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« La bureaucratie tue nos enfants », estime Shirin Aumeeruddy, Ombudsperson for Children
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« La bureaucratie tue nos enfants », estime Shirin Aumeeruddy, Ombudsperson for Children
Le mandat de l’Ombudsperson for children arrive à terme le 7 décembre prochain. Shirin Aumeeruddy-Cziffra soutient qu’elle quitte son poste avec le sens du devoir accompli.
L’aventure arrive à sa fin le 7 décembre prochain. Que retenez-vous de ces huit années passées au sein du bureau l’Ombudsperson for Children ?
Cette institution est venue remplir un vide. L’Ombudsperson for Children s’est imposé comme un mécanisme s’assurant du bien-être de l’enfant. Avec les gens de mon équipe, nous avons, je pense, su présenter cet organisme comme un refuge sûr pour les enfants victimes d’abus. Nous sommes aujourd’hui les personnes vers lesquelles se tournent de nombreuses personnes afin de nous alerter sur certains cas. Même les enfants sont au courant de notre fonctionnement j’ai été moi-même surprise d’apprendre que certains enfants en difficulté prenaient eux-mêmes l’initiative de dénoncer leurs agresseurs. En huit ans d’existence, je suis contente de savoir que nous avons su tisser des relations de confiance avec des centaines de victimes.
Vous avez, année après année, rédigé des rapports afin d’améliorer la condition des enfants. Toute cette encre utilisée a-t-elle réellement servi à quelque chose ? Quand on sait que vous ne supportez pas la lenteur administrative…
Je suis entièrement convaincue que ces rapports n’ont pas été rédigés vainement. Il y a certes des recommandations que j’ai faites qui ont pris du temps à être mises à exécution. Il y a, par exemple, le mentoring system qui sera enfin implémenté dans le Child Protection Act. Il y a aussi eu d’autres recommandations qui, aujourd’hui, sont en voie d’être appliquées, notamment celle de l’Ecole des Parents qui semble être pris très au sérieux par l’actuel gouvernement. Maintenant il y a d’autres propositions qui n’ont jamais été réalisées par les autorités. Dans certains cas, je peux comprendre que le gouvernement ne peut pas toujours être sur la même longueur d’ondes que moi c’est aussi cela la démocratie et je respecte. Mais ce que je ne tolère pas, c’est la bureaucratie. Par exemple, qu’on tarde sur le dossier d’un enfant qui vient de passer par un traumatisme et que son dossier n’avance pas car il a besoin d’être examiné par un panel de dix personnes. Là, ça devient inconcevable. Je le redis : la bureaucratie tue nos enfants.
Vous quittez votre poste en décembre ? Quel profil devra avoir votre successeur ?
Mon successeur devra, je pense, répondre à trois critères. Dévouement, indépendance et franchise. Si je quitte ce poste avec le sentiment du devoir accompli, c’est d’abord parce que je suis animée d’une volonté de venir en aide aux innocents vivant dans la douleur et l’humiliation. Deuxièmement, pour pouvoir réussir à un poste pareil, tout dépendra de votre indépendance. Je suis fière de pouvoir dire que pendant mon mandat, ni le Premier ministre, ni le Président de la République, et encore moins le Leader de l’Opposition ne se sont ingérés dans mon travail. Finalement, il vous faut être franc. Il ne vous faut pas avoir peur de remettre quelqu’un à sa place, qu’il soit un simple fonctionnaire ou un ministre.
Dans votre dernier rapport, vous n’êtes pas tendre envers ceux travaillant dans les institutions visant à la protection des enfants. Comment s’annonce l’avenir au sein du bureau de l’Ombudsperson et des autres organismes, après votre départ ?
Je ne peux répondre pour les autres institutions, mais en ce qui concerne le bureau de l’Ombudsperson, je dois dire que je voue une totale confiance à mes proches collaborateurs. Nous avons, au fil des années, su réaliser un bon travail et je suis satisfaite. Maintenant, en ce qui concerne les autres institutions, je lance un appel auprès des employés. Si vous n’avez pas cette vocation, si vous venez travailler sans la moindre motivation, rendez -un service à nos enfants allez chercher ailleurs. Il ne suffit pas d’être détenteur d’un diplôme pour travailler au sein de tels organismes.
Vous avez un nom en particulier pour vous relayer comme Ombudsperson ?
Disons que j’en ai plusieurs, mais je ne vous déclinerai pas leur identité. Je suis très optimiste quant à mon successeur. Mais c’est le Président en consultation avec le Premier ministre qui aura le dernier mot.
Comment s’annonce pour vous l’ère post-ombudsperson ?
Je continuerai à être active sur le plan du combat pour les droits humains. Ce qui est sûr, c’est que je ne resterai pas les bras croisés à la maison à attendre que mon époux, Claude, rentre du travail. Je continuerai aussi à me faire entendre sans retenue et attirer l’attention des autorités sur les sujets qui m’interpellent.
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