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Football-L'Atlético, puissance émergente aux finances fragiles

10 avril 2014, 14:50

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Football-L'Atlético, puissance émergente aux finances fragiles
Le succès actuel du club tient pour une large part à la personne de son entraîneur, Diego Simeone, qui a transformé, depuis son arrivée en 2011, une équipe peu flamboyante en une armada capable de tenir tête à ses rivales les plus fortunées.
 
Avec des revenus estimés à 120 millions d'euros pour l'exercice 2012-2013, l'Atlético ne figure qu'en vingtième position du classement des clubs les plus riches du monde, établi tous les ans par le cabinet Deloitte.
 
Le Real Madrid et le FC Barcelone trônent au sommet de cette hiérarchie avec des revenus qui tournent autour de 500 millions d'euros chacun.
 
Malgré ces fortes disparités, les "Colchoneros" font jeu égal sur le plan sportif et figurent en tête du championnat d'Espagne, devant le Barça et le Real, à six journées de la fin.
 
Le club réussit par ailleurs en Ligue des champions un parcours aussi inespéré que lucratif, chaque tour franchi lui assurant une manne de plusieurs millions d'euros.
 
Toutefois, il y a sous le vernis des résultats sportifs une réalité économique moins reluisante.
 
Selon les données pour la saison 2011-2012 recueillies par Jose Maria Gay, professeur à Barcelone et spécialiste de l'économie du football, le club a plus de 500 millions d'euros de dettes et sa masse salariale représente plus de 90 % de ses revenus annuels.
 
Si l'Atlético n'a pas sombré, il le doit à ses succès sur le terrain et au délai accordé par le gouvernement pour le paiement de plus de 100 millions d'euros d'arriérés d'impôts, d'après Jaume Llopis, professeur à l'IESE business school, lui aussi spécialiste de ces questions.
 

"SITUATION DRAMATIQUE"

 
La vente de joueurs importants, comme Fernando Torres, David De Gea et Sergio Agüero à des clubs anglais ou de Radamel Falcao à l'AS Monaco, ainsi que la signature d'un partenariat avec l'office du tourisme d'Azerbaïdjan ont également offert du répit aux dirigeants, selon Jaume Llopis.
 
Mais, explique-t-il à Reuters, "la situation financière de l'Atlético est dramatique".
 
"Cette année, en raison des excellents résultats de l'équipe, les problèmes économiques sont occultés", ajoute-t-il.
 
D'après lui, le club est donc engagé dans une fuite en avant: "Ou ils continuent en Ligue des champions et remportent un titre inattendu, ce qui satisfera les sponsors, ou ils ne parviendront pas à redresser leur situation précaire."
 
Angel Barajas, professeur d'économie et de comptabilité à l'université de Vigo, se veut moins alarmiste mais il ne voit pas d'autre choix pour l'Atlético que de revoir ses ambitions à la baisse, une fois terminée cette saison tonitruante.
 
"La situation de l'Atlético est problématique à cause du niveau de sa dette mais, s'ils réussissent à maîtriser les salaires et à vendre des joueurs pour obtenir des liquidités, tout en préservant leur modèle sportif, ils pourront conserver un bon niveau", dit-il.
 
"Ce qui n'est pas viable sur le long terme, c'est de rester en course pour des sacres en Liga et en Europe, aux côtés de clubs qui gagnent deux fois plus d'argent qu'eux."
 
L'avenir n'est pas forcément noir pour l'Atlético qui envisage d'abandonner son stade Vicente-Calderon, désormais vétuste, pour emménager dans une future enceinte de 70.000 places, ce qui pourrait donner un coup de pouce à ses finances.
 
Si l'on regarde en arrière, le club rouge et blanc n'est pas le premier en Espagne à connaître, brusquement, une saison plus faste que les autres. Avant les Madrilènes, il y a eu Valence, Villarreal, le Deportivo la Corogne ou le FC Séville.