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Les Chagos sous deux gouvernements

Analyse comparative des deux «Joint Statements»

14 janvier 2025, 14:00

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Analyse comparative des deux «Joint Statements»

Deux déclarations conjointes publiées les 3 octobre 2024, sous le régime de Pravind Jugnauth, et hier, sous celui de Navin Ramgoolam, révèlent des approches distinctes dans les négociations sur la souveraineté de l’archipel des Chagos. Bien que centrées sur des objectifs similaires, ces déclarations diffèrent dans leurs détails, leur portée et leur ton.

Similitudes

Reconnaissance de la souveraineté de Maurice

Les deux déclarations réaffirment l’objectif commun de résoudre les questions de souveraineté sur l’archipel des Chagos. Dans les deux documents, le Royaume-Uni reconnaît la revendication souveraine de Maurice sur ce territoire. Les deux déclarations soulignent l’engagement des deux nations à finaliser un traité garantissant la souveraineté de Maurice tout en abordant les intérêts régionaux et mondiaux.

Engagement à la coopération

L’esprit de collaboration est évident dans les deux documents. La déclaration d’octobre 2024 décrit les négociations comme étant «constructives et respectueuses», soulignant l’attachement mutuel au droit international. De même, la déclaration de janvier 2025 évoque des «discussions productives», maintenant un ton de bonne volonté et un objectif partagé.

Importance stratégique de Diego Garcia

Les deux documents mettent en avant le rôle crucial de la base militaire de Diego Garcia dans la sécurité régionale et mondiale. Ils s’accordent sur l’importance de garantir des opérations durables, sûres et efficaces à la base, démontrant ainsi sa valeur stratégique pour les deux nations.

Un traité comme prochaine étape

Dans les deux déclarations, un traité est présenté comme le mécanisme destiné à formaliser les accords. Cela reflète le processus juridique et diplomatique en cours pour finaliser les termes et résoudre toutes les questions en suspens.

Différences

Niveau de détail

• La déclaration d’octobre 2024 est très détaillée et complète, présentant une feuille de route pour résoudre le différend. Elle expose un arrangement de 99 ans permettant aux autorités britanniques d’exercer certains droits sur Diego Garcia, la création d’un fonds fiduciaire pour les Chagossiens déplacés, et un ensemble de soutien financier pour Maurice. Elle développe également des coopérations dans des domaines comme la protection de l’environnement, la sécurité maritime et le développement économique.

• En revanche, la déclaration de janvier 2025 est concise et se concentre uniquement sur les progrès des discussions. Elle fournit peu d’informations sur les spécificités de l’accord et n’aborde pas d’initiatives plus larges.

Ton

• La déclaration d’octobre 2024 adopte un ton célébratoire, qualifiant l’accord de «moment historique» et de «nouveau chapitre» dans la relation entre Maurice et le Royaume-Uni.

• La déclaration de janvier 2025 est plus sobre et neutre, mettant en avant les progrès en cours sans faire de grandes annonces.

Focus sur les injustices passées

• La déclaration d’octobre 2024 traite explicitement des injustices historiques, notamment le déplacement forcé des Chagossiens, avec des plans pour leur réinstallation, un soutien social et la création d’un fonds fiduciaire.

• La déclaration de janvier 2025 ne mentionne ni les injustices passées ni les Chagossiens, se concentrant sur les aspects techniques de la souveraineté et de la sécurité.

Partenariats internationaux élargis

• La déclaration d’octobre 2024 met en lumière la participation de partenaires internationaux, notamment les États-Unis et l’Inde, soulignant les dimensions géopolitiques de l’accord.

• La déclaration de janvier 2025 est strictement bilatérale, se limitant aux discussions entre Maurice et le Royaume-Uni.

Provisions économiques et environnementales

• La déclaration d’octobre 2024 introduit des initiatives comme un soutien financier, le développement d’infrastructures et la création d’une zone marine protégée mauricienne.

• La déclaration de janvier 2025 ne discute d’aucune mesure économique ou environnementale, se concentrant uniquement sur le cadre juridique et sécuritaire.

statement.jpg (Le «Joint Statement» publié, le 3 octobre 2024, sous le régime de Pravind Jugnauth. (Ci-contre) Celui publié hier sous le régime de Navin Ramgoolam.)

Conclusion

Ensemble, ces documents soulignent un engagement commun à résoudre un différend de longue date tout en abordant à la fois les injustices historiques et les opportunités futures. L’évolution entre les deux déclarations démontre la complexité des négociations internationales et l’importance d’équilibrer les détails et la diplomatie. Ces étapes marquent l’espoir d’une résolution bénéfique non seulement pour Maurice et le Royaume-Uni, mais aussi pour la région plus large et la communauté chagossienne déplacée.

Me Gavin Glover : «Le voyage a été productif»

«Oui, le voyage a été productif. Nous ne sommes pas rentrés bredouilles. Mais nous ne pouvons pas dire plus que cela à ce stade», a confié Me Gavin Glover, «Senior Counsel», «Attorney General» et chef de la délégation mauricienne sur le dossier Chagos à Londres. De retour à Maurice depuis ce weekend, après des négociations qualifiées de «serrées», il les a menées dans le but de finaliser un accord avec les autorités britanniques.

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