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Ramadan

Apprendre à mieux gérer sa santé pendant le jeûne

10 mars 2024, 11:30

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Apprendre à mieux gérer sa santé pendant le jeûne

Il est conseillé de ne pas abuser de fritures et d’aliments gras pendant la rupture du jeûne.

Les Mauriciens de foi musulmane débutent le mois du jeûne du Ramadan le mardi 12 mars. Outre les prières, l’entraide et les dons aux plus démunis seront au premier plan durant ce mois sacré. Pendant 29 ou 30 jours, les musulmans vont s’abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil, le jeûne durant ce mois étant obligatoire conformément à la foi musulmane. Si les bienfaits de ce type de jeûne intermittent sur la santé physique et mentale des personnes en général sont bien documentés par les recherches menées dans le monde entier, jeûner pendant cette période nécessite néanmoins une préparation supplémentaire pour s’assurer que nous restons en bonne santé dans l’ensemble, souligne Waqia Fokeena-Bheekhun, diététicienne à la clinique Chisty Shifa.

Tout d’abord, il faut tenir compte du fait que cette année, le jeûne du Ramadan coïncide avec la prévalence d’un climat chaud et humide à Maurice. À cet égard, il est primordial de s’hydrater entre le coucher du soleil (après la rupture du jeûne) et le lever du soleil (avant de reprendre le jeûne) en buvant de l’eau en quantité suffisante, soit au moins six verres pour les personnes en bonne santé. «Il est également important de bien répartir la consommation quotidienne de calories entre le Sehri (le repas avant le jeûne), l’Iftar (la rupture du jeûne), le dîner et un bedtime-snack du soir, afin de garantir une alimentation saine. Les repas doivent inclure des aliments qui dégagent de l’énergie de manière graduelle, car ils nous permettent de rester en forme plus longtemps. Il s’agit notamment de l’avoine, de la semoule, du pain complet ou de farata, des pâtes, du manioc et des grains secs», explique la diététicienne.

Par ailleurs, nombreux sont ceux qui souffrent d’une santé fragile, avec des conditions telles que le diabète et l’hypertension, et qui doivent jeûner pendant cette période. Amina, âgée de 63 ans et souffrant de diabète et d’hypertension, relate que sa routine pendant le mois du Ramadan est la suivante : «Lorsque je me réveille vers 4 heures du matin pour le Sehri, je vérifie d’abord mon taux de sucre dans le sang. Je ne prends pas non plus mon médicament contre la glycémie le matin pendant ce mois parce que, pendant la journée, il peut entraîner une faiblesse en l’absence de nourriture et d’eau. Je prends cependant des médicaments tels que le paracétamol ou le migril pour éviter les migraines, ainsi que mon médicament contre l’hypertension. En temps normal, je ne consomme pas de sucre ou très peu dans mon thé du matin, mais exceptionnellement pendant ce mois, j’ai une consommation normale de sucre pendant mon repas de Sehri pour éviter une chute de mon taux de sucre dans le sang au cours de la journée. Je m’abstiens de thé ou de café et je bois du lait chaud. La sexagénaire explique également qu’«à cet âge, la constipation peut être un effet secondaire majeur pour beaucoup en raison d’un manque de consommation d’eau. Il est donc important de veiller, après la rupture du jeûne et la prière, à consommer beaucoup d’eau et à garder un dîner léger, composé principalement de fruits et de légumes».

Santé mentale : une priorité égale

Il faut également porter attention au fait que s’abstenir de manger et de boire pendant de longues heures peut avoir d’autres effets tels qu’une capacité réduite à se concentrer, en particulier sur les écrans, pendant le travail. Entre autres, les personnes habituées à consommer, par exemple, plusieurs tasses de thé ou de café en raison de la tendance à gérer des horaires de travail chargés, ou à fumer des cigarettes, peuvent aussi éprouver des «withdrawal symptoms» tels que la migraine, l’irritabilité, la fatigue et la colère.

«Si, les jours de travail habituels, je consomme environ trois tasses de café et mange régulièrement, pendant le mois du Ramadan, je ne prends qu’une seule tasse de café avec le repas, avant le jeûne. Pour éviter les withdrawal symptoms, trois semaines avant le jeûne, je commence à limiter ma consommation de café. Malgré cela, parfois, à cause de la chaleur et du manque d’eau, les maux de tête et la fatigue sont inévitables, nécessitant la prise de médicaments le soir. Par ailleurs, si le jeûne m’aide à réguler mon débalancement hormonal et à me sentir mieux et plus consciente de mes pensées et de mes actes, travailler sur l’ordinateur pendant des heures conduit souvent à l’irritabilité. Afin de m’assurer que je me sens en bonne santé mentale et que je consomme suffisamment d’eau, je vais à la salle de sport le soir pendant seulement 30 minutes pour faire un exercice léger, comme de la marche sur le treadmill et j’évite de faire des exercices avec des poids lourds. Cela me permet de me libérer du stress sans pour autant me fatiguer. J’évite également d’utiliser les réseaux sociaux et me concentre plutôt sur la méditation et les prières, et je consacre plus de temps à des activités offline pour me procurer un sentiment de calme», confie R. N., jeune professionnelle travaillant dans le secteur privé.

Un autre conseil important est de ne pas abuser de fritures et d’aliments gras pendant la rupture du jeûne. Compte tenu des habitudes des Mauriciens de foi musulmane de servir des repas lourds pour l’Iftaar et le dîner pendant le mois du Ramadan, il est en revanche recommandé de «ne pas surcharger notre estomac avec des aliments sucrés, frits ou en conserve. Seule la quantité nécessaire de nourriture doit être servie à l’Iftaar, et la meilleure façon de rompre le jeûne est de manger des dattes et de boire l’eau, comme le préconisent les pratiques islamiques. L’excès de nourriture et la consommation d’aliments sucrés et gras, en particulier pendant le dîner, contribuent au risque de prise de poids. La consommation d’aliments épicés peut entraîner des brûlures d’estomac. Ces habitudes doivent être évitées», souligne la diététicienne Waqia Fokeena-Bheekhun.

Il est également recommandé de pratiquer des activités physiques légères. Les efforts physiques liés aux prières, comme s’incliner, s’agenouiller, se prosterner et se lever, font également partie des exercices quotidiens.