Publicité

Nick Leake : «C’est très rare pour un Mauricien d’obtenir le statut de réfugié»

11 avril 2014, 00:05

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Nick Leake : «C’est très rare pour un Mauricien d’obtenir le statut de réfugié»

Maurice étant respectueuse des droits de l’homme, ses citoyens ne peuvent prétendre à l’asile, explique le haut-commissaire de la Grande-Bretagne. Ainsi,une fois les Mauriciens en situation illégale expulsés, le gouvernement britannique ne s’en «préoccupe» nullement.

 

 

L’affaire Yashika Bageerathi a été largement médiatisée ici comme en Grande-Bretagne. Vous a-t-elle empêché de dormir ?

Je ne peux malheureusement pas faire de commentaires sur un cas spécifique. C’est la politique du gouvernement britannique. Dans un ordre plus général, nous considérons toutefois le retour de certaines personnes vers leur pays d’origine comme une sorte de, comment dire, désagrément. Surtout pour un pays comme le vôtre.

 

À nos yeux, Maurice répond parfaitement aux critères de bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme. Les institutions telles que la police fonctionnent parfaitement, il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. C’est ce qui fait que nous ne sommes nullement préoccupés quant à ce qu’adviendra des Mauriciens en situation illégale expulsés de Grande-Bretagne.

 

 

Même notre ministre des Affaires étrangères s’accorde à dire que vous auriez pu laisser Yashika terminer ses examens…

La Grande-Bretagne peut se féliciter d’avoir traditionnellement accordé le droit d’asile aux personnes persécutées, d’une façon ou d’une autre, dans leurs pays d’origine. Nous en sommes d’ailleurs très fiers. Chaque cas est traité selon son mérite. Dans le cas de cette jeune fille, elle était en situation illégale. La loi est la loi, elle doit être appliquée dans toute sa rigueur.

 

Pour revenir à votre question, elle aurait très bien pu passer ses examens au BritishCouncil, à Rose-Hill. Celui-ci offre ces facilités depuis de nombreuses années. Que ce soit à Maurice ou ailleurs. Il aurait juste suffi de l’avertir en avance afin qu’il puisse prendre les mesures nécessaires. Un candidat peut ainsi s’y rendre à la même heure où les examens se déroulent en Grande-Bretagne.

 

Je suis d’ailleurs en contact avec le British Council sur…

 

 

Sur ce cas précis ?

Le British Council traite déjà avec l’organisateur de ces examens en Grande- Bretagne. Tout ce que je sais, c’est que cette jeune fille a parfaitement la possibilité de prendre part à ses examens à Maurice… La balle est dans son camp. C’est à elle de jouer. À l’instar du ministre Arvin Boolell, nous ne pouvons que lui dire que notre porte lui est grande ouverte. On est là pour lui apporter notre aide.

 

 

Le Premier ministre ne sait pas où Yashika Bageerathi se trouve. Vous devez sans doute être mieux renseignés ?

Pas du tout. Comme l’a clairement fait comprendre votre Premier ministre à l’Assemblée nationale mardi, elle a droit à sa vie privée. Nous n’avons eu aucun contact avec elle depuis son retour et ce n’est nullement dans nos projets de chercher à savoir où elle se trouve.

 

Votre Premier ministre a déjà expliqué que les autorités mauriciennes l’ont approchée en Grande-Bretagne pour savoir si elle avait besoin d’aide. Quand elle a débarqué à Plaisance, elle a aussi été entendue par les services mauriciens de l’immigration…

 

 

Combien d’autres Mauriciens se trouvent dans la même situation que Yashika ?

Votre Premier ministre a déjà donné la réponse. Ils sont plusieurs à être expulsés par le Home Office chaque mois. Une délégation était dans l’île en septembre dernier pour discuter avec le gouvernement mauricien sur ce sujet précis.

 

Le haut-commissariat britannique ainsi que le bureau du Premier ministre avaient alors émis des communiqués pour avertir le public des risques qu’il encourt s’il n’est pas en règle avec le service de l’immigration britannique. Mon message aux Mauriciens vivant dans la clandestinité en Grande-Bretagne est la suivante : ce serait mieux de rentrer chez vous. Plutôt que de se faire arrêter, la meilleure décision à prendre c’est de se mettre en règle avec les autorités britanniques.

 

 

Si Yashika Bageerathi obtient de bons résultats, peut-elle prétendre à une place dans une université britannique ?

Je ne connais pas tous les détails de son dossier. Comme je vous l’ai dit, je ne peux pas commenter sur le cas d’un individu précis. Comme vous devez sans doute le savoir, elle ne pourra pas se rendre en Grande- Bretagne durant ces dix prochaines années. Cela s’applique aussi bien pour des études supérieures.

 

Ce que je peux vous dire, par contre, c’est que nous sommes fiers de l’intérêt porté par les Mauriciens aux institutions éducatives de notre pays. Nous travaillons d’ailleurs très dur vers l’installation des campus britanniques à Maurice. Il y en a une bonne trentaine actuellement. Cette jeune fille peut donc très bien choisir l’une de ces institutions pour poursuivre ses études ou se tourner vers des établissements britanniques basés ailleurs.

 

 

Jusqu’à récemment, les Mauriciens pouvaient réclamer l’asile auprès de Sa Majesté. Est-ce encore le cas ?

Pas vraiment. C’est désormais très rare pour un Mauricien d’obtenir un statut de réfugié. Je vais me répéter : Maurice n’est pas un pays où la persécution a droit de cité. C’est désormais connu : la demande d’asile d’un Mauricien a de très très fortes chances d’être rejetée.

 

 

Même pour une tentative de viol ? Ou pour un journaliste que le Premier ministre menace ?

Maurice est l’un des pays les plus sûrs où j’ai eu l’occasion de vivre. J’ai été en poste pendant au moins quatre ans et je peux vous dire que je m’y sens en parfaite sécurité. Les autorités font du bon travail et assurent la protection de tout un chacun.

 

 

Passons aux Chagos… Quelles sont vos relations avec Port-Louis depuis les fuites de WikiLeaks ?

Maurice et la Grande-Bretagne entretiennent de très bonnes relations. Sur le dossier concernant la souveraineté de l’archipel des Chagos, le cas est actuellement devant le Tribunal international du droit de la mer. L’affaire doit être prise sur le fond prochainement.

 

Sinon, beaucoup d’entreprises britanniques sont présentes dans le secteur financier à Maurice. À l’instar des banques telles que la Barclays, la HSCB et la StandardChartered, pour ne citer que les grands établissements. Il y a aussi énormément d’opportunités pour les entreprises britanniques dans les secteurs tels que l’assurance, par exemple.

 

Il ne faut pas oublier que la Grande-Bretagne est un des premiers marchés d’exportation de Maurice. Le groupe Omnicane est d’ailleurs très actif sur le marché britannique à travers la société Real Good Food.

 

 

Un journal américain prétend, cette semaine, que Port-Louis traite directement avec Washington quant à ce qui est de l’avenir de l’archipel des Chagos…

Aucun commentaire… Je suis certain que Maurice parle de beaucoup d’autres choses avec les Américains.

 

 

Y a-t-il une possibilité que vous militiez pour les Chagossiens comme un de vos prédécesseurs, David Snoxell ?

Je ne crois pas. Je suis bien loin de prendre ma retraite. Je quitte Maurice en juin pour ma prochaine affectation. À Berlin.

 

 

Un conseil à votre remplaçant ?

C’est de profiter de ce beau pays. Et de faire fructifier les échanges commerciaux ainsi que la présence des établissements éducatifs britanniques à Maurice. Enjoy and relax…