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Nouvelle tour de contrôle à l’aéroport
Après six ans, AML finalise le contrat avec Hyvec Group à un coût doublé
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Nouvelle tour de contrôle à l’aéroport
Après six ans, AML finalise le contrat avec Hyvec Group à un coût doublé
Une photo de la tour de contrôle inachevée, le mois dernier. Une nouvelle structure devra la remplacer. © Beekash Roopun
Airports of Mauritius Ltd (AML) s’apprête à conclure le projet de construction de la nouvelle tour de contrôle, initialement évalué à Rs 600 millions en 2018. Six ans plus tard, le coût a explosé pour atteindre plus d’un milliard de roupies, soit Rs 1,2 milliard. La décision finale d’attribuer le contrat de construction à la société Hyvec Group a été prise, et les démarches administratives sont en cours pour l’attribution officielle. Pour ceux proches du dossier, ce projet suscite de nombreuses interrogations quant à l’escalade des coûts et à la transparence du processus de sélection des soumissionnaires, d’autant plus qu’AML n’a aucune obligation de se plier aux exigences de la Public Procurement Act.
Lancé en mai 2018, ce projet de tour de contrôle devait être achevé en septembre 2019. D’une hauteur de près de 70 mètres, cette tour aurait dû être un atout majeur pour l’aéroport. Cependant, les travaux ont été interrompus en attente d’avis d’experts, et diverses complications ont retardé le projet. Ce contrat d’AML avait été initialement alloué à la Joint-Venture de PadcoEndem. Les sociétés se sont retrouvées au cœur d’une enquête criminelle. Ces entreprises étaient soupçonnées d’avoir présenté de faux documents bancaires et une garantie de performance falsifiée pour obtenir le contrat. Aucune suite n’avait été donnée à l’enquête entreprise. Les travaux ont stoppé.
Cependant, cette situation a nécessité un nouvel appel d’offres. AML, responsable du projet, a récemment lancé un appel d’offres sélectif auquel seules deux entreprises, Hyvec Group et une autre firme, ont participé. Il importe de souligner qu’AML est exempté de la Public Procurement Act, ce qui signifie qu’elle n’est pas tenue de passer par le Central Procurement Board (CPB), contrairement à d’autres entités publiques comme la State Trading Corporation. AML dispose de son propre département de procurement, établissant ses propres règles d’allocation de contrats.
En principe, la gestion de la tour de contrôle relève du Department of Civil Aviation, mais le projet a été transféré à AML par un arrangement administratif. Le Department of Civil Aviation est responsable, entre autres, du contrôle de la hauteur des bâtiments et structures à proximité de l’aéroport pour assurer la sécurité des opérations aériennes, ainsi que de la délivrance des autorisations pour tous types de construction. Ainsi, AML, en charge de ce contrat, n’a aucune obligation de se conformer aux exigences du CPB. La décision de procéder à un appel d’offres sélectif avec seulement deux entités est vivement criti- quée. On ne comprend pas comment AML a pu restreindre son choix à ces deux compagnies uniquement.
Coûts revus à la hausse
Le coût initial du projet, évalué à environ Rs 600 millions par le quantity surveyor interne, selon nos informations, a été revu à la hausse après l’embauche d’un évaluateur privé par AML. Ce quantity surveyor privé local a, lui, estimé le coût à Rs 1,2 milliard. La société Aéroport de Paris Ingénierie avait, elle, précédemment évalué le coût à environ Rs 700 millions. Or, ceux proches du dossier disent ne pas comprendre pourquoi il a fallu chercher une nouvelle évaluation d’un quantity surveyor privé, alors que les coûts étaient déjà finalisés.
Ce projet s’inscrit dans le cadre du Master Plan de l’aéroport. Hyvec Group supervisera ainsi la construction, y compris l’installation des équipements et des facilités de communication, de navigation et de surveillance. Ceux proches du dossier se posent cependant des questions sur cette augmentation spectaculaire des coûts d’autant plus que le projet est resté le même et les travaux qui avaient débuté sont restés en suspens. Sollicité, le département de communication d’Hyvec Group a indiqué qu’il ne pourra rien dire tant que l’attribution officielle du contrat n’a pas été faite et qu’elle n’a rien obtenu encore.
La tour de contrôle actuelle présentait des limitations pour les aiguilleurs du ciel, qui ne peuvent pas surveiller correctement les mouvements des avions au sol lors des opérations de décollage et d’atterrissage. Pour remédier à ce problème, les consultants d’Aéroports de Paris avaient révisé le design de la tour de contrôle existante en 2017, en ajoutant des caméras et des écrans supplé- mentaires pour offrir une meilleure visibilité des mouvements des avions sur la partie du tarmac située devant le terminal. Cependant, cette solution était temporaire en attendant la construction de la nouvelle tour de contrôle en 2019. Mais ces installations temporaires sont restées en place depuis.
Selon les détails du projet, la nouvelle tour de contrôle devrait être une structure moderne en acier, mesurant 66 mètres de haut et 9 mètres de diamètre, couvrant une superficie totale de 1 000 mètres carrés. Elle pourra accueillir simultanément quatre aiguilleurs du ciel dans une salle de contrôle de 72 m² située au huitième étage, à 66 mètres du sol. Cette salle pourra être agrandie au besoin pour accueillir davantage de contrôleurs. Sous la salle de contrôle se trouveront des salles de réunion et des installations techniques. Les niveaux inférieurs comprendront quatre chambres à coucher, une salle à manger et des vestiaires au sixième étage. Le rez-de-chaussée abritera un bâtiment technique de 660 m² comprenant des bureaux administratifs, des salons et des salles de repos pour le personnel. Le constructeur devra également réaliser des travaux annexes, y compris la construction de routes d’accès pour les véhicules et les piétons, l’installation de drains et l’aménagement paysager.
Sollicité, Pawan Baichoo, le Chief Executive Officer d’AML, nous a informés qu’il était pris dans une réunion importante et qu’il reviendrait vers nous, nous demandant de le rappe- ler ultérieurement. À la suite de cette demande, nous l’avons rappelé à plusieurs reprises, sans succès.
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