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2011: la zone euro de sommets en crises (2/3)

26 décembre 2011, 00:00

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Le pays qui concentre l''''essentiel des inquiétudes reste la Grèce. Il apparaît évident qu''Athènes ne pourra pas respecter ses objectifs d''assainissement des comptes publics et le 17 mai, lors d''une réunion des pays de la zone euro, Jean-Claude Juncker, président de l''Eurogroupe, admet pour la première fois, que la dette grecque pourrait être "reprofilée".

Or, les agences de notation menacent de déclarer la Grèce en situation de faillite si sa dette est restructurée, un scénario que veulent à tout prix éviter les dirigeants européens par crainte des réactions en chaîne sur tout le système financier du continent.

Le 13 juin, l''agence Standard & Poor''s (S&P) renforce les inquiétudes des investisseurs en abaissant la note grecque au plus faible niveau possible avant le constat de faillite. Malgré la grogne populaire, George Papandréou obtient deux semaines plus tard du Parlement grec l''adoption d''un plan d''austérité sur cinq ans, nécessaire à la poursuite des versements de l''aide internationale.

Conforté par cet engagement, les dirigeants de la zone euro se mettent d''accord le 21 juillet sur un deuxième plan d''aide à la Grèce, avec notamment 109 milliards d''euros supplémentaires de fonds publics. En outre, Nicolas Sarkozy évoque la création d''un "fonds monétaire européen" avec l''autorisation donnée au Fonds européen de stabilité financière (FESF) d''intervenir sur les marchés secondaires, ceux sur lesquels s''échangent les titres après leur émission, mais aussi de manière préventive pour aider des pays en difficulté.

La portée historique de l''accord ne dépasse cependant pas quelques jours. Rapidement, les investisseurs doutent qu''il soit suffisant. Surtout, la participation du secteur privé, prié d''accepter une décote de 21% de la valeur de ses créances grecques, et l''apparition simultanée de craintes quant à la nécessité d''une recapitalisation de certaines banques font dévisser les Bourses européennes.

Pour continuer à percevoir les fonds de l''UE et du FMI, le gouvernement grec impose sans cesse de nouvelles mesures d''austérité à une population exténuée par cette cure drastique de rigueur. Depuis début 2010, les Grecs ont en effet subi des baisses de salaires et des pensions de retraites, un report de l''âge du départ à la retraite, des hausses d''impôts et de taxes, des réductions d''effectifs dans la fonction publique ou encore des privatisations. Les 19 et 20 octobre, une grève générale paralyse le pays pendant 48 heures et des dizaines de milliers de personnes manifestent leur colère à Athènes.

Même au sein du Parti socialiste au pouvoir, la répétition des mesures d''austérité infligées au pays est de plus en plus insupportable. George Papandréou est plus que jamais fragilisé.

Le 27  octobre, les dirigeants européens parviennent  au bout de longues tractations à un accord sur un renforcement des moyens d''actions du FESF, dont les modalités précises restent à définir, et sur une recapitalisation des banques, auxquelles ils arrachent un abandon de 50%, et non plus de 21%, de la valeur de leurs créances grecques. L''objectif est à la fois d''aider la Grèce et d''éviter une propagation de la crise à l''ensemble de la zone euro. Car l''Italie, troisième économie du bloc, est désormais menacée.

C’est dans ce contexte particulier que le Premier ministre grec lance, le 31 octobre, soit 4 jours après le dernier sommet, un gros pavé dans la mare déjà fortement agitée. Sans consulter ses partenaires européens ni même son gouvernement, George Papandréou annonce le 31 octobre la tenue d''un référendum sur l''accord conclu à Bruxelles, qui prévoit de nouvelles mesures d''austérité de la part de la Grèce. La colère se mêle à la consternation chez les dirigeants européens comme au sein de la classe politique grecque, tant paraît probable un rejet de l''accord lors d''un référendum.

A Cannes, où le G20 est réuni, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel convoquent George Papandréou en urgence et le préviennent que la Grèce ne recevra pas un centime de plus si elle ne met pas en oeuvre les mesures d''austérité prévues par le plan. L''hypothèse d''une sortie de la Grèce de la zone euro n''est plus taboue.

A Athènes, George Papandréou est poussé vers la sortie. Son sort est même scellé et on ne lui laisse pas le soin d''annoncer l''abandon de son projet de référendum. Des discussions s''engagent sur la formation d''un gouvernement d''union nationale dans l''attente d''élections législatives anticipées et, après de nombreux atermoiements, Lucas Papadémos est nommé le 10 novembre à la tête d''un cabinet de techniciens. Les deux grands partis du pays - socialiste et conservateur - propulsent cet ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) sur le devant de la scène pour le laisser prendre les mesures impopulaires exigées par l''UE.

Photo : Une manifestation à Athènes contre les mesures d’austérité.