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Un plan d'action contre les violences sexuelles dans l'armée

16 avril 2014, 11:59

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Un plan d'action contre les violences sexuelles dans l'armée

Le ministre français de la Défense a présenté mardi un plan d'action pour prévenir les risques de harcèlement et lutter contre les violences sexuelles au sein de l'armée après la publication d'un livre qui a levé le voile sur ce phénomène.

 

La parution, en février, de "La Guerre invisible", qui brosse le portrait d'une armée française où les cas de harcèlements physiques et verbaux sont légion, avait conduit les autorités à annoncer l'ouverture d'une enquête dont les conclusions ont été remises mardi à Jean-Yves Le Drian.

 

"Les agissements dont nous parlons ici, quel que soit leur nombre, sont absolument intolérables", a déclaré le ministre devant quelque 200 hauts responsables civils et militaires réunis à l'Ecole militaire, à Paris. "Ici encore plus qu'ailleurs, tant les armées ont vocation à être exemplaires, tant l'honneur est la vertu cardinale des militaires."

 

"Nous savons que des cas existent (...), ces cas sont rares mais un seul cas est déjà un cas de trop", a-t-il ajouté. "Il n'y a qu'une politique qui vaille, celle de la tolérance zéro".

 

Face au défi que constituent ces violences au sein de l'armée la plus féminisée d'Europe avec 15% de femmes, loin devant l'Allemagne et la Grande-Bretagne, une cellule va être créée pour tenter de faciliter la remontée d'informations.

 

Baptisée "Thémis", cette instance, placée au sein du contrôle général des armées, sera chargée de recueillir les signalements directs par courriel ou par appel de la victime au réseau "Ecoute Défense", et de traiter ces signalements en enquêtant "indépendamment de la hiérarchie".

 

Elle aura également pour mission de s'assurer que la victime bénéficie bien de mesures de protection et de proposer "des mesures conservatoires, et le cas échéant, des sanctions".

 

Dans "La Guerre invisible", les journalistes Leila Minano et Julia Pascual exposent la situation des militaires françaises dont certaines ont accepté de briser "l'omerta" qui régnerait au sein des armées sur les cas de violences sexuelles, de harcèlements et de discriminations.

 

"OMERTA"

 

Les témoignages décrivent une armée où les responsables des violences bénéficient de l'impunité et où les courriers des "lanceurs d'alerte" restent la plupart du temps lettre morte.

 

"J'ai entendu parlé d'une supposée omerta, pour ma part, et c'est ce que confirme le rapport, je n'en vois pas la trace", a dit mardi Jean-Yves Le Drian.

 

Le ministre reconnaît toutefois un manque de visibilité des cas signalés et un manque d'information sur les droits des victimes, dont une grande majorité n'osent pas témoigner par crainte de représailles ou pour leur carrière.

 

L'accompagnement des victimes va donc être amélioré tout comme l'accompagnement du commandement qui sera mieux épaulé pour savoir comment réagir face à ces situations.

 

La formation des personnels va être renforcée en matière de prévention et la notion de harcèlement, moral et sexuel, va être inscrite dans le code de la Défense et le Code du soldat. Un droit à la protection juridique des victimes de harcèlement sera également ouvert.

 

Le plan d'égalité homme-femmes au sein de l'armée va par ailleurs se poursuivre afin de lever "les freins" qui pèsent sur le développement des carrières féminines, souligne le ministère.

 

En 2017, trois femmes officiers embarqueront ainsi pour la première fois à bord d'un sous-marin nucléaire lanceur d'engins.

 

La France n'est pas la seule concernée par ce phénomène.

 

Aux Etats-Unis, 5.400 cas d'agressions sexuelles ont été recensés au sein de l'armée en 2013 contre 3.374 en 2012, selon les statistiques provisoires publiées par le Pentagone en février.

 

En 2012, le documentaire américain "The Invisible War", qui révélait l'ampleur des viols perpétrés au sein de l'armée américaine, avait provoqué une onde de choc et conduit l'administration américaine à s'exprimer sur le sujet.

 

Selon des responsables américains, la parole des victimes se serait depuis libérée, d'où l'augmentation de 60% de cas rapportés par des femmes de l'armée américaine l'an dernier.