Publicité
Journée internationale
Archana Luximon-Bhaw : «Je suis heureuse de voir des jeunes femmes qui se battent.»
Par
Partager cet article
Journée internationale
Archana Luximon-Bhaw : «Je suis heureuse de voir des jeunes femmes qui se battent.»

En ce 8 mars, parole aux femmes. Une dizaine d’entre elles nous ont conté leur vécu, leurs difficultés et leurs espoirs. Une façon d’encourager les petites filles à croire en l’égalité des genres et de remercier les grands-mères pour leurs luttes pour les droits des femmes, luttes qui ne sont pas terminées.
Dans un monde où les sciences et la recherche restent encore majoritairement dominées par les hommes, la professeure Archana Luximon-Bhaw, spécialiste en Biomaterials Engineering and Nanomedicine et responsable du Centre for Biomedical and Biomaterials Research (CBBR) de l’Université de Maurice, prouve que la persévérance et l’audace permettent de briser les barrières.
Petite, elle ne se destinait pas à l’ingénierie des biomatériaux et à la nanomédecine. «À cette époque, il n’y avait pas d’opportunités pour les élèves du primaire ou du secondaire de participer à des activités de sensibilisation aux STEM (NdlR : Science, Technology, Engineering, Mathematics)», confie-t-elle. Pourtant, grâce à des enseignants encourageant son esprit critique et en l’absence de pression parentale, elle a pu tracer son propre chemin vers la recherche.
Grâce à sa persévérance, elle a gravi les échelons pour diriger un centre de recherche qui regroupe non seulement des chercheurs mauriciens, mais aussi des experts étrangers. Parmi les moments clés de son parcours, elle cite sa collaboration, depuis 2022, avec les professeurs Robert Langer et Ram Sasisekharan du Massachusetts Institute of Technology (MIT). «Cela m’a permis de rester sur une courbe d’apprentissage permanente et de repousser mes limites», souligne-t-elle. Ses interactions avec le monde des affaires, notamment avec Kendall Tang, PDG et ingénieur, ont également renforcé sa vision pour l’équipe du CBBR.
À la tête du CBBR, son plus grand défi reste de «créer des opportunités pour les Mauriciens qui étudient à l’étranger et souhaitent acquérir de l’expérience en recherche biomédicale». Si elle n’a jamais rencontré d’obstacles liés au genre à l’international, elle admet que la réalité locale est différente : «Nous n’en sommes pas encore là, et il faut savoir transformer les défis en opportunités.» Avec du recul, elle aurait aimé prendre plus de risques en tant qu’entrepreneure scientifique. «Si j’avais bénéficié d’un tel soutien dès le début, j’aurais pu contribuer davantage au secteur. Mais tout arrive au moment où cela doit arriver», analyse-t-elle.
Ce qui la motive aujourd’hui, c’est la transmission du savoir. «J’ai pu, au fil des ans, partager mes connaissances, ma rigueur et ma passion avec de nombreux étudiants et chercheurs. C’est ainsi que nous contribuons au renforcement des capacités humaines du pays», ajoute-t-elle.
Pour celles qui hésitent encore à se lancer dans la recherche, elle a un message clair : «N’ayez pas peur d’être différentes et de faire la différence.» Trop de jeunes femmes, selon elle, abandonnent des carrières scientifiques alors qu’elles auraient pu inspirer et tirer d’autres vers le haut. «Je suis heureuse de voir des jeunes femmes qui se battent pour une cause et qui osent», dit-elle.
Et comment concilie-t-elle recherche, leadership et vie personnelle ? «Être chercheur est une passion qui finit par se propager à la famille. Mais diriger une initiative, c’est une autre histoire : il faut prendre en compte de nombreux paramètres humains.»
Publicité
Publicité
Les plus récents




