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Face au labyrinthe judiciaire

Ana Jakobsen: «Laissez-moi simplement embrasser mon fils»

6 novembre 2023, 10:00

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Ana Jakobsen: «Laissez-moi simplement embrasser mon fils»

La mère attend depuis trois ans pour avoir le droit de serrer son fils dans ses bras.

Imaginez que vous êtes le parent d’un enfant et que vous ne l’avez pas pu le voir et le serrer contre votre cœur depuis trois ans, malgré toutes les multiples démarches entreprises. Imaginez que vous n’êtes pas dans votre pays d’origine et que vous êtes étranger au système qui ressemble au roman de Kafka. Imaginez que vous ne pouvez pas voir votre propre enfant grandir à cause des différends entre adultes. Imaginez que chaque semaine on vous dit d’attendre alors que vous attendez depuis des années...Imaginez la peine face à cette déchirure humaine.

Ana Jakobsen, une Norvégienne qui a perdu la garde de son fils de 11 ans à la suite d’un imbroglio juridique avec son ex-époux, un Mauricien qu’elle a rencontré en Australie, lutte depuis trois ans pour retrouver son enfant. De retour à Maurice depuis quelques jours, elle attend un jugement de la Cour suprême de Maurice qui déterminera la garde de son fils. C’est une histoire d’injustice, de douleur et d’une mère déterminée à surmonter tous les obstacles pour être réunie avec son enfant qu’elle veut à tout prix serrer dans ses bras.

Depuis leur divorce en 2020, elle n’a pas eu le droit de voir son fils, ni même de le contacter. La bataille judiciaire pour la garde de son fils est longue et éprouvante. «En un an et demi, il n’y a eu que deux audiences de la cour car mon ex-époux à chaque fois, a brillé par son absence, refusant à tout prix de communiquer», dit-elle. Actuellement, elle attend un ruling de la cour sur sa demande de garde de son fils. Si la justice lui avait donné la permission de passer du temps avec son fils, au moins une fois par semaine, dans un poste de police, depuis le Covid-19, souligne-telle, les parents de son ex-époux n’emmènent plus l’enfant pour qu’elle le voie. Ils ne respectent plus l’ordre de la cour. Et personne ne peut leur faire changer d’avis. Aucune autorité.

Ce n’est pas simplement une histoire de bataille judiciaire, mais aussi un combat contre l’injustice et l’inhumanité. Ana Jakobsen, depuis son divorce, n’a plus le droit de rester à Maurice. Actuellement en visite sur un visa de visiteur pour trois mois, elle espère pouvoir étendre son séjour à six mois pour avoir le temps de compléter ses démarches. Depuis 2021, elle a soumis une demande de permis de résident, une lueur d’espoir dans l’obscurité de son existence en suspens. Mais les autorités tardent à répondre, prolongeant son séjour incertain dans le pays.

Pendant ce temps, trois ans se sont écoulés depuis qu’elle a été cruellement séparée de son fils, un écart creusé par l’absence de nouvelles et la cruauté d’une séparation. La mère, malgré toutes les barrières, avait réussi à donner un téléphone portable à son fils dans l’espoir de maintenir un lien, mais même cela lui est refusé. Son ex-mari et sa famille ont imposé des restrictions draconiennes, empêchant l’enfant d’utiliser le téléphone pour parler à sa mère.

«Chaque jour loin de mon fils est une épreuve insurmontable. Mon cœur pleure en silence alors que je me bats pour le voir, pour lui parler, pour lui dire que je suis là. Avant de quitter Maurice, je n’ai pu que me contenter de bribes d’amour volées à l’ombre de l’école où l’enfant étudie. J’allais le voir en cachette à l’école. Je vais me battre pour lui, pour notre droit d’être ensemble, car chaque enfant mérite l’amour inconditionnel de sa mère», insiste Ana Jakobsen.

Depuis le divorce, c’est la grand-mère paternelle qui a pris la responsabilité de l’enfant. Le père, dit la Norvégienne, a toujours été absent, ne montrant aucun intérêt pour le bien-être de son propre fils. «Pour les audiences en cour, il envoyait simplement ses avocats, créant un vide là où la discussion et la résolution devraient résider. Ces avocats n’ont pas produit un seul document justifiant leur position», confie-t-elle.

Le cœur de cette mère saigne de chagrin et d’impuissance. L’express a suivi ses péripéties en laissant la justice suivre son cours, mais l’attente étant inhumaine, ce papier s’est imposé. Elle se bat non seulement pour sa propre cause, mais aussi pour un principe fondamental : le droit d’un enfant à voir sa mère, à lui confier ses petits soucis du quotidien, à avoir simplement une épaule. Pourtant, cet amour est nié, étouffé par des obstacles bureaucratiques, administratifs et des décisions arbitraires. Dans ce combat pour la justice et l’amour, cette mère norvégienne refuse de se laisser abattre. En attendant, elle continue son combat, sa quête désespérée pour la réunion avec son fils. On a essayé en vain d’avoir la version du père, celui-ci est invité à nous donner sa version des faits, mais au final ce qui importe c’est qu’un enfant puisse être réuni avec sa maman, ne serait-ce que l’instant d’un déjeuner et d’une marche sur une plage publique, en présence des autorités si besoin est...

Est-ce trop demander ?