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Interview
Anushka Virahsawmy: «Un Boot Camp à Rodrigues pour former les adolescents et contrer le teeenage pregnancy»
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Interview
Anushka Virahsawmy: «Un Boot Camp à Rodrigues pour former les adolescents et contrer le teeenage pregnancy»
Anushka Virahsawmy, directrice du bureau mauricien de Gender Links.
Anushka Virahsawmy, directrice du bureau mauricien de Gender Links, a conduit une délégation de cinq Mauriciennes à Johannesbourg en Afrique du Sud à la mi-septembre. Le but : leur faire découvrir les enseignements de la South African Women In Dialogue et les ramener à Maurice pour les répliquer. Elle a d’ailleurs grappillé quelques idées pour Safe Haven, la maison de transition et d’accueil qu’elle a fondée.
Depuis quand connaissez-vous la South African Women In Dialogue (SAWID) et êtes-vous SAWIDienne ?
Je peux dire tout haut que je suis SAWIDienne et fière de l’être. Je connais la SAWID depuis 2016. Cette année-là, alors que j’étais coordinatrice de Gender Links (GL), la SAWID, qui s’appelait à l’époque African Women in Dialogue, a contacté GL pour nous demander de déléguer des participants à son dialogue entre femmes de l’Afrique du Sud et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). La SAWID est une plateforme multiconfessionnelle très dynamique, débordante d’idées et de ressources humaines. À chaque fois que nous avons été sollicitées, nous avons délégué des participantes qui sont revenues avec des connaissances qu’il nous a été possible d’ajuster au contexte local et d’intégrer dans nos projets. Que ce soit en présentiel lors des dialogues annuels ou sur Whatsapp, les SAWIDiens donnent de leur temps et partagent leurs idées. La SAWID travaille de telle sorte qu’elle est toujours et en premier lieu à l’écoute des femmes au bas de l’échelle (grassroots). Les idées qui émergent sont ensuite affinées et exposées. Vous prenez ce dont vous avez besoin et vous l’amenez dans votre pays et vous l’insérez dans vos projets.
Quels projets avez-vous pu mener à bien après vos premiers contacts avec la SAWID ?
Avant le Covid-19, des femmes entrepreneurs ont pu enrichir leurs connaissances et mieux gérer leurs business grâce à la SAWID. Dans le bureau de GL, nous voulions créer un Information Technology (IT) hub. Deux délégués mauriciens ont pu aller suivre une formation auprès de la SAWID et à leur retour, nous avons pu mettre en place notre projet d’IT hub.
Dès qu’une personne réalise qu’elle a des traumatismes enfouis en elle, le processus de guérison peut alors commencer.’
Quelles idées applicables à Maurice avez-vous retenues au cours du dialogue de la mi-septembre cadrant avec le 20e anniversaire de la SAWID ?
Nous avons découvert comment les traumatismes non résolus peuvent créer des blocages et empêcher les personnes d’exploiter leur plein potentiel (voir l’express du samedi 30 septembre). Il a aussi été question de la responsabilité de tout un chacun dans n’importe quelle situation et des différents outils pouvant entraîner la guérison. Je compte faire un projet de healing, d’abord pour que mon personnel en bénéficie car you have to heal yourself first before healing others. Mon public cible à Safe Haven comprend des survivantes de violence et des jeunes femmes sortant des Rehabilitation Youth Centre et Correctional Youth Centre. Elles traînent un bagage de traumatismes non résolus très lourd. Je vais faire suivre à mon personnel une formation en healing afin qu’il se comprenne d’abord et qu’ensuite, il aille donner ces outils de guérison à nos bénéficiaires. Dès qu’une personne réalise qu’elle a des traumatismes enfouis en elle, le processus de guérison peut alors commencer. Mais il ne faut pas croire que c’est une recette magique, que l’on va faire un tour de passepasse ou quoi que ce soit d’autre. Le healing est un life-long natural process.
GL s’est rendu à Rodrigues à plusieurs reprises cette année, pourquoi ?
Rodrigues est une île chère à mon cœur et nous y menons plusieurs projets, notamment sur les droits à la santé sexuelle et reproductive des adolescents, sur la participation des femmes en politique, sur l’entreprenariat des femmes et sur la lutte contre la violence basée sur le genre. C’est aussi pour cela que parmi la délégation que j’ai emmenée au 20e dialogue de la SAWID à Johannesburg à la mi-septembre, j’ai invité Christiane Agathe, la commissaire pour les affaires des femmes et le développement des enfants à Rodrigues. Nous avons démarré un projet avec une cinquantaine de jeunes dans cette île car Rodrigues connaît un sérieux problème de grossesses adolescentes (teenage pregnancy). Selon les statistiques officielles, sur 1 188 jeunes filles de 14 à 19 ans, 12 % sont déjà des mamans. En d’autres termes, des enfants sont en train de donner naissance à des enfants. Et quand j’écoute les travailleurs sociaux, je suis encore plus atterrée car ils disent qu’en sus de ce pourcentage, il y a 12 à 13 % d’adolescentes supplémentaires qui étaient enceintes et qui se sont fait avorter. S’attaquer à la problématique de grossesses adolescentes, c’est aussi évaluer celle de l’avortement et de la santé physique et mentale de ces jeunes filles.
Qu’allez-vous faire pour tenter de contrer ce problème de grossesses adolescentes à Rodrigues ?
J’ai décidé d’organiser un Boot camp de trois jours en décembre avec 35 jeunes répartis en groupes. Je vais les former en leadership et leur donner des informations afin qu’ils prennent des décisions éclairées par rapport à leur vie personnelle et apportent leur contribution à leur pays. Il y aura un second Boot Camp au début de 2024, probablement durant les vacances scolaires. Je dois ajouter que les grossesses adolescentes sont aussi un problème à Maurice mais Rodrigues est une petite île avec seulement 18 000 familles. Ce sera plus facile d’appliquer ce projet à Rodrigues et ensuite l’amener à Maurice.
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