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Énergie thermique des mers : La Martinique grille La Réunion

10 août 2011, 20:00

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La première centrale pilote pour l’énergie thermique des mers made in France ne se fera pas à La Réunion. Celle-ci, pourtant en avance, vient de se faire souffler la pôle position par la Martinique.

Les scientifiques comparent cette source d’énergie au nucléaire. Un “nucléaire” propre, inépuisable et continu générant de l’électricité à partir du différentiel (de 5 à 25 degrés) entre la température des eaux océaniques profondes (environ 1 000 m) et celle de la surface dans la ceinture intertropicale. L’énergie thermique des mers (ETM) pourrait supplanter les produits fossiles qui alimentent en électricité les pays tropicaux, dont La Réunion.

Encore faut-il que la technologie soit mature et sûre pour aller puiser dans les abysses cette eau froide. À la différence de l’éolien ou du solaire, la France n’a pas loupé le démarrage de cette bataille technologique mondiale. Le groupe DCNS, premier constructeur naval européen militaire dont l’État est actionnaire à 75 %, est entré dans la danse depuis 2009. Il se bat au coude à coude notamment avec Lockeed Martin épaulé par les États-Unis.

La Réunion, qui se rêvait en pionnière d’un monde vert sans pétrole, avait réussi à se positionner dans cette course. La Région, pilotée par Paul Vergès à l’époque, signe un premier contrat avec DCNS, puis une deuxième incluant l’État en 2009. À la clé, l’industriel récupère un financement étatique de 5 millions d’euros et de plus de 650 000 euros de la Région pour développer la technologie. Il est question d’installer un démonstrateur offshore au large du Port à l’horizon 2015. Le coût est chiffré à 400 millions d’euros pour une puissance de 10 MW.

La Réunion pas assez rapide

Le tissu économique local serait associé à la phase pilote et peut-être industrielle, fait miroiter DCNS. Jean-François Le Bert, chef du projet du constructeur naval à l’époque, explique en juin 2010 : “La Réunion cumule les avantages. Le projet y est bien accepté. Le tissu industriel est adapté pour l’armement final et le développement futur”.

Depuis la donne a bien changé. DCNS, qui n’a jamais fait mystère de s’intéresser aux autres régions tropicales françaises, conclut des accords avec la Martinique dès novembre 2010. Les Antillais, dont la situation géographique assure un potentiel thermique supérieur à celui de la Réunion,  ont finalement su convaincre DCNS de faire la centrale pilote de 10 MW chez eux à Bellefontaine plutôt qu’au large du Port. Le 20 juillet une convention entre la collectivité martiniquaise et les industriels entérine cette orientation.

 L’État soutient par ailleurs la candidature du projet antillais aux fonds démonstrateurs européen (NER 300) dotés de plusieurs milliards d’euros… Si la Réunion conserve tout de même l’implantation d’un banc d’essai à terre à Saint-Pierre, elle voit la majeure partie du projet test lui échapper. « Tant pis pour l’antériorité et les sous investis… C’est un camouflet pour l’actuelle majorité régionale portant la même étiquette que le gouvernement », écrit le Journal de l’île de la Réunion ce jeudi matin.

Alin Guezello, élu en charge des énergies renouvelables, admet : “La Martinique a eu un temps de réaction plus court que nous et a su saisir l’opportunité”. Il enchaîne : “Nous ne sommes pas en compétition. Nous travaillons avec cette île sur des problématiques communes dont les énergies marines. L’ETM porte beaucoup d’espoirs. Notre partenariat avec DCNS tient toujours et la porte n’est pas fermée”. Peut-être, mais c’est la Martinique qui tient la corde aujourd’hui pour le test grandeur nature de l’ETM avant l’entrée en phase industrielle si technique et rentabilité s’accordent, conclut le JIR.

 

Photo : Une projection de ce à quoi aurait pu ressembler la centrale pilote du Port

Source : Bruno Graigni, Journal de l’île de la Réunion, 11 août 2011.

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