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René Sanson, CEO de la Mediterranean Shipping Company (MSC) : « Ce n’est pas demain la veille qu’on va quitter Port-Louis »

13 avril 2014, 15:09

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René Sanson, CEO de la Mediterranean Shipping Company (MSC) : « Ce n’est pas demain la veille qu’on va quitter Port-Louis »
La menace a fait trembler Maurice. Le capitaine Sanson la nuance aujourd’hui. Non, la MSC n’abandonnera pas Port-Louis, mais oui, la productivité du port inquiète le géant du transport maritime.
 
La MSC va-t-elle réellement déserter Maurice ?
Cela fait plus de trois décennies qu’on est présent à Port-Louis. Malgré les moments difficiles, on est resté. On jouit de l’estime de tous. Ce n’est donc pas demain la veille qu’on va lever l’ancre. La MSC, c’est 447 navires porte-conteneurs et 12 paquebots qui parcourent le globe.
 
Pourtant, il y a eu des menaces à peine voilées de votre part le mois dernier...
Je n’ai fait que partager une possibilité qui pourrait être envisagée par notre maison mère à Genève. Surtout face à la baisse de productivité et au récent pillage de nos conteneurs réfrigérés dans la zone de transbordement. Début janvier, à titre d’exemple, avec le mauvais temps et les congés, des navires ont été forcés de patienter sept jours avant de pouvoir débarquer leurs marchandises. Pour une assemblée générale syndicale, le port ne fonctionne pas pendant sept heures ! C’est impensable. Savez-vous qu’un navire en attente coûte à peu près 25 000 dollars par jour à son armateur ? Pourquoi le port ne peut-il pas fonctionner comme l’aéroport de Plaisance ? Avezvous déjà vu un avion en attente ? Le propriétaire de la MSC, le capitaine Gianluigi Aponte, a personnellement écrit à Gassen Dorsamy, le directeur de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL), le mois dernier, pour lui faire part de ses appréhensions. Surtout par rapport à une productivité en dents de scie.
 
Quel serait le mouvement idéal de conteneurs pour vous ?
Actuellement, la CHCL fait 17 à 18 mouvements par heure. Ce n’est pas constant. L’objectif fixé par l’organisme est de 22 par heure et par portique. Il tarde à être réalisé. Ne me demandez pas pourquoi on est loin du compte.
 
Est-ce donc vrai que la MSC a des vues sur les deux portiques géants qui doivent être installés à l’horizon 2016 ?
Je ne sais pas d’où vous tenez cette information. Jeudi, lors d’une réunion avec la CHCL, j’ai fait part de mon amertume quant à ces allégations. Nous ne sommes nullement intéressés pour prendre la gérance du port. Nous avons seulement proposé aux autorités portuaires de trouver des grues mobiles de seconde main le temps que dureront les travaux d’extension des quais. Celles-ci seraient destinées au Multi Purpose Terminal et non au Container Terminal. Notre idée est de fournir l’équipement nécessaire afin que la productivité ne chute pas. Nos intentions semblent avoir été déformées... Bien évidemment, s’il arrive que les autorités se décident un beau jour à accorder la gestion de ces portiques à nos concurrents, soyez assurés que nous allons réagir. Il ne faut pas oublier que nous sommes le plus gros client de Port-Louis. Nous représentons 85% des activités de transbordement à Port-Louis. Nous n’allons légitimement pas laisser à nos compétiteurs ce pourquoi nous avons travaillé.
 
Quel est le montant des dommages subis suite aux vols dans vos conteneurs réfrigérés ?
Nous n’avons pas encore de chiffres précis. Un conteneur de homards et de langoustines d’un côté, de viande de boeuf de l’autre, ça fait beaucoup d’argent. Quand on a averti les autorités portuaires de ces pillages, MSC Genève venait d’être contactée par sept de nos clients. Ils la tiennent responsable de la disparition de leurs marchandises. On a alors découvert que les vols ont été perpétrés à Maurice. Trois autres cas doivent bientôt s’ajouter à cette liste d’après mes renseignements, mais cela reste à confirmer. Là on parle de vols uniquement. Il y a des clients qui se sont retrouvés avec une marchandise bonne pour la poubelle. Les pertes peuvent être bien plus conséquentes.
 
Qui doit passer à la caisse ?
Nos clients vont d’abord se tourner vers leurs assureurs pour obtenir réparation. Ceux-ci vont alors nous faire des réclamations. Nous, nous allons demander réparation à la CHCL car elle avait, après tout, la garde de ces conteneurs en sa qualité d’opérateur du terminal. Il est bien malheureux que cette affaire entache l’image de Maurice.
 

Un navire en attente coûte 25 000 dollars par jour à son armateur. Pourquoi le port ne peut-il pas fonctionner comme l’aéroport ? A-t-on déjà vu un avion en attente ?