Paul Bérenger à cinq reprises. «Kot to ti ete twa?» lui a alors lancé Patrick Assirvaden tout en conversant avec Paul Bérenger. Arvin Boolell devait aussi se mettre de la partie. «Li pa ti minis finans lerla?» Il voulait faire référence à la période où le MMM et le Mouvement socialiste militant étaient en alliance. Paul Bérenger était le Premier ministre et Pravind Jugnauth luimême était Premier ministre adjoint et ministre de Finances.

Par la suite, le chef du gouvernement a déclaré que le groupe IBL voulait un bail pour un terrain d’un arpent sur la côte pour la construction d’une marina, d’une jetée et d’un boat-house. «Pa ti ena EIA lerla», a précisé un membre du gouvernement.

Peu avant, le Premier ministre a fait savoir que le ministère des Terres et du logement avait accordé une lettre d’intention à IBL le 27 janvier 2004 pour un bail industriel d’un terrain de 25 arpents pour le développement du projet Agaléga Island Resort. Le député Reza Uteem, qui l’écoutait attentivement, s’est vite mis à pianoter sur sa tablette pour faire des recherches. Par la suite, il a fait un grand sourire tout en montrant sa trouvaille à Paul Bérenger et Patrick Assirvaden. «Mo pou bez li-la», a-t-il murmuré au Whip de l’opposition. Or, Joe Lesjongard était le ministre du Logement et des terres de décembre 2003 à décembre 2004 et, actuellement, il est ministre dans le cabinet de Pravind Jugnauth. Tout en critiquant Paul Bérenger, le Premier ministre devait, en même temps, relater en détail comment le ministère du Logement et des terres était en contact avec IBL pour négocier les conditions de ce bail pendant toute l’année de 2004. L’accord entre les deux parties avait été signé en juin 2005.

Par la suite, Pravind Jugnauth a relaté comment Navin Ramgoolam, le leader de l’opposition d’alors, avait critiqué Paul Bérenger pour ce projet. Il a cité Navin Ramgoolam qui avait dit : «IBL gets the cake and eats it at the same time! (...) There is a hidden agenda! IBL is being given the island, which occupies a geo-strategic position; and they are going to get an island!» Arvin Boolell a tout de suite réagi à cette remarque. «Kot to ti ete lerla twa?», at- il demandé au Premier ministre. Celui-ci ne lui a pas accordé d’importance, ajoutant que Navin Ramgoolam a mis ce projet de côté aussitôt arrivé au pouvoir. Aujourd’hui, il est le «ti-frer chéri» de Paul Bérenger. «To zalou!», lui a rétorqué immédiatement Joanna Bérenger.

À peine la réponse du Premier ministre terminée, Reza Uteem et Patrick Assirvaden ont rapidement levé la main pour faire signe au speaker qu’ils souhaitaient poser une question supplémentaire à Pravind Jugnauth. Ils ont gardé cette position pendant cinq minutes environ. «Mr Speaker! Mr Speaker!», a-t-on entendu venant de Patrick Assirvaden. Malheureusement, bien qu’ils fussent en face de Sooroojdev Phokeer, il ne les a pas vus. Cependant, le speaker a permis à Salim Abbas Mamode et Ashley Ittoo, les deux élus du gouvernement, pourtant au fond de la salle, de poser des questions à Pravind Jugnauth sur ce sujet. Il a ensuite mis fin à la séance du Prime Minister’s Questions Time. «Mo ti kone sa!», a laissé sortir Patrick Assirvaden. Rajesh Bhagwan devait aussi se mettre de la partie. «Lesjongard ti minis later e lozman. To pa onte. Kominal!» Le speaker lui a alors demandé de retirer ses propos et s’excuser. «J’ai dit communal sans viser personne», a répondu l’élu mauve pour ensuite obtempérer. Paul Bérenger lui a aussi conseillé de laisser tomber. «Dan konferans de pres, reponn zot», a ajouté le leader du MMM.